Personnalités à découvrir

GAY Jean-Paul

Même s’il n’est en est pas l’initiateur, Jean-Paul Gay, 68 ans, est le véritable maître d’oeuvre et animateur du festival de la Camargue et du delta du Rhône, créé en 2004, arrêté en 2009, puis relancé en 2015.

Adjoint au maire de Port Saint-Louis du Rhône, chargé du cadre de vie, de l’environnement, du tourisme (vice-président de l’office du tourisme) et du logement, il a consacré plus de 10 ans à ce temps fort de l’environnement et de la nature dans son pays natal qu’il aime passionnément.

Nous l'avons rencontré avant l’ouverture du festival le 13 mai.

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Vous pouvez nous évoquer les quelques étapes importantes de votre parcours ? Je suis né à Port Saint-Louis du Rhône, qui fait partie de la Camargue. Mon grand père m’emmenait aux courses camarguaises, la course à la cocarde, pas la corrida!

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De très bonne heure, j’ai été dans la nature ; dans ma famille on est tous chasseur, pêcheur. On se baignait dans le Rhône, j’ai appris à nager dans le Rhône. On traversait les marais ; j’y ai appris à communiquer avec la nature, à écouter les oiseaux.

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Mon grand père avait un cabanon à 7km de Port Saint-Louis où on allait souvent, le weekend, durant les vacances, un refuge, une résidence secondaire naturelle qu’on a améliorée peu à peu (adduction d’eau, panneaux solaires) ; elle est toujours dans la famille et on continue d’y aller.

J’ai fait des études d’aide chimiste, je suis rentré à l’usine de Lavéra à Fos, future BP Chemicals, où j’ai terminé chimiste. Je suis donc assez informé sur les rapports entre l’industrie et la nature.

Puis en 1996 je suis devenu colistier de l’équipe de la mairie, puis on m’a demandé de m’occuper de l’environnement auprès du maire Philippe Caizergues, véritable instigateur du festival.

En 2004, je deviens adjoint au maire, on décide de créer un événement, un festival, au départ « de l’oiseau et de la nature », un peu similaire à celui de la baie de Somme, pour rassembler tous les amateurs et amoureux de la nature, pêcheurs, chasseurs, photographes, peintres et sculpteurs animaliers, acteurs de terrain… Succès dès la première année, les gens étaient friands.

L’année suivante, on a changé le nom, le nom actuel - Festival de la Camargue et du delta du Rhône – étant plus conforme à notre souhait d’intégrer la Camargue et le delta avec les villes du cru, les Saintes-Maries-de-la-mer, Arles, Fos, qui vont d’Arles à Aigues-Mortes.

Anne et J.Paul

2009 a été la meilleure année, 25 000 visiteurs sur la semaine dont 8 000 au village de l’oiseau à Port Saint-Louis.

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En 2010, changement d’équipe municipale, le festival s’arrête pour des raisons politiques. Il reprend en 2014.

Cette année – du 13 au 19 mai - le festival sera dédié à l’ornithologue Alan Johnson – « monsieur flamant rose » -, un grand monsieur, décédé le 24 décembre 2014, que j’aimais beaucoup (cf article du Midi Libre ci-après l'interview).

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Alan Johnson honoré par un prix remis par la communauté des spécialistes des flamants en l'honneur de son engagement d'une vie à l'étude et à la conservation de l'espèce (San Diego/octobre 2014) 

 

Beaucoup d’événements en ponctueront le déroulé :  : village de l’oiseau – 1000m2 de tentes -, exposition de la Wildlife Photographer of the Year (concours Museum de Londres/BBC) sur 300m2, sorties nature accompagnées (100) en Camargue avec le Parc, la réserve, la Tour du Valat, la LPO, les fédérations de pêche et de chasse, spectacle de cerfs-volants (OK Mistral, aéro-photographes), sorties de char à voile, soirées dans chaque ville partenaire, événement fort à Arles (piste cyclable Arles/Port Saint Louis)… Voir le programme.

Quelles personnes vous ont marqué dans ce parcours ? Alan Johnson, Jean Jalbert – directeur général de la Tour du Valat -, Fred Lamouroux (famille camarguaise propriétaire et gestionnaire du parc ornithologique du Pont de Gau) ont beaucoup compté pour moi.

Nicolas Vanier aussi, lors de la présentation de son « Dernier Trappeur » lors du 3ème festival.

Si vous étiez un animal sauvage ? J’hésiterai entre l’aigle – un bel animal, et le loup. Mon père me citait un poème à propos du loup, je vous le dirai un jour. La vie du loup, passionnant !

Racontez-nous une belle rencontre de vie sauvage ? Les taureaux camarguais avec mon grand père, qui nous regardaient venir avec « curiosité »! On avait un peu peur mais ils finissaient par s’éloigner.

Et les chevaux de Camargue bien sûr. On les approchait avec un quignon de pain, puis on essayait de les monter à cru ; quelquefois on se retrouvait par terre !

Un animal disparu revient, lequel ? Des espèces reviennent, comme le castor. Les milieux évoluent, les hérons, les aigrettes se voient plus souvent. Les silures, par contre, s’installent au détriment d’autres espèces.

Vous disparaissez ce soir, quel message aimeriez-vous laisser ? 

Comme je dis à mes petits enfants – que j’emmène pêcher ou écouter les oiseaux ou voir un coucher de soleil : prenez conscience que c’est grâce à la nature que l’on vit. Plus longtemps on préservera ces espaces, plus longtemps ce sera le bonheur.

 

Alan Johnson : Article paru dans le Midi Libre en décembre 2014

Camargue : le dernier vol d’Alan Johnson, "monsieur Flamant"

On l'appelait Monsieur Flamant. Alan Johnson, ornithologue de référence mondiale est décédé le 24 décembre. Un tendre sobriquet qui suffit à témoigner de la passion de ce britannique originaire de Nottingham pour l'objet de son étude : le flamant rose

L'ornithologue atterrit en Camargue dans les années soixante et n'en repartira plus à la faveur d'une rencontre avec le docteur Luc Hoffmann, créateur en 1954 de la station biologique de la Tour du Valat. Réunissant un carré d'as (lire ci-contre), le célèbre mécène et biologiste invite Alan Johnson à étudier le phénomène de désertion des sites de nidification des flamants roses à la fin des années soixante. L'homme et l'oiseau formeront alors un compagnonnage de plus de cinquante ans.

"Un mec génial, tout en humilité"

Créateur en 1969 de l'îlot du Fangassier, il contribuera alors au retour de cet oiseau devenu aujourd'hui un des emblèmes de la Camargue. "Il y a des gens qui ne devraient pas disparaître, glisse, dans un sanglot, René Lamouroux, fondateur du parc ornithologique du Pont-de-Gau, aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Si on connaît quelque chose sur cet oiseau, c'est grâce à lui." Après une quasi-décade d'absence, le retour du volatile en 1976 en terre de Camargue transforme l'étude en un projet phare de la station et confère une dimension internationale aux travaux de l'ornithologue ainsi qu'à ses protégés.

Alan Johnson devient une référence mondiale, sans jamais se départir d'une légendaire humilité. "Je me souviens de lui en plein hiver 69, sous le froid mistral, créant des nids artificiels avec des seaux à vendanges, se souvient son compatriote et ornithologue John Walmsley. L'année suivante, des couples sont revenus nicher sur le site." Un succès qui se poursuit par la création d'un réseau d'observation à l'échelle européenne et méditerranéenne afin de comprendre les migrations de l'espèce. "Il était à l'opposé de l'image que l'on se fait du scientifique, rappelle Frédéric Lamouroux, ornithologue au Pont-de- Gau. Un mec génial, tout en humilité."

L'année de ses 74 ans, Monsieur Flamant a donc pris son dernier envol.

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