Déforestation : « Notre-Drame de l’Amazonie », L’Amazonie brûle-t-elle ?

Tribune. L’Amazonie brûle-t-elle ? Oui, mais apparemment pas assez pour émouvoir de puissants décideurs et financeurs. Ou, seraient-ils eux-mêmes les initiateurs occultes de ces incendies selvatiques ?

A l’heure où le feu réveille les coupables consciences en s’attaquant à des joyaux reconnus du patrimoine mondial, comme le Musée national de Rio de Janeiro ou la cathédrale de Paris, il est sans doute bon de rappeler que les flammes qui ravagent depuis des décennies la plus grande forêt tropicale du globe n’ont rien d’une anodine étincelle. Là aussi un drame se joue, qui aura des conséquences incalculables sur notre futur. Les effets ne se limitent pas seulement à la flore et la faune locales, mais également aux populations autochtones, à la biodiversité terrestre, à l’absorption de carbone et même au changement climatique global.

Oh ! Mais à quoi bon s’inquiéter ? L’Amazonie compterait quelque 390 milliards de troncs, pour une superficie dépassant 6 millions de kilomètres carrés. Pas de quoi s’en faire, affirment les exploiteurs industriels de cette manne végétale. En plus, ils se réfugient derrière l’idée que sa méga-diversité, concentrant 15 % des espèces végétales et animales du monde, est inépuisable, selon un discours de parfaite mauvaise foi. Autant de dérobades qui masquent de sordides intérêts économiques à court terme. En fait, l’homme du XXe siècle aura été le fossoyeur de cette méga-diversité, car le mirage amazonien a fait un tort terrible : le dynamisme propre à la forêt tropicale a été le germe de sa déchéance ou, du moins, a donné l’illusion d’une vitalité inaliénable.

Habitués à des mentions épisodiques de presse sur la tragédie de la déforestation amazonienne, nous nous sommes assoupis sur l’idée d’une regrettable fatalité, sans grande conséquence, à l’autre bout de la planète. Au contraire, bien plus qu’un simple marronnier journalistique, ce sont bien des millions de fromagers, palmiers, figuiers et autres arbres vénérables qui partent inexorablement en fumée chaque année. Riche de plus de 16 000 espèces d’arbres, la noble dame équatoriale est ainsi dépossédée de sa diversité et de son espace. Les spécialistes estiment qu’une espèce d’arbre sur deux pourrait être menacée de disparition en Amazonie….

Voir suite de la Tribune dans Le Monde du 23 mai