Biodiversité : près de 500 barrages, obstacles à la migration des poissons, ont été détruits en 2023 à travers l’Europe

Ces barrages perturbent la « continuité écologique » des rivières. Dans les trois quarts des cas, ces destructions concernent de petits ouvrages, mais ça n’en reste pas moins une bonne nouvelle pour la biodiversité.

Il y a de moins en moins de barrages et autres obstacles à l’écoulement naturel des cours d’eau, selon le décompte de la Fondation mondiale pour la migration des poissons, publié lundi 15 avril. C’est une bonne nouvelle pour la biodiversité en Europe et c’est assez rare pour être signalé. Près de 500 barrages, seuils ou écluses ont été détruits en 2023 à travers l’Europe. Un nouveau record porté par la France, le meilleur élève du continent avec plus de 150 obstacles démolis sur les 80 000 que compte notre pays. Nous sommes suivis par l’Espagne puis la Suède. On ne parle pas d’immenses barrages dynamités, dans les trois quarts des cas, ces destructions concernent de petits ouvrages de moins de deux mètres. Il s’agit souvent de déversoirs anciens devenus obsolètes mais toujours très embêtants pour la biodiversité.

Ces obstacles, même petits, n’ont rien d’anodin, en particulier pour les poissons. Ils perturbent la « continuité écologique » des rivières. Saumons, esturgeons, truites ou anguilles sauvages se retrouvent bloqués et ne peuvent pas rejoindre leur zone de reproduction ou d’alimentation. C’est une des raisons de la dégringolade spectaculaire des populations de poissons migrateurs d’eau douce en Europe, elles ont chuté de 90% ces 50 dernières années. Toute la chaîne alimentaire est évidemment perturbée, à l’autre bout les loutres, par exemple, ont beaucoup plus de mal à se nourrir. Ces barrages perturbent également l’écoulement des nutriments indispensables à la flore et qui permettent aussi de fertiliser naturellement des terres agricoles. Les impacts sont massifs puisque l’Europe compte plus d’un million d’obstacles artificiels sur ses rivières.

Un texte européen crucial

Les ONG espèrent donc davantage d’effort en la matière, et appellent les États européens à valider définitivement le règlement sur la restauration de la natureapprouvé en février par le Parlement à Strasbourg. Le texte prévoit notamment de rétablir l’écoulement naturel d’au moins 25 000 kilomètres de cours d’eau d’ici 2030. Sauf qu’à ce stade, sur fond de crise agricole, il n’y a pas de majorité au Conseil européen à l’approche des élections. C’est une autre disposition du texte qui divise : restaurer au moins 30% des habitats en Europe, dont les tourbières asséchées au profit du monde agricole pour irriguer les cultures.