Comment les zoos préservent les espèces menacées

Un large panel de techniques existe pour faire face au nombre croissant d’espèces en voie de disparition. Au Japon, une banque de sperme pour animaux a même été ouverte.

Afin d’assurer la survie des espèces menacées, les zoos de la planète rivalisent d’ingéniosité. Sperme congelé de panda, banques de données génétiques ou encore échographie de rhinocéros: depuis une trentaine d’années, ils ont recours à des techniques élaborées pour se bâtir une véritable Arche de Noé des temps modernes.

Car de plus en plus d’espèces sont aujourd’hui rayées de la carte, victimes des ravages du braconnage, mais aussi de la disparition de leur habitat, notamment à cause du réchauffement climatique. Des réalités auxquelles les zoos tentent donc de remédier en mettant sur pied des programmes de reproduction en captivité. Plus de 500 espèces sont concernées. Concrètement, les données génétiques des animaux sont enregistrées dans des programmes informatiques, permettant aux scientifiques de choisir le meilleur partenaire lors d’un accouplement et de minimiser la consanguinité.

Insémination artificielle

Et cette agence matrimoniale en ligne pour animaux captifs donne des résultats. L’élégante antilope Oryx dammah, par exemple, avait été déclarée éteinte dans la nature en 2000. Or plusieurs milliers de ces animaux ont depuis été conçus en captivité pour être réintroduits dans la nature.
Autre succès: celui des pandas géants. Mais là, étant donné la faible libido et fécondité de l’animal, il faut donner un coup de pouce à la nature. «Il n’y a qu’une chance de succès par an», relève Pierre Comizzoli du Smithsonian National Zoo de Washington. Reste alors à recourir à l’insémination artificielle. «Nous devons anesthésier le mâle et le stimuler pendant qu’il dort pour obtenir son sperme», explique Pierre Comizzoli. Parfois, les scientifiques n’hésitent ensuite pas à utiliser la semence de deux mâles différents.

Consanguinité

Pour les rhinocéros de Sumatra, en danger extrême d’extinction et dont les échographies sont répertoriées, la reproduction consanguine est la seule option. La femelle ovule rarement et seulement en présence d’un mâle. De plus, en l’absence de gestation régulière, elle développe des kystes qui la rendent stérile.
L’efficacité de ces programmes de gestion génétique génère toutefois des discussions dans la communauté scientifique. «Même si l’on parvient à recréer de la diversité génétique, on compte peu d’exemples de réintroductions réussies de ces espèces menacées dans la nature», estime David Wildt. Selon le directeur du Centre de la survie des espèces du zoo de Washington, il va donc falloir trouver d’autres moyens pour protéger ces espèces à l’état sauvage si on veut être sûr de les garder encore longtemps.

Banque de sperme

En attendant, une banque du sperme pour animaux en voie de disparition a même vu le jour mercredi au Japon. Des scientifiques de l’Université de Kyoto sont parvenus à conserver de la semence d’espèces menacées, via une technique de lyophilisation. Prochain défi: développer une application de cette méthode aux ovules. On n’arrête pas le progrès.

Source : Figaro.fr