Le renforcement de la protection des océans pourrait engendrer 920 milliards d'US$ de bénéfices d'ici 2030

Pêcheurs à Tikina Wai, Fidji<br />© Brent Stirton / Getty imagesÉtendre la protection des océans pourrait faire progresser l’emploi, les ressources et les services dans des proportions bien supérieures aux coûts engagés : telle est la conclusion d’une nouvelle étude commandée par le WWF sur les Aires Marines Protégées (AMP), quelques mois à peine avant que les gouvernements ne fassent des choix cruciaux décidant du sort des océans pour les générations futures.

Des bénéfices bien supérieurs aux coûts

Le rapport Aires Marines Protégées : un bon investissement pour la santé des Océans démontre que chaque dollar investi dans la création d’AMP permet des bénéfices 3 fois supérieur aux coûts, grâce à la création d’emplois directs, la protection côtière ou la pêche, à titre d’exemple.

« L’océan occupe une place centrale dans la vie de chacun de nous, et c’est pourquoi nous devons en être à la fois les gardiens et les gestionnaires. Un océan en bonne santé, c’est un océan qui sauvegarde nos côtes, stocke le carbone, crée des emplois et nourrit des familles », déclare Marco Lambertini, Directeur général du WWF International. « Les Aires Marines Protégées peuvent avoir un double impact en contribuant à la santé de l’océan et en créant d’importants débouchés économiques ».

Moins de 4 % de la surface des océans protégés

Les objectifs actuellement fixés à l’échelle internationale prévoient de protéger entre 10 % de la superficie des océans d’ici 2020 et 30 % d’ici 2030. Or, à ce jour, seul 4 % des océans bénéficient officiellement d’une protection. A ceci s’ajoute une mauvaise mise en œuvre ou gestion dans de nombreuses AMP.

Si les principales menaces pesant sur les océans sont la surpêche, la pollution, la sédimentation et la destruction des habitats, les deux conséquences du changement climatique que sont le réchauffement et l’acidification océanique devraient pour leur part avoir des impacts dévastateurs sur les récifs coralliens et sur d’autres systèmes océaniques importants.

« 90 % des stocks halieutiques sont aujourd’hui exploités ou surexploités, 50% des coraux ont disparus dans les mers du monde, la biodiversité marine a décliné de 39 % en 30 ans… Nous ne pouvons pas continuer à exercer autant de pression et à investir si peu dans l’océan » prévient Philippe Germa, Directeur général du WWF France.

« Même si les océans s’effondrent sous nos yeux, la bonne nouvelle, c’est que nous disposons des outils pour le réparer. Et en plus, il est parfaitement possible que l’océan apporte une forte contribution à notre vie et à nos moyens d’existence du moment que nous sauvegardons ses habitats et sa biodiversité pour les générations futures », ajoute Marco Lambertini.

Une année importante pour les océans

Cette année est tout particulièrement importante pour les océans. En septembre prochain, les gouvernements se réuniront pour fixer une série d’objectifs dans le cadre de l’Agenda de développement durable post-2015 des Nations unies.

Le WWF recommande d’insérer dans cet accord des objectifs et indicateurs ambitieux, ainsi que des engagements en faveur de cadres politiques, financiers, commerciaux et technologiques cohérents pour restaurer et protéger les écosystèmes océaniques.

La conférence mondiale sur le climat convoquée en fin d’année en vue de forger un nouvel accord mondial sur le changement climatique constituera un autre moment critique pour engager l’action, les ressources et le leadership qu’impose le sauvetage des océans.

« Baptisée Sustain Our Seas (Préservons nos océans), la campagne mondiale lancée par le WWF pour les océans s’appuie sur plusieurs décennies de travaux menés par l’organisation et ses partenaires sur le thème de la conservation marine. Le WWF collabore avec les gouvernements, les entreprises et les communautés pour encourager les dirigeants à prendre des mesures urgentes permettant de redresser l’économie des océans et de protéger la vie et les moyens d’existence de milliards d’êtres humains sur la planète. », conclut Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.
 

73 milliards de dollars d'argent public pour financer l'industrie du charbon

Les milliards de dollars cachés des gouvernements et des institutions internationales de soutien à l'industrie du charbon<br />© WWFA la veille de la réunion ministérielle annuelle des pays de l’OCDE (3-4 juin) et du G7 (7-8 juin), le WWF, le Natural Resources Defense Council et Oil Change International présentent une étude annonçant que plus de 73 milliards de dollars d’argent public ont été utilisés pour soutenir le charbon dans le monde entre 2007 et 2014.

Cette étude intitulée « Under the Rug: How Governments and International Institutions Are Hiding Billions in Support to the Coal Industry » – en français « Les milliards de dollars cachés des gouvernements et des institutions internationales de soutien à l’industrie du charbon » – indique que les émissions de gaz à effet de serre générées par ces projets charbon s’élèvent à près d’un demi-milliard de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions de l’Italie.

Avec plus de 20 milliards de dollars, le Japon est le pays qui a le plus contribué au financement du charbon dans le monde ; arrivent ensuite l’Allemagne et la Corée du Sud.

Parmi les pays de l’OCDE, les agences de crédit à l’export représentent la moitié des financements internationaux au charbon. S’agissant des pays non-membres de l’OCDE, la Chine et la Russie couvrent 23% de ces financements et les banques multilatérales de développement 22%.

Sur l’année 2014, un ralentissement de ces financements publics est observé. Il peut s’expliquer par les récentes annonces d’arrêt du soutien aux centrales à charbon de la part des Etats-Unis et de la France ainsi que des institutions financières de développement comme la Banque mondiale.

Alors que les négociateurs sont réunis cette semaine à Bonn pour travailler sur le texte de l’accord de Paris, le WWF appelle les pays à poursuivre cette dynamique et à retirer leurs soutiens au charbon pour faire preuve de crédibilité vers la conférence climat de Paris.

Selon Philippe Germa, Directeur général du WWF France, « La future présidence française de la COP21 doit immédiatement transformer en actions concrètes les annonces faites par le président de la République, François Hollande, lors la Conférence environnementale en novembre dernier. La France a donné le ton sur l’arrêt des soutiens publics à l’export aux centrales à charbon. Elle doit maintenant porter cette position au sein de l’OCDE et influencer ses partenaires au niveau du G7 sur ce sujet. »

Selon Samantha Smith, directrice de l’Initiative mondiale Climat et Énergie au WWF, « Beaucoup de gouvernements de pays développés, qui se disent engagés pour le climat, financent dans le même temps, l’industrie du charbon à l’étranger. Si ces pays veulent être crédibles à la conférence climat de Paris, ils doivent au plus vite soutenir les énergies renouvelables plutôt que d’utiliser l’argent des contribuables pour alimenter le changement climatique. »

Selon Sébastien Godinot, économiste au bureau des politiques européennes du WWF, « Les pays européens, la Commission et l’Union européenne n’ont plus de temps à perdre et doivent renouer avec leur leadership. Les engagements pour le climat de l’UE ainsi que sa volonté d’éliminer les subventions aux énergies fossiles doivent l’encourager à mettre fin aux crédits à l’export pour le charbon. »

L’idée selon laquelle le financement à l’export du charbon participe à la lutte contre la pauvreté est un mythe. En effet, le rapport souligne que ces financements ne bénéficient à aucun pays à faible revenu, là où les besoins d’accès à l’énergie sont les plus grands. Au contraire, un quart est dirigé vers les pays à haut revenu qui n’ont pas de problème d’accès à l’énergie.

L'UNESCO menace l'Australie de déclasser la Grande Barrière de Corail

L'interdiction de dépôt des boues de dragage pourrait convaincre l'Unesco de ne pas modifier le statut de la Grande Barrière de corail<br />© Troy MayneLe Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a publié aujourd’hui un projet de décision concernant la Grande Barrière de Corail. Celui-ci souligne les menaces qui pèsent encore sur ce site inscrit au patrimoine mondial et appelle l’Australie à lui faire, d’ici 18 mois, un rapport précis sur les progrès réalisés.

Même si ce projet de décision reconnait les engagements récents de l’Australie pour renforcer la protection de la Grande Barrière de Corail, il indique que le pays doit maintenant « mettre en place, rigoureusement, tous ses engagements ».

Selon Dermot O’Gorman, directeur général du WWF Australie, « L’UNESCO a pris la bonne décision : il est normal que le statut de la Grande Barrière de Corail soit déterminé par l’état réel de ses précieux coraux et de sa vie marine. Il faut rappeler que la Grande Barrière de corail constitue l’un des habitats naturels océaniques les plus riches. Elle génère environ 5,8 milliards de dollars et a permis la création de 69 000 emplois. L’annonce de l’Unesco va maintenir la pression sur le gouvernement australien pour que ses engagements se traduisent par des actes concrets. »

Les rapports officiels du gouvernement australien soulignent eux-aussi le mauvais état de santé général de la Grande Barrière de Corail. Ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO a, en effet, perdu plus de la moitié de sa couverture corallienne depuis ces trente dernières années et a vu décliner ses populations de dauphins, de dugongs ou encore de requins.

Le développement portuaire dans le périmètre du récif a fait émerger de nouvelles menaces : dragage, rejet et augmentation du trafic maritime. L’an dernier, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO avait déjà exprimé ses craintes concernant l’industrialisation du site et indiqué qu’à moins de constater des progrès significatifs, celui-ci serait retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril.

Le mois prochain, les 21 pays membres du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO se réuniront à Bonn (Allemagne) pour débattre du statut de la Grande Barrière de Corail et d’autres sites naturels extraordinaires.

Plus de 350 000 personnes du monde entier ont répondu à l’appel de la campagne du WWF (The Great Barrier Reef Under Threat lancée en février dernier) pour demander aux décideurs de défendre le site des destructions liées à l’industrialisation sauvage.

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