Le coin des militants, Personnalités à découvrir

Christophe CORET, Président d’AVES France

AVES France est une association de protection de la nature et des animaux sauvages, libres ou captifs. Elle est spécialisée sur la cohabitation avec les grands prédateurs (ours, loup), la lutte contre les spectacles de montreurs d’ours et de loups, ainsi que sur la défense de l’environnement, de la nature et de la faune sauvage mal aimée (blaireau, renard, corvidés...).

AVES France apporte également son soutien aux associations de terrain qui oeuvrent pour les 8 espèces d'ours et développe des outils pédagogiques pour sensibiliser le grand public, dont un spectacle sur l'ours polaire et le réchauffement climatique à destination des écoles élémentaires : Papouk le Pizzly, un ours polaire pas comme les autres.

Enfin, AVES France met en place des actions de terrain, notamment avec sa campagne Renatur’Action, dont le but est de réhabiliter des terrains qui ont été sur-exploités par les hommes, afin d’y faire revenir la vie sauvage.

Rencontre avec son Président, Christophe Coret

L'homme

Quel cheminement jusqu’à cette implication pour la sauvegarde de la faune ? Un itinéraire prévu, construit ou les aléas de la vie ?

J’ai du naître avec une sensibilité particulière pour les ours, car il m’est impossible d’expliquer pourquoi je me suis toujours senti aussi proche de cet animal.

Rien dans ma famille ne me prédestinait à m’investir dans la cause animale. J’ai bien retrouvé des photos de moi enfant où l’ours était omniprésent, mais c’est le cas chez la plupart des enfants sans qu’ils décident de leur consacrer une partie de leur vie.

Une de mes premières rencontres avec l’ours, c’était au zoo de Vincennes. Il y avait un ours qui se baignait dans l’eau verdâtre de sa fosse. Je suis resté bloqué devant cet enclos de béton, triste de le voir ainsi prisonnier et en empathie avec lui.

Ensuite je l’ai oublié, ou du moins j’ai retrouvé une vie normale pour un enfant.

Quelques années plus tard, la passion de l’ours s’est rappelée à moi. J’ai commencé à collectionner tous les articles qui pouvaient paraître sur les ours, puis les livres.

Ado, j’ai visité l’horrible zoo du Mont Faron à Toulon et je me suis juré de sortir un jour les trois ours qui partageaient une minuscule cage bétonnée.

Puis j’ai créé un premier site internet en 2000 qui m’a permis de combattre ma timidité et de commencer à échanger avec d’autres passionnés.

 

Pourquoi avoir choisi l’ours (même si votre structure défend aussi le blaireau et le loup)?

C’est vrai que quand nous avons fondé AVES France avec Sylvie Cardona, nous avions tous les deux évolué dans plusieurs associations, mais c’était la passion pour les grands prédateurs qui nous réunissait.

Elle le loup. Moi l’ours.

D’ailleurs le nom de l’association vient de là. Nous avions été contactés par AVES Roumanie qui menait une campagne contre le braconnage des ours.

Nous avons décidé de créer une antenne en France qui est devenue AVES France. C’est probablement cette histoire qui m’a poussé à m’expatrier en Roumanie quelques années plus tard.

J’avais besoin de voir autre chose, de m’éloigner des interminables polémiques liées à la présence de l’ours en France.

Cette expérience a duré 3 ans et ce recul m’a fait le plus grand bien. A mon retour, je me suis juré de ne plus nourrir ces polémiques stériles et affrontements entre pro et anti ours ou loups.

 Par contre, je me suis aussi fixé l’objectif d’en finir avec les montreurs d’ours.

En Roumanie, j’ai rencontré Cristina Lapis qui dirigeait un refuge pour les ours captifs à Zărneşti.

Apprendre que ce pays avait réussi à interdire cette pratique alors que l’activité des montreurs d’ours était traditionnelle m’a prouvé que c’était possible et qu’il fallait nous battre, en France, pour y mettre un terme.

Et puis, de nouvelles forces bénévoles ont rejoint AVES France, ce qui nous a permis de nous ouvrir à d’autres combats.

L’arrivée de Frédéric DANIEL a été une bouffée d’oxygène. Il n’aime pas se mettre en avant, bien qu’il ait accepté de prendre la vice-présidence lors de notre dernière assemblée générale, mais il fait un travail extraordinaire et j’ai vraiment de la chance de pouvoir travailler avec lui.

C’est grâce à son travail sur les consultations publiques que nous réussissons à convaincre certaines préfectures d’abandonner les périodes complémentaires de vénerie sous terre du blaireau.

Je dois aussi rendre hommage au travail exceptionnel de nos avocats, Maîtres Coline ROBERT et Andréa RIGAL CASTA, grâce à qui nous avons remporté plusieurs batailles devant les tribunaux administratifs pour les renards et les blaireaux.

 

Une belle rencontre avec cet animal ?

Les belles rencontres sont autant humaines qu’animales.

Grâce à l’association, j’ai rencontré Nicole SOTEAU et Pascal LEROY qui sont passés du statut d’adhérents à celui d’amis très proches.

En janvier 2016, nous avons passé deux semaines en Equateur. Ça reste, de loin, mon meilleur souvenir de voyage. D’abord parce que ce pays est étonnant et qu’on passe en quelques heures de l’Amazonie et sa végétation luxuriante, sa faune extraordinaire, au paramo, à 4000 mètres d’altitude.

Ensuite parce que c’était ma première rencontre avec les ours à lunettes.

Nous avons rencontré Armando Castellanos d’Andean Bear Foundation, qui nous a guidés sur les plus beaux sommets équatoriens à la recherche de tapirs des montagnes et des ours à lunettes.

Ce petit ours, je ne le connaissais que par les livres que j’avais pu lire ici, en France. Et découvrir ce petit ours sur le terrain m’a convaincu qu’il ne fallait pas toujours croire ce qu’on lisait !

J’imagine que les gens qui avaient écrit sur les ours à lunettes ne les avaient étudiés qu’à travers les barreaux des cages des zoos… parce que la réalité était bien différente. Ceux qu’on décrivait comme des petits ours arboricoles et végétariens étaient aussi capables de s’attaquer à des chevaux, à des tapirs, et même de se dévorer entre eux.

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Après pas mal d’efforts, nous avons finalement réussi à observer une ourse. Elle nous avait fait crapahuter pendant des heures… et pour cause.

Nous avions appris quelques semaines plus tard qu’elle attendait des petits.

On passe tellement d’heures à espérer voir ces animaux si discrets que quand enfin la rencontre se concrétise par quelques minutes d’observation, on a l’impression de vivre un moment unique, presque magique.

 

L’espèce d’ours que vous n’avez pas encore vue et dont vous rêvez ?

Plus jeune, je rêvais de voir des ours polaires, tout en étant gêné du business autour de cette espèce.

Les voyagistes prennent les touristes pour des vaches à lait et je ne me sentirais pas à l’aise de participer à une observation au milieu d’un troupeau humain enfermé dans un énorme véhicule.

Par contre, j’adorerais pouvoir rencontrer des ours malais.

 

Je suis depuis de nombreuses années le travail de Wong Siew Te du Bornean Sun Bear Conservation Centre, mais aussi celui de Patrick Rouxel qui a créé l’association "Aider les ours".

On a longtemps illustré le drame de la déforestation en Indonésie par des images d’Orangs-Outans qui errent sur des terres ravagées ou qui luttent contre des bulldozers.

Mais le sort des ours malais n’est pas plus enviable. Ils payent même un lourd tribu face à la destruction de leur habitat, notamment pour faire plus de place à la production d’huile de palme.

Ça se passe loin de chez nous, donc on a tendance à oublier… mais c’est un véritable drame qui se poursuit là-bas.

 

La rencontre la plus triste avec cet animal ?

Certainement mes rencontres avec l’ours Micha, qui était exploité par les Poliakov.

D’abord parce que j’ai assisté à plusieurs spectacles pour alerter et tenter de les arrêter, mais surtout parce qu’il a fallu que je le filme mourant en septembre 2019 pour qu’enfin on obtienne sa saisie.

Je n’ai jamais vu personne sur le terrain, mais tout le monde considérait ce pauvre ours comme une prise de guerre.

Il a été pour moi l’illustration parfaite des divisions entre les associations de protection animales. Certains sont prêts à tout dans ce milieu pour tuer ce qu’ils voient comme de la concurrence, pendant que moi naïvement je partageais chaque information glanée en espérant que l’union ferait la force.

Au final, Micha est mort au bout de quelques semaines, les deux autres ours ont été saisis sous la pression et placés dans des sanctuaires adaptés… mais la publication du verdict le 1er septembre dernier a été une nouvelle source de douleur, puisque le sort des animaux n’a toujours pas été scellé.

Quand on a autant d’éléments et de preuves de maltraitances, clairement on ne comprend pas ce qui cloche en France.

Nos partenaires du Barenpark Schwarzwald, qui prennent en charge à leurs frais l’ourse Franca (ex Glasha) depuis près de 2 ans ont été aussi choqués que nous par ce verdict… et ne savent toujours pas quel avenir l’administration française lui réserve.

 

Un livre fondateur ?

Sans hésiter : Danse avec les Ours  - O.P.A sur les Pyrénées de Christian Laborde, aux Editions Régine Déforges dans la Collection Coup de gueule ! ISBN : 2-905538-90-2

J’adore ce livre. Il ne se lit pas, il se dévore. C’est pour moi la référence historique de la lutte contre le tunnel du Somport… et un cri de défense pour le territoire des ours.

 

Un film à conseiller ?

"Gorille dans la brume"

Affiche DVD

OK, pas d’ours dans ce film, mais il me bouleverse à chaque fois que je le regarde. Le combat de Dian Fossey, tellement bien incarnée par Sigourney Weaver, est un exemple. Evidemment cela ne veut pas dire que j’espère avoir une fin aussi tragique qu’elle ! :-D

 

L’endroit sauvage ultime ?

Dans n’importe quelle forêt un peu préservée. J’adore aller y marcher, ça me calme… sauf quand je tombe sur d’énormes parcelles mises à nue par l’ONF.

J’ai une aversion pour les coupes rases et les chemins dévastés par les engins d’exploitation forestière.

 

Un(e) confrère ou un scientifique source d’inspiration ?

J’ai eu beaucoup d’idoles étant plus jeune, mais il en reste peu.

Parfois on place les gens tellement haut que quand on les rencontre, ça ne se passe pas comme on l’avait imaginé.

Par contre je peux dire que je me sens totalement en phase avec l’équipe du Barenpark Schwarzwald, de la fondation pour les ours en Allemagne, et j’apprécie beaucoup les analyses de Stephan Carbonnaux avec qui nous travaillons sur l’ours dans les Pyrénées. 

 

Un(e) photographie, une peinture ou une sculpture d’ours en tête ?

J’ai rencontré l’artiste Sophie Larroche fin 2019, grâce à un partenariat avec la galerie parisienne IDA Médicis. Je suis tombé sous le charme de son travail. Il m’est arrivé d’apprécier le travail d’artistes ou d’auteurs, mais d’avoir regretté de les avoir rencontré.

Sophie, elle, est une personne très agréable et généreuse, ce qui renforce mon admiration pour ses oeuvres. Je suis tombé amoureux de son ours qui bondit lors de notre première rencontre.

 

Votre quotidien…?

Je suis bénévole, ce qui signifie que je ne peux consacrer à l’association que mon temps personnel.

Je travaille trois journées de 12 heures par semaine comme manipulateur en radiothérapie dans un centre de radiothérapie privé à Rouen.

C’est ma réponse à ceux qui nous alpaguent en disant « ouais, vous vous occupez des animaux, et rien pour les humains ! ».

Moi je peux répondre que je consacre 36 heures par semaine à soigner des patients atteints par le cancer… alors j’ai bien le droit de consacrer le reste de mon temps à la défense du Vivant avec un grand V.

Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que défendre la préservation de la nature et des animaux sauvages, c’est défendre notre qualité de vie.

On a tous besoin d’air, d’eau, de soleil, de fruits, de légumes…

Sans la nature, nous ne serions pas là. Par contre, sans nous, je suis persuadé que la nature ne se porterait pas aussi mal…

 

Le plus gratifiant dans cette aventure ?

Les petites et les grandes victoires. Je me suis beaucoup investi l’année dernière sur le dossier des renards en Seine-Maritime. Quand Coline m’a appelé pour me dire que nous avions gagné, j’étais extrêmement ému.

C’est aussi ce que je ressens quand je vois l’ourse Franca évoluer au Bärenpark Schwarzwald.

J’ai tellement souffert en m’occupant du dossier Poliakov et en voyant l’ours Micha se dégrader jusqu’à le filmer mourant en septembre 2019 que voir Bony et Glasha (devenue Franca) retrouver une vie d’ours normale me fait un bien fou.

Certes, ils seront captifs jusqu’à la fin de leur vie, mais Franca évolue désormais dans un enclos forestier avec d’autres ours. Elle se reconstruit petit à petit. Elle hiverne alors qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de le faire chez ses dresseurs.

Je reste marqué par ce qu’Alexandre Poliakov et Dany Bruneau ont fait subir à leur ours, et en particulier à Micha… mais je me dis que sa mort n’a pas été vaine et qu’on a au moins réussi à sauver ses deux compagnons d’infortune.

 

Le plus pesant ?

Les commentaires sur les réseaux sociaux, le travail administratif et les bagarres avec l’administration en général.

Clairement, je n’en peux plus de cette société du commentaire, de l’anonymat et de la haine.

Tous autant que nous sommes chez AVES France, nous consacrons une grande partie de nos vies bénévolement à l’association.

Alors quand on lit sous chaque article de presse, sous chaque post, des critiques gratuites et des commentaires haineux, ça nous touche, ça nous affecte même.

Je ne sais pas si les gens en sont conscients. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons décidé de bannir les indésirables et de modérer les commentaires sur notre page Facebook.

Ça plus le fait que je me suis retrouvé deux fois devant la police suite aux plaintes du montreur d’ours Frédéric Chesneau qui nous accusait de ne pas avoir modéré assez vite des commentaires à son encontre.

Après, comme tous les responsables d’associations (enfin j’imagine), je croule sous le travail administratif. Tout le temps passé à la gestion est du temps que je ne peux pas mettre à profit pour faire avancer nos dossiers et je le regrette.

Les batailles contre l’administration sont aussi pesantes. J’ai parfois l’impression que tout est fait pour nous mettre des bâtons dans les roues (refus d’agrément, difficultés à échanger avec certaines administrations, rétention d’informations, collusions avec les fédérations de chasse…).

 

Nous sommes en 2050.  Votre vision de la place de la vie sauvage dans le monde ?

Je crois qu’on n’a plus vraiment le choix. Soit on décide que la protection de la Nature (avec un N majuscule) est une priorité et on arrête de piller notre planète.

Dans ce cas on peut imaginer que nous serons encore là en 2050 et que l’être humain aura réussi à trouver un équilibre pour vivre AVEC et plus CONTRE la nature… soit nous n’aurons rien fait et alors je ne suis pas sûr qu’on sera encore là pour en parler…

Quand je vois à quel point on continue de transformer les espaces de nature en lotissements ou en surfaces commerciales, je me dis qu’on est quand même mal barrés !

Dans tous les cas, la nature est résiliante. Si nous provoquons notre propre perte, je veux croire que la nature, elle, aura les capacités de se réinventer.

 

L'association

AVES signifie « oiseau » en latin. Clin d’œil ou hasard ?

Comme je l’ai dit plus haut, nous avions pris ce nom car nous avions noué des relations avec AVES Roumanie. Nous avons finalement décidé de donner une signification à chaque lettre. Notre acronyme signifie donc Agir pour le Vivant et les Espèces Sauvages.

 

La plus belle victoire / récompense ?

J’espère qu’elles sont toutes à venir : la fin de l’exploitation des animaux sauvages pour le divertissement, la sortie du renard de la liste des ESOD, une cohabitation pacifique avec les grands prédateurs… c’est à notre portée, il faut juste s’en donner les moyens.

 

Le sujet brûlant actuellement ?

La présentation de la PPL animaux au Sénat fin septembre. J’ai consacré tellement d’énergie au dossier des animaux sauvages captifs que j’espère qu’on pourra tourner la page à la fin du quinquennat, même s’il restera encore beaucoup à faire.

Pour moi, il faut en finir avec le dressage des animaux sauvages pour le divertissement, mais le ministère reste sur l’idée que le problème, c’est l’itinérance…

 

Le défi qu’il reste à relever ?

Tous ! Pour moi la clef, c’est l’éducation. On veut sans arrêt dompter la Nature. Il faut arrêter de parler de nuisibles, de « mauvaises herbes »… Réapprenons à vivre avec le Sauvage et ce sera déjà une avancée énorme.

 

De quoi manquez-vous le plus ? Temps, argent, soutien moral, aide physique ou intellectuelle…

On manque de temps parce que nous ne sommes pas assez nombreux.

Le problème est que nous demandons à nos bénévoles un niveau d’expertise très haut sur les dossiers que nous gérons et une réactivité importante.

Du coup, trouver des candidats prêts à s’investir autant que nous est rare. Après le fait que nos moyens soient limités bloque parfois le développement de certaines actions.

Pour notre projet dans les Pyrénées, nous aurions besoin de soutiens financiers importants pour salarier deux agents de protection pastorale, qui seraient à la fois des médiateurs, des experts techniques sur les moyens de protection des troupeaux et sur l’ours. On compte bien trouver ces financements, mais ça prend du temps.

 

Vous dissoudrez l’association le jour où ?

Le jour où on aura remporté tous nos combats… mais quelque chose me dit que ce n’est pas pour demain. C’est pour cela que je dis toujours à l’équipe bénévole de se préserver.

Nous ne sommes pas très nombreux, donc la charge de travail est importante. Il faut toutefois savoir prendre du temps pour soi pour ne pas craquer.

 

Rêvons un peu. L’ours est accepté en France, sa population est pérenne. Vous remettez le couvert ? Pour sauver quel autre animal ?

Ce n’est pas un rêve. Moi je crois qu’on va y arriver. La population d’ours grandit chaque année et les éleveurs le savent.

Beaucoup misent déjà sur différents moyens de protection. Alors il y a encore des attaques, mais il faut comprendre pourquoi. C’est pour cela que nous avons besoin d’agents de terrain.

A chaque attaque il faut réagir, comprendre, s’adapter, jusqu’à trouver le bon moyen de protection.

Et je suis persuadé qu’on peut y arriver. Cohabiter avec l’ours est un défi, mais comme cohabiter avec les renards, les blaireaux, les corbeaux et tous les autres animaux.

Encore une fois, réapprenons à vivre avec le sauvage et arrêtons de voir la nature comme une ennemie. Ça ira beaucoup mieux.

 

Est-il plus difficile aujourd’hui de sensibiliser à la cause animale, avec la « concurrence » du réchauffement climatique et de ses catastrophes, des conflits et des attentats, de la précarité ?

Je ne crois pas. Les récents sondages montrent d’ailleurs que la protection de l’environnement est la deuxième préoccupation des Français.

Par contre, c’est à nos politiques d’en prendre conscience. Chacun essaye de faire glisser le débat vers ce qui intéresse le plus son électorat.

J’avais lu un livre dans lequel il était expliqué que certaines tribus dites primitives ne prennent aucun décision sans imaginer leurs conséquences sur la génération suivante.

Nous, on a des politiques qui fixent le cap à la durée de leur mandat… On a besoin de prendre de la hauteur et d’imaginer la France dans 25 ans… et là les sujets prioritaires vont s’imposer à nous. 

 

Votre adversaire le plus coriace : l’Etat, les chasseurs, les éleveurs, l’indifférence générale ?

L’Etat sans hésiter, parce qu’on a parfois l’impression qu’ils ne prennent aucune décision par conviction, mais qu’ils pèsent sans arrêt l’impact sur leur électorat.

Parfois j’ai rencontré des députés qui me semblaient convaincus par nos échanges dire l’inverse devant l’assemblée nationale.

C’est un vrai jeu de dupes. Ils se disent : « on va donner le droit aux chasseurs de continuer les chasses traditionnelles pour ne pas les froisser, en sachant que les associations vont saisir les tribunaux et que l’autorisation sera suspendue… mais on aura pas à assumer leur colère ». Moi je croyais qu’il fallait du courage pour faire de la politique…

 

Votre suggestion pour fédérer ces millions de personnes sensibles à la cause animale mais dont la voix ne porte pas, en opposition à celle des chasseurs ou des lobbies industriels.

 Je reçois encore des messages me disant « mais pourquoi vous ne vous regroupez pas tous ? »

Si c’était si simple… Je crois à la complémentarité. On travaille en très bonne intelligence avec certaines associations ou fondations, mais on sait aussi qu’on n’a plus rien à partager avec d’autres.

Je ne crois pas une seconde en une énorme fédération qui pourrait parler d’une seule voix. C’est utopique.

Par contre, les gens ont quand même entre leurs mains la possibilité de faire bouger les choses, en utilisant leur bulletin de vote ou en modifiant leurs habitudes d’achats.

On prend souvent l’exemple d’une grande marque de pâte à tartiner qui a l’arrogance de faire de la publicité en revendiquant le choix de l’huile de palme, juste parce qu’elle sait que ses consommateurs ne sont pas prêts à changer leurs habitudes. Pourtant, il suffirait de s’en passer quelques semaines ou quelques mois pour que la marque comprenne qui a le pouvoir…

On a tous un pouvoir immense de faire changer les choses ; il faut juste en prendre conscience.

 

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