Les girafes menacées « d’extinction silencieuse »

En Afrique, le nombre de girafes a diminué de 40 % entre 1985 et 2015, mais leur classement dans la catégorie des espèces vulnérables ne date que de 2016.

Pendant des décennies, Lesaiton Lengoloni se posait peu de questions lorsque son chemin croisait celui du plus grand animal terrestre. « Avec une girafe, on pouvait nourrir le village pendant plus d’une semaine », se souvient ce berger samburu vivant sur le haut plateau de Laikipia, dans le centre du Kenya. « Il n’y avait pas de fierté particulière à tuer une girafe, pas comme un lion », raconte cet homme au visage buriné par le temps, appuyé sur un bâton.

Et qu’importe si la chasse de cet animal charismatique est considérée comme du braconnage. « C’était un moyen de subsistance, on mangeait la viande, on se servait de la peau pour le cuir et pour fabriquer des remèdes, et les queues étaient symboliquement offertes aux aînés », explique-t-il. Mais au fil des ans, dit-il, les girafes réticulées, la sous-espèce vivant dans cette région, se sont faites de plus en plus rares.

Sur fond de croissance démographique, leur habitat a été de plus en plus fragmenté et réduit, alors que certains continuent de tuer les girafes uniquement pour leurs os et leur cervelle, considérés comme des remèdes contre le sida, ou leurs queues. A l’échelle du continent, le nombre de girafes a diminué de 40 % entre 1985 et 2015, pour atteindre environ 98 000 individus, selon des chiffres rassemblés par l’Union internationale pour la protection de la nature (IUCN), qui identifie toutefois des dynamiques régionales distinctes….

Le Monde/16 août

 

photo : Une girafe réticulée sur le haut plateau de Laikipia, dans le centre du Kenya, en août 2019. TONY KARUMBA / AFP