A Marseille, des braconniers condamnés à payer 385 000 euros pour préjudice écologique

Ces quatre passionnés d’apnée ont chassé au harpon, de nuit, mérous, oursins et poulpes. Ils avaient déjà été pénalement condamnés à des peines de quinze à dix-huit mois de prison avec sursis.

Ils avaient pêché illégalement des tonnes de poissons dans les eaux protégées du Parc national des calanques. Quatre braconniers ont été condamnés, vendredi 6 mars, à Marseille à payer plus de 385 000 euros de dommages-intérêts, notamment au titre du préjudice écologique causé à l’écosystème.

Les quatre hommes, des passionnés d’apnée qui pendant plus de quatre ans ont chassé au harpon, de nuit, mérous, oursins et poulpes, avaient déjà été pénalement condamnés en juillet 2018 à des peines de quinze à dix-huit mois de prison avec sursis.

Au civil, le tribunal a retenu « le préjudice écologique indéniable causé à l’écosystème », pour lequel il a demandé aux braconniers de payer 350 060 euros, qui seront « affectés en totalité à réparer l’environnement impacté ». Les braconniers ont aussi été condamnés à verser 20 000 euros pour « préjudice d’atteinte à la mission » du Parc national et 15 000 euros pour atteinte à l’image et à la réputation du même parc.

« Ce jugement démontre que la nature a une valeur »

Le président du tribunal, Pierre Jeanjean, a souligné que ce montant « ne représent[ait] que deux fois le prix au marché des espèces détruites ». « On n’est pas là au prix dans la balance du poissonnier, mais à la valeur de ces poissons dans l’écosystème ! », a-t-il insisté.

M. Jeanjean a souligné que les délits commis relevaient d’« actions certes individuelles, mais intenses et prolongées sur plusieurs années ». « Ils se sont attaqués en priorité aux espèces et aux zones » les plus vulnérables, a-t-il aussi souligné.

« Cette condamnation est un signal très fort, avec une vocation pédagogique pour tous les acteurs à Marseille », s’est félicité l’avocat du parc, Me Sébastien Mabile, ajoutant que depuis son inscription dans la loi, en 2016, le « préjudice écologique »n’avait été « retenu que dans deux affaires en France, de moindre ampleur ».

« Ce jugement démontre que la nature a une valeur et que ceux qui s’y attaquent seront punis », a réagi de son côté Didier Réault, le président du Parc national des calanques. Il a relevé que depuis le renvoi de cette affaire devant la justice, « on ressent[ait] une baisse de cette activité de braconnage et une plus grande mobilisation des services de l’Etat ».

Le tribunal a jugé irrecevable la demande de « solidarité » des braconniers à l’égard des commerçants – des restaurateurs et écaillers – qui achetaient leurs poissons. Cinq d’entre eux ont été condamnés à verser 3 000 euros chacun au parc pour « préjudice moral ».

Le Monde 7 mars

photo : « Cette condamnation est un signal très fort, avec une vocation pédagogique pour tous les acteurs à Marseille », s’est félicité l’avocat du Parc national des calanques. GÉRARD JULIEN / AFP