POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 30 ANS, LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE SE MOBILISE EN FAVEUR DE LA PROTECTION D’UNE ESPÈCE DE SINGE

L’IFAW communique : Le macaque de Barbarie pourrait se voir donner une nouvelle chance de survie par la CoP17 de la CITES

Johannesburg, 27 septembre 2016 – Pour la première fois en 30 ans, les Parties de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) vont envisager la protection accrue d’une espèce de singe. Les macaques de Barbarie seront au cœur du débat à Johannesburg, tout comme d’autres espèces emblématiques comme les éléphants, les lions, les rhinocéros et les requins.

La réunion de la Conférence des Parties de la CITES (CoP17) qui a lieu en ce moment même en Afrique du Sud, a la possibilité de changer la destinée des macaques de Barbarie et d’éviter l’extinction de cette espèce. De manière quasiment inédite, tous les Etats de l’aire de répartition de l’espèce et les principaux pays consommateurs de ces animaux se sont réunis et mobilisés pour soutenir une proposition conjointe du Maroc et de l’UE pour le transfert de l’espèce en Annexe I. Ce transfert garantira à cette espèce le plus haut niveau de protection internationale contre le commerce et contribuera aux mesures de lutte contre le trafic de cette espèce. La proposition a également reçu le large soutien de la communauté mondiale de la conservation et de la protection des animaux.

Le macaque de Barbarie (Macaca sylvanus) est la seule espèce africaine de primate au nord du Sahara, la seule espèce de macaque en Afrique et la seule espèce de primate vivant à l’état sauvage en Europe (Gibraltar) à l’exclusion des humains. Ces 30 dernières années, les populations de ce primate unique se sont étiolées au Maroc et en Algérie, passant d’environ 23 000 à un nombre compris entre 6 500 et 9 100 individus. Le plus grand sous-groupe sauvage, qui habite les forêts de cèdres de moyenne montagne de l’Atlas marocain, a été décimé : il ne reste que 5 000 individus, soit un déclin de 65 % en seulement 30 ans.

Un nombre important de macaques de Barbarie, surtout les petits, sont capturés illégalement dans la nature et vendus chaque année, en priorité pour alimenter le commerce d’animaux de compagnie exotiques en Europe et pour être utilisés comme accessoires pour les photos des touristes. La protection accordée à l’espèce au Maroc et en Algérie, le classement en Annexe II de la CITES et l’interdiction d’importation décidée par l’UE n’ont que très peu contribué à enrayer le braconnage et le trafic de ces primates intelligents et sensibles en danger d’extinction. L’activité criminelle se concentre de plus en plus entre les mains de réseaux criminels internationaux organisés. Le macaque de Barbarie demeure le mammifère vivant CITES le plus saisi dans l’UE.

« Le macaque de Barbarie pourrait se voir donner une nouvelle chance de survie lors la CoP17 de la CITES. Des collaborations intenses avec les autorités au Maroc et en Europe ont permis à l’espèce de bénéficier d’une plus grande attention et de devenir une priorité. Nous voyons désormais la communauté internationale se mobiliser pour cette espèce et reconnaître son importance dans la lutte contre le trafic mondial d’espèces sauvages », a expliqué Raquel Garcia de l’Animal Advocacy and Protection, un centre de sauvetage européen de référence pour les macaques de Barbarie victimes du commerce illégal. L’Animal Advocacy and Protection estime qu’environ 3 000 macaques de Barbarie seraient actuellement détenus comme animaux de compagnie en Europe.

Gerben Jan Gerbrandy, membre du Parlement européen du groupe politique D66 et chef de délégation du Parlement européen à la CoP17, reconnait l’importance de la situation : « L’adoption de la proposition conjointe du Maroc et de l’UE serait une étape clé dans la protection d’une espèce dont l’UE se trouve malheureusement être la destination  principale. Nous devons dorénavant nous assurer que l’accord soit appliqué correctement et de manière cohérente. C’est ainsi que l’on pourra faire une réelle différence. »

L’Afrique du Nord est la porte d’entrée vers l’Europe pour d’autres flux de produits illégaux d’espèces sauvages, comme des spécimens vivants de tortues menacées d’extinction. Le fait de mettre un terme au trafic de macaques de Barbarie devrait donc contribuer à la protection d’autres espèces menacées dont certaines sont à l’agenda de la CoP17.

« Cette espèce vraiment unique de primate en danger d’extinction a besoin de toute la protection que peut lui fournir la communauté internationale. La plus haute protection possible de la part de la CITES va renforcer les efforts de conservation en cours afin d’aider le macaque de Barbarie à survivre et prospérer. Il est tout à fait logique de soutenir les États de l’aire de répartition de l’espèce, le Maroc et l’Algérie, dans ce but », a ajouté Rikkert Reijnen du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW – www.ifaw.org).

Soutien de la proposition par la communauté scientifique

Le Dr Shirley McGreal, de l’International Primate Protection League, a également fait part de son soutien appuyé : « Je suis à la conférence NAPSA (North American Primate Alliance) à Tacoma aux États-Unis et bien évidemment l’IPPL est ravi que le Maroc et l’UE aient proposé le transfert du macaque de Barbarie à l’Annexe I de la CITES. Il reste moins de ces singes dans le monde que d’habitants dans la petite ville où je vis ! »

Le Dr John Cortes est le co-éditeur de The Barbary Macaque : Biology, Management and Conservation (2006). Il est un défenseur de l’espèce depuis très longtemps : « Je soutiens et appuie entièrement cette proposition. En tant que Ministre de l’Environnement à Gibraltar, un Etat de l’aire de répartition du macaque de Barbarie, et étant familier de cette espèce en Afrique du Nord, je suis entièrement d’accord avec la proposition et ses objectifs. »