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Plus de 200 scientifiques demandent aux institutions et nations européennes d’interdire les méthodes de pêche destructrices et les activités industrielles dans les aires marines protégées

Les aires marines protégées (AMP) bénéficiant d’un haut niveau de protection forment le mécanisme le plus efficace pour restaurer la vie marine et tous les avantages que celle-ci procure à l'humanité, de la sécurité alimentaire à la séquestration du carbone, en passant par les emplois et l’activité
économique.

1,2 Cependant, les eaux de l'UE, en particulier autour de l'Europe continentale, sont dans un état de conservation lamentable, avec seulement 31% des stocks étudiés dans l'Atlantique Nord- Est considérés comme étant dans un bon état en 2020, alors que la plupart ne sont même pas évalués.3 L’UE compte actuellement moins de 1% de véritables AMP,4 ce qui signifie que plus de 99 % des eaux continentales de l'UE ne sont pas protégées de manière adéquate contre les activités à fort impact telles que les extractions industrielles ou le chalutage de fond. En conséquence, l'abondance de la vie marine dans de nombreuses AMP de l'UE est inférieure à celle des zones non protégées voisines, 5 ce qui compromet tout objectif de conservation. En l'état actuel des choses, les AMP de l'UE ne présentent aucun avantage en termes de conservation. Si l'UE a pour objectif de restaurer la vie marine dans le cadre de sa Stratégie en faveur de la biodiversité à l'horizon 2030 et entend utiliser les
AMP comme un outil permettant de reconstituer les stocks de poissons épuisés, elle doit immédiatement interdire le chalutage de fond et les autres activités industrielles dans ses AMP.

Les faits
Les impacts du chalutage de fond
• La perturbation la plus forte et la plus répandue des écosystèmes marins est causée par le chalutage de fond, considéré comme la pratique de pêche la plus destructrice 6 et la plus consommatrice de carburant, 7 qui a été comparée à la coupe rase des forêts. 8 Le chalutage de
fond tue chaque année un million de tonnes d'organismes marins, capturés comme prises accessoires, ce qui représente 93 % des rejets de l'UE.
• Le chalutage de fond libère le carbone stocké dans les fonds marins et contribue à d'importantes émissions de CO2, aggravant ainsi le réchauffement de la planète. 2
• À ce jour, le chalutage de fond est pratiqué dans 59 % des soi-disant "AMP" de l'UE, ce qui, ironiquement, a pour effet d'appauvrir les espèces vulnérables en leur sein encore plus rapidement que dans les zones non protégées adjacentes.5 L'autorisation du chalutage de fond et d'autres activités extractives industrielles compromet les objectifs de conservation et épuise le capital naturel que les AMP sont censées faire fructifier.

Les bénéfices des AMP bénéficiant d’une protection forte/stricte

Les AMP dans lesquelles la pêche est interdite restaurent la vie marine en leur sein, avec une biomasse de poissons multipliée par 6 et une diversité 20% plus importante.2,9
• Une fois que l'abondance des prédateurs se rétablit suffisamment, divers processus indirects prennent forme dans les AMP sous protection stricte, permettant de rétablir la structure et la complexité de l'écosystème tel qu'il était avant la surexploitation.10,11

• Les AMP sous protection stricte peuvent augmenter les captures des pêcheries adjacentes, assurer la durabilité et accroître la rentabilité à long terme des pêcheries locales. 12,13,14,15
• Chaque euro investi dans une AMP sous protection stricte génère au moins 10 euros en activité économique,

16 dépassant dans certains cas de 25 fois les revenus économiques de la pêche.17,18 Cependant, les AMP qui autorisent la pêche commerciale ne procurent généralement pas plus d'avantages sociaux ou économiques que les zones non protégées.19,20,21

Une opportunité pour l’Union européenne
Contrôlant la plus grande zone maritime au monde, l'UE est dans une position unique pour montrer la voie en interdisant le chalutage de fond dans son réseau d’aires marines prétendument "protégées".
L'UICN donne une définition claire des activités qui doivent être interdites dans les AMP pour qu'elles puissent être qualifiées d'"AMP" : "Toute activité industrielle et tout développement d'infrastructure (par exemple, l'exploitation minière, la pêche industrielle, l'extraction de pétrole et de gaz) ne sont
pas compatibles avec les AMP et devraient être exclus de ces zones si elles doivent être considérées comme des AMP."22
Il est important de noter que, pour obtenir les plus grands avantages écologiques et économiques, l'effort de pêche au chalut de fond qui a lieu actuellement dans les AMP ne doit pas être déplacé ailleurs. Cela permettrait de réduire les émissions de CO2 dues au chalutage de fond,2 et les bénéfices
nets des services écosystémiques restaurés commenceraient à se manifester dès la quatrième année suivant l'interdiction du chalutage de fond.23
La transition vers une pêche à faible impact et la protection de 30 % de la ZEE de l'UE via un réseau d’AMP d'ici 2030 (dont 10 % via des aires marines sous protection stricte, qui constitue un élément clé de la Stratégie de l’UE pour la biodiversité), contribueraient à restaurer la biodiversité marine européenne, à reconstituer les pêcheries européennes épuisées, à ressusciter les petites pêcheries côtières en souffrance et les moyens de subsistance qu'elles soutiennent, et seraient facilement financées par la réorientation des subventions à la pêche nuisibles de l'UE.

1 Grorud-Colvert et al. (2021) The MPA Guide: a framework to achieve global goals for the ocean. 2 Sala et al. (2021) Protecting the global ocean for biodiversity, food and climate. 3 Gascuel (2022) Bilan 2022 de l’état des stocks halieutiques en Europe : la surpêche recule, mais reste forte. 4 European Environment Agency (2020) Marine Messages II — Navigating the course towards clean, healthy and productive
seas through implementation of an ecosystem-based approach. 5 Dureuil et al. (2018) Elevated trawling inside protected areas undermines conservation outcomes in a global fishing hot
spot. 6 Chuenpagdee et al. (2003) Shifting gears: assessing collateral impacts of fishing methods in US waters. 7 Sala et al. (2022) Energy audit and carbon footprint in trawl fisheries. 8 Watling and Norse (1998) Disturbance of the seabed by mobile fishing gear: a comparison to forest clearcutting. 9 Lester et al. (2009) Biological effects within no-take marine reserves: a global synthesis. 10 Guidetti (2006) Marine reserves reestablish lost predatory interactions and cause community changes in rocky reefs. 11 Shears and Babcock (2002) Marine reserves demonstrate top-down control of community structure on temperate reefs. 12 Goñi et al. (2011) in Marine Protected Areas: A multidisciplinary approach (ed. J. Claudet). 13 Goñi et al. (2010) Net contribution of spillover from a marine reserve to fishery catches. 14 Harrison et al. (2012) Larval export from marine reserves and the recruitment benefit for fish and fisheries. 15 Lynham et al. (2020) Impact of two of the world's largest protected areas on longline fishery catch rates. 16 Duarte et al. (2020) Rebuilding marine life. 17 Sala et al. (2016) Fish banks: An economic model to scale marine conservation. 18 Sala et al. (2013) A general business model for marine reserves. 19 Aburto-Oropeza et al. (2011) Large recovery of fish biomass in a no-take marine reserve. 20 Rife et al. (2013) Long-term effectiveness of a multi-use marine protected area on reef fish assemblages and fisheries
landings. 21 Turnbull et al. (2021) Evaluating the social and ecological effectiveness of partially protected marine areas. 22 Day et al. (2012) Guidelines for applying the IUCN Protected Area Management Categories to Marine Protected Areas.

Source :

Valérie de Baecque / Patricia Roy

valerie@press-consultant.com / info@patriciaroy.com

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