Noé : « Le plan Écophyto mis à l’arrêt pour sortir de la crise agricole : une aberration pour la protection de la biodiversité et la santé publique »

Face à la gronde légitime des agriculteurs ces derniers jours en France, le gouvernement Attal a annoncé hier parmi une série de mesures, « mettre en pause » le plan Écophyto dont l’objectif est de réduire l’usage des pesticides.

Une décision a priori accueillie avec satisfaction par les agriculteurs et par la FNSEA, qui a alors appelé à la levée des barrages routiers. Cette mise à l’arrêt du plan Écophyto est pourtant extrêmement inquiétante tant d’un point de vue écologique que sanitaire. Une décision qualifiée même de criminelle par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint que nous ne pouvons qu’approuver.

Car les pesticides tuent. Tuent la biodiversité et tuent les êtres humains.

En trente ans, les pesticides ont éliminé 80% des insectes, et en quinze ans ils ont tué 30% des oiseaux. Mais ils polluent aussi près de la moitié des cours d’eau et près d’un tiers des nappes souterraines françaises qui présentent des traces significatives de pesticides.

Et le constat est tout aussi alarmant concernant la santé humaine. La recherche médicale affirme en 2022 que les pesticides sont à l’origine de certains cancers, de troubles cognitifs, des affections touchant la vessie, les reins, la thyroïde plus fréquemment rencontrés parmi les agriculteurs (+ 20% de myélomes et + 50% de lymphomes selon l’étude Agrican).

L’écologie n’est pas le mal des agriculteurs. Pas plus qu’elle ne devrait être le bouc-émissaire facile de la crise agricole.
On ne pourra pas sauver l’environnement sans les agriculteurs. Mais la réciproque est tout aussi vraie. L’agriculture fonce droit dans le mur si elle ne replace pas l’environnement au cœur de ses préoccupations. La mise en arrêt du plan Écophyto résonne comme une honte pour les défenseurs de la biodiversité que nous sommes, mais présage aussi d’un atterrissage encore plus violent dans les années futures…