Photographes animaliers

Elyane & Cedric JACQUET

Couple de photographes professionnels belges engagés dans la conservation de la nature.

Elyane et Cedric Jacquet sont tous deux nés en Belgique en 1968. A l’occasion d’un voyage de 6 mois de Zanzibar à Cape Town, ils se sont découvert une passion pour la photographie. Malgré leur désir de s'établir en Namibie, ils sont rentrés et ont repris leur travail de consultance. Mais quelques années plus tard, la photo l'a emporté : ils se sont tous deux lancés dans une carrière de photographes free-lance en 2003.

Alors qu’Elyane a une préférence pour le portrait et la photographie de voyage, Cedric a choisi sans hésiter la photographie nature. Cette complémentarité leur permet de proposer des reportages très complets sur leurs destinations. Leurs « terrains de chasse » préférés: le sud de l'Afrique (Namibie, Zimbabwe, Zambie, Mozambique), l'Amérique latine, ainsi que les rivages, deltas fluviaux et lacs d'Europe. Pour réaliser ces reportages, ils ont aménagé un camion d'expédition à bord duquel ils sillonnent les zones les plus reculées en totale autonomie.

Lors de leurs voyages, ils ont rencontré des personnes extraordinaires qui œuvrent aux quatre coins de la planète pour la conservation de la faune sauvage et de son habitat. Désireux de raconter l'histoire de ces passionnés, et de promouvoir les petites organisations de préservation de la nature réellement efficaces sur le terrain, ils ont fondé PPNAT (Photographes pour la Préservation de la Nature) en 2012 avec Sabine Bernert.

Enfin, Elyane et Cedric donnent également des conférences sur la photographie (à l'Académie Royale des Arts d'Anvers, au Natural History Museum de Londres, ...) et collaborent au développement d'un logiciel photo Adobe.

Ils organisent des voyages dans des lieux d’exception, dans des endroits qu'ils ont particulièrement apprécié et qui sont complètement hors des sentiers battus. En Afrique, et bientôt en Amérique latine.

 

Entretien avec...

Quel cheminement personnel jusqu'à la photographie nature ?

Mon introduction à la photo nature s’est faite au travers de la photographie, c’est-à-dire capturer la lumière, figer l’instant. Rapidement, mes sujets préférés se sont avérés être des paysages animaliers : une lumière, un environnement, rehaussé par la présence d’un animal pour équilibrer une composition.

Je me suis donc « formé » à la nature essentiellement sur le terrain, bien qu’ayant suivi une formation de guide-nature.

Un maître à penser ?

Pas vraiment – il y a bien sûr de photographes, de naturalistes, de scientifiques que j’admire, mais pas vraiment de maître à penser !

Je prendrai donc un exemple : Lillian Bassman, photographe qui il y a près d’un siècle, produisait des œuvres d’une modernité époustouflante (portraits/photo de mode)

Si j'étais un animal sauvage ?

Difficile à dire … peut-être le léopard, que je considère comme l’animal terrestre le plus abouti. Alliant grâce et beauté à une puissance extraordinaire, capable de chasser de jour comme de nuit, il s’adapte à des environnements très variés y compris dans des milieux fortement occupés par l’homme.

J’ai aussi une infinie tendresse pour les éléphants, et suis très triste qu’ils aient quasiment disparus (à part les éléphants enfermés dans des réserves dites naturelles). Il y a bien d’autres animaux pour lesquels j’ai beaucoup d’affection, par exemple les chacals et otocyons (structure familiale extraordinaire, partenaires à vie), les loups,

Un animal fantastique qui existerait ?

Non : la nature est bourrée d’animaux fantastiques, nul besoin d’en inventer ! Il suffit de prendre le temps d’observer …

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?

Mes premiers cheveux blancs ont apparu lorsqu’on s’est retrouvés la nuit dans une tente, au beau milieu d’un troupeau d’éléphants se faisant attaquer par plusieurs lionnes … elles tentaient de tuer un éléphanteau. On l’a vraiment échappé belle ! Ou encore quelques mois plus tard, quand une hyène brune sauvage, que je n’avais pas vue s’approcher, m’a léché le mollet gauche à trois reprises avant de s’éloigner …

Mais peut-être celle qui m’a marquée le plus, a été de me retrouver au ras du sol, à quelques mètres d’un jeune éléphant sauvage aux défenses impressionnantes, totalement à sa merci. Une curiosité tout à fait pacifique, un moment qui me restera certainement. Vous ai-je dit que le sort de ces quelques dizaines d’éléphants encore libres me touche particulièrement ?

Un animal disparu qui reviendrait ?

La disparition d’espèces est une chose normale, naturelle, inéluctable. Là où ça devient inacceptable, c’est quand la pression humaine provoque cette disparition, de par notre énorme surpopulation, de par nos modes de vie et nos croyances. Le pangolin se portait très bien jusqu’au moment où l’homme s’est dit qu’il ferait bien des bracelets de montres avec son cuir, ou qu’il pouvait transformer ses écailles en pseudo-médicaments aux vertus plus que variées. Le pangolin est depuis devenu le mammifère le plus braconné au monde, et les huit espèces restantes sont toutes menacées d’extinction. C’est absurde !

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

Notre série « Monochromes » : commencée il y a … longtemps, exposée dans bon nombre d’endroits ces dix dernières années, cette série continue de plaire. Constituée de photos de dégradés naturels d’une seule couleur (fonction des conditions météo, des angles de prise de vue, …), cette exposition évolue au fil du temps, avec de nouvelles ajoutes au fur et à mesure.

Spot préféré ?

Loin des spots ‘classiques’ ! Elyane et moi avons une prédilection pour les déserts, en particulier le Namib et l’Atacama. Mais ce sont des étendues énormes, pas vraiment des ‘spots’.

Un lieu mythique ?

Les zones avec une présence humaine extrêmement faible. Il en existe encore, mais elles deviennent fort rares. Je ne parle pas des réserves naturelles, qui n’ont plus grand ’chose de naturelles malheureusement. Mais certains endroits procurent encore cette sensation extraordinaire de se retrouver dans un environnement vierge, n’ayant pas été façonné par nos besoins.

Un exemple : pas loin de la frontière Angola-Namibie, où l’on ne croise personne, où aucune infrastructure humaine n’est visible sur des milliers de km2

Et la technique ?

Elle est au service de l’image. Les règles (de composition, …) sont de bonnes bases, mais sont faites pour être transgressées – si on le fait à bon escient.

Des urgences ?

Enormément ! Chacun peut contribuer à sa façon. C’est dans cette optique que nous avons créé PPNat (Photographes pour la Préservation de la Nature) : il s’agit d’une plateforme pour mettre en avant des projets, pour faciliter des actions, qui permet à chacun (pas seulement des photographes J ) de participer comme il le souhaite.

La photographie animalière et de nature comme moyen pédagogique pour protéger la nature ?

Je pense qu’aujourd’hui on est tellement bombardé d’images que cela banalise la nature et ses espèces. Cette (sur)abondance d’images peut faire oublier que beaucoup d’espèces et d’écosystèmes sont menacés. Pour sensibiliser à l’importance de protéger ce qu’il reste de nature il faut plus que simplement de belles images.

Ce qui touche, ce sont des histoires, des témoignages. PPNat a pour but de révéler le travail de personnes extraordinaires qui œuvrent pour la protection de la nature sur le terrain, souvent seuls ou dans des petites structures. Avec très peu de moyens elles arrivent à faire une vraie différence.

Ces structures n’ont pas les moyens – ni financiers, ni en temps, ni en compétences – de faire leur promotion. Par contre, elles sont réellement efficaces dans leur domaine, la conservation. Et là, oui, nous pouvons contribuer.
L’organisation est encore toute jeune et compte 7 photographes qui ramènent des histoires et des images du monde entier, dans le but de mettre en avant ces efforts remarquables.

Les concours ?

J’ai participé à bon nombre de concours photo par le passé. Et c’est vrai que c’est très gratifiant de remporter des prix … Mais il y a un revers à la médaille : pour faire « les clichés » gagnants, à répétition, il faut sortir du lot en produisant des photos toujours plus extraordinaires. Cela mène à des dérives qui sont contraires à mon éthique. Cette sensibilité est différente pour chacun – mais dans mon cas, je préfère m’abstenir …

Des conseils ? 

Soyez passionné – et patient ! ;)

Une association à mettre en avant ?

PPNat. www.ppnat.org - Une adresse pour soutenir des projets qui font réellement la différence sur le terrain.

 

Distinctions & Parutions

Leurs images ont été primées et exposées internationalement (BBC Wildlife Photographer of the Year Awards (UK), Festival de Montier-en-Der (F), Festival de Namur (B), FNCC (Namibie), ...).

Auteurs des livres "C'est beau près de chez vous" et "Natuur om de hoek", leur travail a été publié dans de nombreux pays et magazines (Chasseur d’Images ; Nat’Images ; Image&Nature ; Wapiti ; Mens en Natuur...)

 

Expositions

Elyane et Cedric ont exposé notamment lors des festivals de Montier-en-Der, Nature Namur, Baie de Somme, Coeur de France Expositions Aves, FNCC Windhoek.

Pages personnelles

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