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Geo septembre 2016

Au sommaire du magazine GEO n°451 (septembre 2016)
ÉDITO

VOUS@GEO

PHOTOREPORTER
Cinq paysages spectaculaires du continent noir.

LE MONDE QUI CHANGE
Le territoire mozambicain revient à la vie.

LE GOÛT DE GEO
Le bissap, la tisane pourpre des Sénégalais.

L’ŒIL DE GEO
A lire, à voir.

DÉCOUVERTE : Le miracle Botswana
C’est un paradis pour la vie sauvage. Et, depuis son indépendance, ce pays discret est un modèle de réussite.

ENQUÊTE : Fragiles trésors
L’Afrique recèle un patrimoine exceptionnel. Des sites hélas menacés.

GRAND REPORTAGE : Être pygmée aujourd’hui
En Centrafrique, le recul de la forêt oblige ce peuple à abandonner son mode de vie ancestral.

POSTER
50 sites inoubliables en Afrique

REGARD : Les nouveaux maîtres de la photographie africaine
Les artistes d’aujourd’hui s’emparent de thématiques jusque-là négligées.

NATURE : Rhinocéros, les fermes de la discorde
En Afrique du Sud, des éleveurs savent décorner cet animal aux allures préhistoriques sans le tuer. La solution contre le braconnage ?

ÉVASION : Ethiopie, dans les entrailles de la terre de sel
La dépression du Danakil n’est pas très accueillante, mais les Afars en ont fait leur royaume.

LA MAGNIFIQUE AFRIQUE DE…
Jean-Christophe Rufin
Titouan Lamazou
Christiane Falgayrettes-Leveau
Vincent Ségal

Faire tomber les clichés sur l’Afrique

L’image m’est restée, elle revient en écho quand je regarde une carte de l’Afrique. Une grande étendue d’eau se divise en maigres nervures qui finissent non pas dans la mer, mais dans… le désert. Vue d’avion, on dirait une main de géant qui poserait des doigts de fée dans le sable. La photo faisait la couverture d’un livre que m’avait offert jadis un oncle exilé au Botswana. Le titre : Okavango, un paradis qui meurt dans le désert. A l’époque, l’Okavango, et tout le pays qui l’entoure, le Botswana, étaient effectivement, pour des gens comme lui, un paradis, car dans le pays voisin, l’Afrique du Sud, quand on aimait une femme noire, on ne se rendait pas à la mairie ou à l’église, mais en prison. Au Botswana, certes, il n’y avait pas de routes, pas d’industrie, pas d’accès à la mer, la capitale Gaborone était un village, on y trouvait à peine une pizzeria – celle de mon oncle –, mais il y avait la liberté.

Quarante ans plus tard, je m’aperçois que le paradis n’a pas tourné à l’enfer, et c’est une surprise tant les pays africains nous ont habitués à des destins agités. L’Okavango est un sanctuaire animalier toujours sublime, la rente du diamant n’a pas perverti le pays, qui présente en 2016 un modèle de gouvernance rare sur le continent noir. Les pessimistes diront d’oublier ce genre de raccourci naïf. Et exhiberont les plaies ouvertes de l’Afrique. Ses deux principales économies, le Nigeria et l’Afrique du Sud, si instables. Le manque d’électricité. Les infrastructures routières catastrophiques. Les pouvoirs religieux qui s’installent dans le vide laissé par l’indifférence ou l’incurie des pouvoirs publics. Les guerres civiles. Les virus. La déforestation. L’exode rural. Le braconnage. Il est si facile de dresser le tableau de l’Afrique qui pleure. Ou de celle qui ne dérange personne, celle des girafes somnolentes, sur fond de Kilimandjaro.

Assez. Bien sûr, il est risqué d’émettre des jugements généraux sur un continent qui rassemble cinquante-quatre pays et autour de 2 000 langues. Mais face aux signes noirs, on peut aussi dresser la liste des signes d’espoir. Les taux d’alphabétisation n’ont jamais été aussi élevés. L’Afrique est en meilleure santé, la pauvreté extrême a fondu, la mortalité infantile aussi, la violence et la guerre ont diminué. Le téléphone portable développe le commerce et les échanges. Un art photographique et cinématographique émerge, qui recueille le respect (et les dollars) dans les capitales artistiques du monde. Autant de changements qui peuvent sembler modestes selon nos standards, mais ne le sont pas à l’échelle de l’Afrique. Dans ce continent, dont la vague démographique est puissante (1,2 milliard d’habitants de plus d’ici à 2050 et 1 milliard de "moins de 18 ans" à cette date !), les métamorphoses sont si fortes qu’elles font et feront tomber les clichés hérités du XXe siècle. Une nouvelle histoire de l’Afrique s’écrit.

C’est un voyage dans cette histoire en marche que nous vous proposons dans ce numéro spécial. Un voyage qui dévoile, aujourd’hui encore et malgré les coups de griffe infligés à la forêt ou à la savane, des lieux splendides, des terres qui nous ensorcellent. Et qui, comme la main de géant de l’Okavango, viendront s’accrocher à notre mémoire d’enfant, celle qui rêve toujours de la magnifique Afrique.

Eric Meyer, rédacteur en chef

Nom :

Geo

Numéro :

Date de parution :

451
2016-09-01

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Afrique, Faune sauvage

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