Le 17 mars, un séminaire sur l’Arctique et le changement climatique est organisé à Paris.

Le changement climatique est plus rapide dans l’Arctique que dans la majeure partie du reste du monde. La vitesse de réchauffement de l’Arctique est près de deux fois plus élevée que la moyenne mondiale, comme le prouve le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Même une faible hausse de la température produira des effets considérables. Les glaciers connaîtront une fonte accélérée qui contribuera à une nouvelle élévation du niveau des mers, et celle du permafrost libérera des gaz à effet de serre en quantités accrues. La fonte de la banquise aura des conséquences dramatiques pour les moyens de subsistance des habitants de l’Arctique, et en particulier pour le mode de vie traditionnel des populations autochtones du Nord.
Les changements survenus dans l’Arctique sont la preuve manifeste des répercussions déjà flagrantes du réchauffement de notre planète et nous incitent à tirer la sonnette d’alarme sur l’avenir dangereux qui nous attend si nous n’agissons pas.

Le climat change partout dans le monde. Aucune région n’est épargnée, mais certaines régions sont plus fragiles que d’autres. Les ressources en eau se tarissent tandis que des événements météorologiques extrêmes détruisent des collectivités entières, font de nombreuses victimes et rendent de vastes zones inhabitables. Les moyens de subsistance durables, le bien-être et la sécurité de centaines de millions de personnes sont fondamentalement en danger.

LES RÉGIONS VULNÉRABLES EN DANGER
Dans les régions vulnérables, les pays les plus pauvres, qui ont le moins contribué au réchauffement climatique et ne disposent pas des ressources nécessaires pour s’y adapter, sont les plus menacés. Si nous poursuivons sur cette trajectoire d’un réchauffement de 4 à 6° C, la Banque mondiale estime que la production alimentaire pourrait être divisée par deux dans les zones très peuplées de l’Afrique du Nord et de l’Amérique latine. L’Afrique subsaharienne connaîtrait des sécheresses accrues qui anéantiraient tous les progrès que nous avons accomplis en matière de sécurité alimentaire. L’Asie du Sud et les petits États insulaires seraient parmi les plus touchés par l’élévation du niveau des mers et les événements météorologiques extrêmes. Des villes telles que Le Caire deviendraient inhabitables pendant six mois de l’année. De petits États insulaires pourraient être rayés de la carte.

Le dérèglement climatique, par ses effets néfastes sur les moyens de subsistance, qui exacerbent la pauvreté et compromettent la résilience, favorisera de plus en plus les grandes vagues de réfugiés et les conflits violents dans les pays en développement. Déjà, la détérioration du climat aggrave les crises humanitaires majeures, intensifie la violence et favorise la propagation des conflits dans certaines régions. Nous sommes vivement préoccupés par les effets du changement climatique sur la planète. Nous nous trouvons peut-être face au défi le plus difficile de notre temps pour notre sécurité. Le changement climatique doit donc être pris en compte dans nos stratégies nationales et internationales de sécurité.

DES PROGRÈS CRUCIAUX SUR LA VOIE D’UN DÉVELOPPEMENT PLUS DURABLE
Des glaciers de l’Arctique qui fondent au désert du Sahel qui progresse, des rives dévastées des Philippines au brouillard polluant des mégalopoles, tous nos pays sans exception sont confrontés de manière croissante au changement climatique, même si c’est à des degrés très divers et avec des capacités très différentes pour le combattre et s’y adapter.

Nombre d’acteurs sont déjà engagés dans la lutte contre les conséquences catastrophiques du changement climatique. Cette situation est aussi l’occasion de s’adapter et d’innover dans un nouvel environnement. Nous voyons des États, mais aussi des entreprises, des villes et d’autres organisations faire des progrès cruciaux sur la voie d’un développement plus durable, d’une énergie plus propre, d’une consommation plus efficace et d’une croissance plus équitable. L’heure est venue de soutenir cette dynamique et de rendre notre monde plus sûr. Ces initiatives ne pourront réussir qu’en s’appuyant sur la coopération et la coordination internationales.

Une réunion déterminante de la Conférence des Nations Unies sur le climat se tiendra à Paris en décembre de cette année. 195 pays devront s’asseoir autour de la table, lors de cette COP21 à Paris, et démontrer que le multilatéralisme peut effectivement instaurer un partenariat international solide et pérenne afin d’assurer le développement durable pour tous. La France et la Norvège sont déterminées à faire advenir cet accord.

Laurent FABIUS (Ministre français des Affaires étrangères) et Børge BRENDE (Ministre norvégien des Affaires étrangères)

Source Libération