Photographes animaliers

Alexandre BOUDET

Photographe amateur pendant plus de 15 ans Alexandre Boudet, autodidacte, devient photographe professionnel en 2010.

Même si la grande majorité de sa production commerciale est plus tournée vers la publicité et l’industrie il reste dans l’âme un photographe de nature.

‘‘J’aime retrouver un regard d’enfant sur les scènes simples de la vie sauvage, la poésie d’un quotidien extraordinaire’’.

Il commence à tourner des vidéos lors de son voyage au Kenya en 2009 dont il extrait son premier court-métrage animalier Quelques Gouttes pour la Vie.

D’autres rêveries le guident sur les voies du plus vaste espace de photographie nature : celui du ciel, des nébuleuses et des galaxies. Il en résulte une production éclectique mais toujours axée sur la poésie.

 

Entretien avec...

Pourquoi l'animal sauvage ?

Car seul ce que l’on ne peut pas expliquer reste fascinant. Et quoi de plus inexplicable que la vie dans son essence. Arrivée sans but, et perpétuée sans finalité. Multiple et diverse, je ne me lasse pas de la contempler sous toutes ses formes. Dans ma photographie on retrouve souvent cette notion de vie, de naissance, de cheminement dans le temps. Surement un rapport à l’inutilité évidante du conscient et de l’être. Celle de ma propre existence. je dit souvent que les photographes animaliers sont des écorchés. Je soigne aussi sûrement des plaies encore ouvertes, auprès d’un monde sans concession, sans hypocrisie, où l’on célèbre aussi bien la mort que la vie…

Un maître à penser ? 

Surtout pas… des guides plutôt.

Pendant mon enfance j’étais fasciné par les émissions de Cousteau dans une certaine démarche de vulgarisation et de découverte du monde. Michel Tarrier même si je ne partage pas tout ses chemins de réflexion (je lui ai d’ailleurs dédié un court métrage de fiction). Forcement mon oeil s’est formé aussi avec les images des photographes animaliers de mon jeune âge dont certains sont des amis maintenant. Mais je pense aussi et surtout aux gens, nombreux, qui on consacré leur vies aux animaux sauvages, et qui l’ont perdue parfois…

Une œuvre marquante ? 

« 2050 sauve qui peut la terre » de Michel Tarrier

Si j'étais un animal sauvage ? 

Un homme… libre… sauvage… mais je ne le serai sûrement jamais

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Ma plus belle rencontre c’était les ours noirs en Alaska.

J’ai rarement trouvé autant de conscience dans le regard d’un animal que dans ces billes noires et luisantes. Mais tant d’autres animaux m’ont procuré le sentiment d’être vivant. La découverte en forêt d’une flaque avec des tritons alpestres, les vibration du vol d’un lucane cerf-volant , le picotement du bec d’un macareux qui vient tâter ma cuisse.

Je ne priorise pas l’accès à mes émotions, je ne classe pas les animaux dans une catégorie ou une autre…. je laisse faire les rencontres.

Un animal disparu qui reviendrait ?

Plutôt un animal vivant que je ne souhaiterai pas voir disparaitre… la famille des lombrics….Tous les fouisseurs en général. Ils sont le siège de nos écosystèmes et sont pourtant menacés par les pollutions aux agents chimiques que l’homme déverse partout à grandes envie de rendements… sans eux tout sera sec et dur, stérile et minéral.

Un animal fantastique qui existerait ?

Le crocolion… comprenne qui pourra.

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

Peut être ma dernière série « Land of Clémentine » car elle résulte d’une démarche longue mêlant dans un même résultat mes deux amours immodérés pour la nature et la photographie. Mais surtout celles que je n’ai pas encore faites… celles qui me donne l’envie.

Spot préféré ?

Hermaness - Unst - Shetland

Un lieu mythique ? 

Peu importe où mais dans le grand Sud.

Et la technique ?

J’aime bidouiller. Pas pour faire mieux ou différent des autres. juste pour réussir à faire avec ma vision et les moyens que j’ai. La technique est importante, elle ne sert toutefois à rien si elle n’est pas la plume qui écrit les histoires.

Des urgences ? 

L’éveil des consciences. J’ai l’impression par mes images que je mets ma goutte d’eau dans l’océan. Que par le beau on peut forcer le raisonnable. J’en suis malheureusement de moins en moins sûr. Notre monde est gouverné par d’autres enjeux. Pas par ceux de l’inutilité du vivant mais plutôt par l’inconscience du besoin d’inutilité.

Des conseils ? 

Ne jamais faire confiance à ses rêves…. il faut toujours aller vérifier le merveilleux!

Une association à mettre en avant ?

Aucune en particulier… car forcément mettre une association en avant c’est mettre une espèce ou un biotope en avant. Ce qui vous l’aurez compris est contre ma vision des choses. A part une association qui défendrait une écologie globale, raisonnable, réaliste et efficace… mais je n’en connais pour l’instant pas.

Pour conclure ?

Je finirais plus terre à terre sur des considérations d’ordre professionnel.

Le métier de photographe se meurt et en particulier celui de photographe animalier. Les agences photo ferment, la presse va mal alors elle achète des photos de microstock. Pourtant l’enjeu est grand dans ce monde moderne qui voue un culte à l’image. De plus en plus dans la quantité plutôt que dans la qualité et l’authenticité. Je ne peux que vous exhorter à acheter des images. A moi (bien entendu) ou à n’importe quel autre photographe quand l’envie vous prend. Vous vous ferez plaisir et vous contribuerez au maintien d’une profession, d’un choix de vie. Et puis c’est quand même mieux qu’une photo d’un tirage faite au portable sur une expo, non ?

Gardez un regard d’enfant sur les scènes simple de la vie sauvage… c’est peut être là qu’est le propre de l’Homme. Partagez ces émotions, même si c’est couru d’avance, pour que l’homme ne vive pas dans un monde déjà perdu.

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