Chasse et confinement : la carte de France des dérogations

La France est re-confinée depuis début novembre. Plus de balades en forêt, plus de ramassages de champignons, plus d’observations naturalistes… sauf bien sûr, dans le fameux rayon d’1km autour de chez soi. Pour ne pas avoir respecté cette règle, 11 promeneurs ont écopé d’une amende de 135 euros en forêt du Gavre (Loire-Atlantique). Même sentence pour des ramasseurs de champignons, dans l’Aveyron. Dans le Puy-de-Dôme aussi, des gendarmes patrouillent les volcans pour verbaliser quelques dangereux confinés évadés…

Pendant ce temps-là, dans le monde parallèle des chasseurs, les Préfets autorisent les porteurs d’arme à sortir tuer des sangliers, des chevreuils, des cerfs, mais aussi des mouflons, des chamois, des cormorans, des renards, des corneilles, des chiens viverrins, des ragondins et bien d’autres espèces encore… 

Pour cela, ils ont juste à cocher la case « mission d’intérêt public » sur leur attestation, et se plier à certaines règles sanitaires et administratives.

L’ASPAS, qui avait déjà investi énormément de temps et d’énergie aux scandaleuses dérogations attribuées aux chasseurs lors du 1er confinement, a choisi cette fois-ci de mettre à contribution une armada de sympathisants qui, 5 jours durant, nous ont aidés à mettre la main sur des informations précieuses et à éplucher le contenu des différents arrêtés préfectoraux. C’est un travail de longue haleine, dont nos juristes ont la formule magique, mais qui n’est pas simple à mener tant l’homogénéité des territoires n’est pas de mise ! Cette forte mobilisation (plus de 800 bénévoles !) pour nous soutenir dans cette action indispensable nous a donné du baume au cœur. Plus que jamais nous avons compris qu’il fallait ouvrir l’œil et pu constater, encore une fois, tous les bénéfices d’un réseau solide, à l’écoute et attaché aux valeurs d’équité et de solidarité. Merci à tous les contributeurs de cette action d’avoir pris et donné ce temps précieux !

Maintenant, place aux résultats. Le travail de recherche et de décryptage auquel nous vous avons mis à contribution nous a permis de façonner cette nouvelle carte, qui permet de voir en un coup d’œil quelles préfectures ont le plus cédé au lobby de la chasse…

Nous avons indiqué les « bons » élèves en jaune : c’est-à-dire les départements qui ont respecté a minima la circulaire ministérielle, qui demande aux chasseurs de « réguler » les populations de sangliers et de cervidés.

Les départements en orange sont ceux qui, en plus des sangliers et des cervidés, ont autorisé la chasse ou le piégeage d’au moins un des animaux qui figurent sur la liste des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD), ceux qu’on qualifiait jusqu’à récemment de « nuisibles ». Sur cette liste figurent la belette, la martre, le putois, la fouine, le renard, la pie bavarde, la corneille noire, le corbeau freux, l’étourneau sansonnet et le geai des chênes.

D’autres animaux, non indigènes, sont également concernés par des autorisations de « destruction », car jugées « nuisibles » ou « envahissantes »… C’est le cas du ragondin, du rat musqué, du chien viverrin ou encore du raton laveur.

Enfin, les départements en rouge sont ceux qui ont autorisé la chasse aux sangliers, aux cervidés, aux ESOD, ainsi que d’autres espèces qui ont un impact extrêmement faible sur les activités humaines, et qui ne répondent clairement à aucun impératif d’urgence cynégétique… Bref, dans ces départements, la chasse aux trophées est autorisée ! 

N’oublions pas non plus le gros flou qui entoure les enclos de chasse : dans ces lieux privés, où les chasseurs payent le prix fort pour chasser et repartir avec le trophée de leur choix, aucun contrôle de police n’est effectué… On estime à 1300 le nombre de parcs et enclos de chasse en France. Des lieux très opaques, où il se passe des choses sordides à l’abri des regards. Pour en savoir plus, rendez-vous sur aspas-nature.org/chasse-enclos      

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