Ours et pastoralisme : notre enquête de terrain 2020

Comme elle l’avait fait en 2019, dans son objectif de sauvegarde de l’ours, l’ASPAS a organisé au cours de l’été 2020 des visites de troupeaux dans les Pyrénées, notamment en Ariège (09).

Entre le 21 juin et le 19 septembre 2020, une vingtaine de personnes ont effectué 11 sorties dans des zones à ours. Objectif : témoigner des moyens de gardiennage de troupeaux mis en place par les éleveurs, et proposer des solutions concrètes pour améliorer la cohabitation entre l’ours et les éleveurs, dans le plus grand respect de la faune et de la flore.

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Les bergers semblent satisfaits de la saison 2020 car les prédations leur ont semblé en diminution. Nous avons rencontré des pâtres exerçant une garde serrée profitable au troupeau, avec permanence auprès du troupeau et regroupement nocturne, présence de chiens de protection. Leur professionnalisme porte ses fruits. La garde serrée du troupeau et la présence des chiens de protection garantissent une limitation des prédations. Cette sécurité acquise permet de relativiser la présence du prédateur.

Si les prédations sont en baisse, elles existent toujours en raison de plusieurs anomalies dans la gestion des troupeaux et des défaillances dans les systèmes de protection. En effet : 

  • Aucune des estives visitées en 2020 n’a mis en place le triptyque « pâtre + chiens de protection en nombre suffisant + parc de regroupement fermé électrifié » au complet ;
  • Sur les 17 estives visitées, 15 sont équipées d’1 ou de 2 bergers. 1 troupeau est laissé sans berger ni surveillance, sauf rares visites de contrôle ;
  • 5 estives sur 17 disposaient de chiens de protection, et sur 2 des 5 estives disposant de chiens de protection, les chiens ne sont pas assez nombreux pour une garde efficace du troupeau (parfois 1 patou seulement pour 800 à 1100 brebis)

Concernant les pâtres, nous avons constaté des problèmes liés au :

  • sous-effectif des pâtres : 7 estives ne disposent que d’un seul pâtre pour des troupeaux importants de 1000 à 1700 ovins ;
  • surmenage des pâtres en raison du sureffectif du troupeau et du manque de moyens de garde ;
  • manque de coopération des éleveurs : pas de mise à disposition des moyens de protection, non-participation aux soins du troupeau (lié à la négligence ou à l’éloignement de l’exploitation de l’éleveur et à la pluri-activité de l’éleveur)

 

Par ailleurs, seules 2 estives sur 17 sont équipées d’un parc de regroupement électrifié.

L’impact écologique du surpâturage

  • Comme en 2019, nous avons constaté une dégradation des sols liés au surpâturage, avec la disparition de la flore naturelle au profit de plantes nitrophiles, ainsi qu’une contamination des sols et des eaux par les vermifuges provoquant la mort de milliers de bousiers et autres insectes.
  • Par ailleurs, les densités pastorales provoquent un recul de la faune sauvage terrestre (isards, marmottes, cervidés), pourtant observables en nombre côté espagnol. 

Face aux problèmes rencontrés, l’ASPAS préconise, entre autres :

  • l’utilisation correcte de tous les moyens de protection, notamment en encourageant les groupements pastoraux à prévoir l’équipement de leur estive, en révisant les critères d’attribution des indemnisations Dégâts Ours, et en redirigeant les aides sur la revalorisation du salaire des pâtres ;
  • une amélioration de la qualité des chiens de protection (en perfectionnant la sélection, en proposant des formations Conditionner un chien de protection aux éleveurs, en proposant un test d’aptitude pour les chiens de protection avant leur montée en estive) ;
  • un plus grand respect du milieu naturel, de la faune sauvage et de la flore naturelle (en étudiant et limitant les taux de chargement des estives, en encourageant au déplacement périodique des parcs de soins, des parcs de regroupement, etc.)

>> A lire aussi : notre enquête de terrain 2019 

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