Comment l’Unesco veut sauver les grands singes

Le Muséum national d’histoire naturelle et la Fondation pour la nature et l’homme veulent que soient reconnues au titre de Patrimoine immatériel de l’Unesco les cultures traditionnelles en rapport avec nos plus proches cousins.

Inscrire certaines cultures traditionnelles au Patrimoine immatériel de l’Unesco pour empêcher gorilles et chimpanzés de disparaître ? On n’en est pas encore là. Mais l’idée chemine, comme en témoignait le colloque qui s’est tenu le 22 octobre au Palais du Luxembourg de Paris, en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle, sur le thème : « Sauver les grands singes : un enjeu pour l’humanité ».

Derrière l’inéluctable déclin de nos plus proches cousins, dont 70 % des populations ont disparu au cours du dernier demi-siècle du fait de la dégradation sans précédent de la forêt tropicale, c’est en effet toute la biodiversité de la planète qui est menacée. Donc, notre propre espèce.

Problème : comment protéger ces animaux sauvages, opportunistes et avides de nourriture, sans nuire aux populations humaines qui partagent leur habitat ? Pour Sabrina Krief, spécialiste de l’écologie des chimpanzés au Muséum, il n’y a qu’une manière de résoudre ce dilemme : plutôt que d’ériger des frontières entre nous et la nature et de préserver des espaces vierges de toute empreinte humaine – type « parcs nationaux » –, il faut étroitement associer les populations autochtones aux sites à protéger.

« Ces zones protégées créent souvent des frontières entre humains et non-humains, voire entre les hommes eux-mêmes en réduisant leur espace exploitable.  Résultat : à la bordure des parcs nationaux, les grands singes ne sont plus connus que pour les actions de prédation sur les zones cultivées, et aucune occasion de les rencontrer en dehors de ces conflits n’existe plus », constate-t-elle. Progressivement, ces relations délétères prennent le pas sur les traditions locales relatives aux grands singes. Des traditions toujours présentes, pourtant, dans la cosmologie de certaines populations locales, du fait de leur ressemblance physique et comportementale avec notre espèce….

Suite de l’article de Catherine Vincent/Le Monde du 18 novembre

 

 

photo : Un chimpanzé ouvre un cadeau de Noël au Lion Country Safari de West Palm Beach, en Floride, le 22 décembre 2016. RHONA WISE / AFP