Steve Sawyer: mort d’un géant de l’écologie

Ancien dirigeant de Greenpeace international, il avait dirigé le conseil mondial de l’énergie éolienne.

Peu connu du grand public francophone, Steve Sawyer était un monument de l’écologie. Né en 1956 en Nouvelle-Angleterre, il découvre la question environnementale dans les livres. A commencer par ceux de Rachel Carson, auteure du fameux Printemps silencieux, premier ouvrage grand public à décrire les ravages du DDT.

Au seuil des années 1980, il croise la route de Greenpeace. A l’époque, l’ONG milite pour la protection des baleines et contre les essais nucléaires. Pressenti pour collecter des fonds, il s’embarque sur les bateaux de la Paix verte. Cap sur le terrible Golfe de Gascogne, où les Zodiac de l’association tentent d’empêcher l’immersion des déchets nucléaires européens. Les terribles images qui seront prises lors de ces confrontations alerteront l’opinion publique mieux que de nombreux discours. Cette pratique sera interdite en 1993.

MARIN SUR LE RAINBOW WARRIOR

En août 1985, Steve Sawyer est membre de l’équipage du Rainbow Warrior. L’ancien chalutier doit appareiller pour la Polynésie française pour perturber la campagne de tirs nucléaires tricolores. Auparavant, il évacue la population de Rongelap, un atoll des Marshall contaminé par les retombées de l’explosion d’une bombe H américaine. En escale à Auckland (Nouvelle-Zélande), le navire amiral de l’organisation est dynamité par les services secrets français. Vouée aux gémonies en France, l’ONG voit affluer, partout ailleurs, les dons et les adhésions. Greenpeace devient une organisation écologiste mondiale. Sawyer en prend la tête en 1988.

Directeur exécutif, Sawyer réoriente les priorités de l’organisation. Sans oublier les cétacés, Greenpeace se mobilise en faveur de la couche d’ozone stratosphérique, de la protection de la Méditerranée et de la préservation du continent antarctique. Tous ces combats ne seront pas gagnés. Mare nostrum reste la poubelle de l’Europe et de l’Afrique du nord. Les baleines sont toujours chassées. Mais sous la direction de Sawyer, l’ONG peut s’enorgueillir d’avoir fait aboutir le protocole de Montréal (qui interdit les CFC grignoteurs de la couche d’ozone) et la cause de l’Antarctique.

CAP SUR LE CLIMAT

Ecologiste dans l’âme, Steve n’avait rien du khmer vert, cher à quelques pseudo philosophes français. Marié à Kelly Rigg (campagneuse en chef de Greenpeace pour le sommet de la terre de 1992), père de deux enfants, féru de blues et passionné de SF, ce marin accompli avait l’humain pour passion. Un humain qui ne peut vivre dans un environnement trop dégradé. Ce constat amène rapidement Sawyer à aiguiller Greenpeace sur une nouvelle thématique, pas encore mainstream: le changement climatique.

Ce Global Warming l’emmènera hors de l’organisation qu’il aura servi et dirigé trois décennies durant. En 2007, il devient le premier secrétaire général du Conseil mondial de l’énergie éolienne (GWEC). Durant ses 10 années de responsabilité, rappelait-il, la puissance du parc mondial de turbines est passée de 74 à 539 GW. Une sacrée satisfaction pour cet homme affable qui savait convaincre en douceur. Stewe Sawyer est mort, ce mercredi 31 juillet, après une brève mais intense lutte contre un cancer du poumon. You can’t sink a rainbow.

Le Journal de l’Environnement/31 juillet 2019 par Valéry Laramée de Tannenberg