Photographes animaliers

Jean-Philippe & Léopold BOUVERET

Nous sommes deux frères, ayant grandi à la campagne, pas forcément la plus préservée de France, mais nous avons eu la chance d’avoir une mère qui adorait jardiner plutôt à l’anglaise, en laissant beaucoup de place pour des endroits sans intervention humaine.

Ça laissait des refuges à pleins d’espèces qu’on pouvait observer.

Et puis notre père nous a transmis l’intérêt pour la photo. Le trait d’union entre photographie et animaux était alors tout tracé. On s’est éloigné un peu de la nature lors de nos études / premiers métiers mais rapidement on s’est retrouvé l’un et l’autre autour de cette passion commune, qui est avant tout de passer du temps dehors à observer.

On a deux regards différents qui se complètent.

Au travers de nos images on espère témoigner de la beauté du monde sauvage en suggérant, en ne cherchant pas forcément à tout dévoiler.

Au fil des ans on a beaucoup évolué, comme beaucoup on a eu des idées de voyages lointains et puis petit à petit alors que ces projets commençaient à se concrétiser, on s’est interrogé sur la pertinence de partir si loin, de polluer autant … on avait bien l’idée d’essayer de sensibiliser au travers de la beauté, mais l’urgence étant déjà tellement présente chez nous, on s’est recentré sur des voyages plus proches (France principalement, un peu l’Europe), en prenant le temps du voyage, sans avion donc.

On a beaucoup de projets fous en tête, des rencontres exceptionnelles, des ambiances rêvées, la plupart ne se réaliseront pas, mais qu’importe pour nous l’essentiel réside dans la démarche de cette longue quête.

Entretien avec...

Votre rapport avec la faune

Quel parcours jusqu'à l'animal sauvage et la photographie ?

Enfants nous rêvions l’un et l’autre du monde sauvage.

L’un s’imaginait vivre plus tard dans une cabane au fond des bois, l’autre passait des journées dans une tente installée au fond du jardin.

Nous étions fascinés par les reportages sur les animaux sauvages. Le terreau était fertile pour nous entrainer plus tard vers la photo animalière qui ne reste qu’un prétexte pour passer du temps dans la nature.

Un maître à penser ? 

JP : La liste est longue, François de la Grange, Dian Fossey, Luc Hoffman, Jacques Perrin…

LC : Victor Hugo…

Une œuvre marquante ? 

Microcosmos ou le peuple migrateur

Une belle rencontre / émotion avec la faune ? 

JP : Un face à face avec un chevreuil

LC : Chaque année le retour progressif des passereaux migrateurs

Si j'étais un animal sauvage ? 

JP : Un loup

LC : Un chocard à bec jaune

Un animal disparu qui reviendrait ?

JP : Le grand manchot

LC : Le hérisson, on n'en voit plus par chez moi …

Photographie animalière

 

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?

JP : Ma première photo de faucon crécerelle

LC : Aucune je crois, les plus belles sont gravées en souvenir

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

A peu près toutes ! Il y a tellement de gens talentueux et surtout de beaux moments offerts par le sauvage.

On est rarement satisfait de nos images.

Si on devait en désigner une, les deux manchots côte à côte perdus dans la tempête sur la banquise avec un ciel chargé de nuages, faite par V.Munier.

Elle dégage une force, c’est extraordinaire.

Et la technique : frein ou atout ?

Elle est un frein, une barrière, on rêverait de pouvoir retranscrire toutes les émotions vécues plus simplement avec un pinceau, des mots ou une musique.

La technique nous renvoie bien souvent dans une course vaine à la performance et à la technologie, une sorte de modèle de consommation …

Votre « terrain de jeu » préféré ?

La montagne, là où l’homme n’a pas encore trop posé sa patte

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

L’un irait en Antarctique, l’autre en Arctique. Pour trouver un compromis nous irons donc … en France !

Tant de choses merveilleuses sont déjà menacées chez nous, des voyages fantastiques nous attendent ici.

Des conseils ?

On débute toujours, nous pensons, à chaque immersion dans le sauvage on apprend, on redécouvre. 

Le plus important est de garder cette âme d’émerveillé par les plus petits détails.

 

Biodiversité

 

Des urgences ? 

Il y en a tellement malheureusement …

La plus grande urgence est peut-être de retrouver de la simplicité, de l’humanité dans nos rapports, ce qui nous conduirait à l’empathie, au respect du vivant, des vivants. Changer de paradigme, ne plus croire en l’argent-roi.

Une association de protection à mettre en avant ?

Sea Shepherd, l’ASPAS, Canopée.

On vide les océans, on chasse à tout va des espèces sensibles, on industrialise la forêt comme on l’a fait pour l’agriculture.

Mais il y en a tellement des associations dont il faut saluer le travail, l’engagement, le courage. Elles sont complémentaires et font des actions remarquables.

Une suggestion pour sensibiliser le grand-public ?

Coupez votre téléphone, asseyez-vous au milieu d’une prairie fleurie, observez, écoutez, contemplez, ennuyez-vous ! V

ous en sortirez tellement grandi et en ayant compris qu’on fait partie de ce monde naturel et sauvage, qu’on y est lié et qu’il est essentiel à notre propre survie.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour la suite ?

L’un est pessimiste, mais heureusement l’autre est optimiste !

 

 

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