« Un résultat effarant, mais pas étonnant » : l’effondrement du nombre d’insectes se confirme grâce à une étude participative britannique

Plus de 9 000 Britanniques ont participé à une expérience inédite, qui a conclu mercredi à une baisse du nombre d’insectes de plus de 60% entre 2021 et 2024.

Quand les citoyens sont appelés à se joindre au travail des chercheurs : c’est ce qu’on appelle la science participative. Au Royaume-Uni, des milliers de personnes sont appelées depuis quelques années à mesurer la diminution des populations d’insectes. Les derniers résultats de cette étude, baptisée Bugs Matters (« les insectes sont importants »), ont été publiés mercredi et sont alarmants.

Depuis quatre ans, plus de 9 000 Britanniques ont participé à cette expérience inédite. Il s’agit tout simplement de photographier la plaque d’immatriculation de sa voiture après un voyage pour y mesurer le nombre d’insectes qui s’y sont écrasés. L’application, sur smartphone, prend en compte la longueur du trajet, la date, la météo. Les données sont ensuite analysées par deux organisations de conservation de la nature. Résultat : entre 2021 et 2024, le nombre d’insectes s’est effondré d’au moins 63%.

Un résultat qui ne surprend pas Philippe Grandcolas, écologue au CNRS.« L’expérience avec ces plaques d’immatriculation est très ingénieuse, c’est un bon échantillonnage écologique. Le résultat est effarant en termes d’intensité, mais en termes de tendance, il n’est malheureusement pas étonnant. On est dans une situation d’effondrement rapide et brutal », analyse-t-il. Les causes sont connues : pesticides, dérèglement climatique, mais aussi le recul des espaces naturels, au Royaume-Uni comme en France. « En France, on perd encore 20 000 km linéaires de haies par an et on dégrade encore nos zones humides. Les libellules, par exemple, déclinent également », poursuit l’écologue.

Le risque « de problèmes de productivité et d’équilibre très graves »

Tous ces insectes jouent pourtant des rôles primordiaux. Beaucoup d’entre eux pollinisent les plantes, c’est-à-dire qu’ils transportent le pollen d’une fleur à l’autre. Cela permet de produire des fruits, l’un des nombreux services rendus par ces petites bêtes à la nature et à l’homme. « Un monde sans insectes est un monde dans lequel la production de fruits et de légumes par la végétation s’effondre. C’est un monde dans lequel le recyclage de la matière organique ne va pas se faire de manière correcte, dans lequel les feuilles mortes vont s’accumuler. Un monde dans lequel les oiseaux et les amphibiens auront du mal à trouver de la nourriture. On aura des problèmes de productivité et d’équilibre très graves« , alerte l’écologue.

Pour enrayer cet effondrement des populations, une priorité selon Philippe Grandcolas est de diminuer fortement le recours aux pesticides. L’Assemblée nationale doit pourtant examiner à la fin du mois un texte pour réautoriser certains néonicotinoïdes, ces pesticides surnommés les « tueurs d’abeilles. »

Source : France Info

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