Le cas du kakapo, ou l’exemple d’un programme de conservation réussi

Des chercheurs démontrent l’efficacité du programme de conservation actuel du kakapo, grâce aux dernières données génétiques qu’ils ont récoltées. Ce grand perroquet, en danger critique d’extinction, compte seulement 247 individus. Toutefois la diversité génétique des populations semble préservée, d’après cette étude. Les explications avec Joseph Guhlin.

Pesant jusqu’à 4 kilos, le kakapo est le plus gros perroquet du monde. Reconnaissable à son plumage vert et jaune et son bec crochu, il est surnommé “perroquet-hibou”. Alors que l’espèce est quasiment éteinte dans les années 70, avec seulement 18 spécimens, elle compte aujourd’hui 247 individus. Le résultat d’un programme de conservation inédit. En 2021, la population de kakapos avait ainsi augmenté de 25% et atteint un pic de 252 oiseaux.

Des chercheurs de l’Université d’Otago se sont intéressés au génome de ces populations afin d’identifier leur degré de consanguinité et les effets de certaines mutations génétiques. Ils ont ainsi achevé le séquençage ADN de la quasi-totalité des kakapos. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution.

Les menaces pour le kakapo

Les kakapos (Strigops habroptilus) sont des perroquetsnocturnes mesurant près de 60 centimètres. La taille de leurs ailes par rapport à leur corps ne leur permet pas de voler. Originaires d’Aotearoa, en Nouvelle-Zélande, leur aire de répartition s’étendait autrefois sur tout l’archipel. Mais après une prolifération de chats et de rats, elle se limite aujourd’hui à quelques îles étroitement surveillées et exemptes de prédateurs. « La prédation par des parasites envahissants est à l’origine du déclin le plus important de la population », déclare Joseph Guhlin, premier auteur de l’étude, pour Sciences et Avenir. Les scientifiques ont également constaté des problèmes d’infertilité, d’échecs embryonnaires et de maladies : l’aspergillose et la cloacite notamment.

Les femelles kakapos ne se reproduisent que tous les 2 à 4 ans. Pour préserver la diversité génétique des populations, les scientifiques encouragent les accouplements d’oiseaux de différentes régions. « On déplace des individus le temps de l’accouplement », indique le chercheur. « Il y a un mois, quatre oiseaux ont ainsi été transférés vers l’île du Nord ». L’enjeu du séquençage de l’ADN des kakapos est simple : identifier les traits les plus favorables à la survie des kakapos. L’équipe de biologistes pourra ainsi sélectionner les individus les plus robustes et les déplacer sur d’autres îles pour qu’ils s’y reproduisent…

Article complet sur Sciences et Avenir du 7 septembre 2023