Personnalités à découvrir

BONNET Guy

Assurément, l’un des meilleurs spécialistes français du cerf qu’il fréquente depuis près de cinq décennies, en France mais aussi un peu partout en Europe.

Ancien professeur de lettres, conférencier, responsable d’association, auteur de plusieurs livres sur le sujet, proche conseiller des milieux de la chasse au grand gibier - bien que n’étant pas chasseur -, il parcourt les forêts en quête de l’animal mythique dont il tente de percer les secrets.

Un jour, traçant d’un doigt sur une carte le possible déplacement d’un cerf au brame, il s’étonna : "où va-t-il ? Là, là, ou là ? Je ne sais pas ; et après tout, tant mieux! ».

Bibliographie

« Image insolite du cerf », 1980 (avec Jacques Meggs et Christian Perney, autoédité, épuisé); « Image du chevreuil », 1983 (avec Jacques Meggs, Christian perney, jean-Baptiste Dumond, autoédité, épuisé); « Le cerf » (avec François Klein), 1991, Hatier (épuisé); « Capreolus le chevreuil » (photos Stephan Levoye), 2005 (autoédité, épuisé); « Elaphus le cerf » (photos Stephan Levoye),  2011 (autoédité); « Le chevreuil nouveau »  (photos S. Levoye), 2015 (autoédité)

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Guy Bonnet est aussi le coordinateur de l’ouvrage « Le grand gibier »  réédité régulièrement depuis 1990 par les Editions du Gerfaut, et qui est le manuel de base du Brevet Grand gibier.

Il a également été le conseiller scientifique des films "Quand le cerf perd la tête" et "Cerf moi fort"

de Jean-Paul Grossin(100C production: 100cproduction@wanadoo.fr)

Contact : Pully, Route de  Sologne 45740 LAILLY-EN-VAL; Tél. : 02 54 51 13 35; Port. : 06 16 08 04 61

voir extrait de « Quand le cerf perd la tête » (2007)

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et voir extrait de « Cerf moi fort »  (2011)

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Pully, Route de Sologne
45740 LAILLY-EN-VAL

Tél. : 02 54 51 13 35
Port. : 06 16 08 04 61

 

Nous avons rencontré Guy Bonnet en août, quelques semaines avant les premiers brames qui l’occuperont tout le mois de septembre.

Quel est votre parcours en trois/quatre étapes ? Ayant passé mon enfance à Chantilly (années 50) j’ai aimé très tôt la forêt et la grande faune. Dès 1970, période de « prise de conscience écologique », j’ai contribué à fonder la SAFHEC (Société des Amis des forêts d’Halatte, Ermenonville et Chantilly). J’en ai été le président de 1979 à 1995. De 1995 à 2004, j’ai présidé une association qui a milité pour la Création du Parc Naturel régional –Oise- Pays de France, officialisé en 2004.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Je reste marqué par mes études de lettres. Pour moi, le terrain appelle le livre et le livre renvoie au terrain. La véritable connaissance, celle qu’on «s’intègre» s’acquiert ainsi. Quelques maîtres à penser et œuvres marquantes : 

-   Jean Dorst : "Avant que nature meure".

-   Robert Hainard : "Le miracle d’être".

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-  Fernand du Boisrouvray : "La forêt au fil de l’homme".

Pourquoi l’animal sauvage ? L’animal sauvage, pour sa beauté, sa liberté, son imprévisibilité.

La plupart des humains détestent le sauvage, insoumis et parfois hostile, tout en déclarant en avoir la nostalgie et vouloir conserver ce qu’il en reste.

A ce titre, le livre de François Terrasson « La peur de la nature » traduit bien cette véritable schizophrénie vis-à-vis du sauvage.

Si vous en étiez un ? Le cerf m’a toujours passionné, rescapé du fabuleux bestiaire préhistorique qui s’est adapté à notre nature anthropisée. Mais il est devenu « trop grand, trop libre » pour des milieux cloisonnés, exploités, et on l’accuse aujourd’hui de bien des maux : dégâts, collisions avec les véhicules, risques sanitaires… Les principales ONG écologistes s’en désintéressent, surtout celles qui ont pour programme l’abolition de la chasse. Etre radicalement anti-chasse est une position moralement défendable mais certainement pas « utile » pour la conservation de la nature !

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(photo JBDumond)

Vos plus belles rencontres avec la faune sauvage ?

-  En 1975, dans les montagnes des Carpates du sud –est de la Pologne, deux très grands mâles au bord d’une rivière dans laquelle chassait une loutre. A l’époque, cette région était très peu fréquentée et ils ne devaient pas voir souvent l’homme ; et pourtant ils ont fui très vite après la photo !

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(photo Jamine)

  -  En 2013, la vision furtive sur une place de brame de Sologne d’un vieux cerf connu et suivi depuis plusieurs années. Il avait complètement ravalé et ce d’une manière brutale. Sa ramure qui portait encore 16 à sa tête précédente, se résumait à deux moignons à peine ramifiés. Je l’ai reconnu grâce à une fente à l’une de ses oreilles. Rarissime rencontre d’un ancêtre ayant surmonté bien des périls !

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Extrait vidéo d'un cerf suivi durant 10 ans en Sologne, âge estimé 16/17 ans (Photo JBDumond)

Vos lieux de nature préférés ? Je parcours surtout les forêts et la montagne. Mais les landes, le marais m’attirent également beaucoup. Et, la plaine, quand la vie animale y existe encore !

A l’étranger, les landes d’Ecosse et la savane africaine m’ont à jamais marqué.

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? Les savanes au pied du Kilimandjaro ! Mais je crains que la réalité (tourisme de masse…) ne vienne briser l’image idéalisée que je m’en fais. Cela restera donc un rêve.

 L’œuvre qui vous semble illustrer le mieux votre parcours ? En français, la bonne et belle littérature ayant pour thème principal la nature sauvage est très rare. A ce titre, le roman de Pierre Moinot, « Le guetteur d’ombre », me paraît exemplaire de la quête de l’animal sauvage, entr'aperçu et convoité, qui renvoie à la quête de soi.

 Quelles sont vos Techniques de rencontre avec l’animal sauvage ? Depuis longtemps, je ne vais plus dans la nature qu’avec une bonne paire de jumelles. L’observation est ma passion. S’approcher (ou se laisser approcher) le plus près possible d’un animal est jubilatoire. Une photo hâtive interrompt trop souvent un comportement : les caprices du vent y suffisent. Bien sûr, il faut éviter les dérangements intempestifs et répétitifs (pour cela l’affût est préférable) mais n’oublions pas que le stress de survie est indispensable à l’animal et participe de son caractère sauvage. Même si nombre d’  « amis des bêtes » rêvent que celles-ci viennent manger dans leur main.

Une association qui vous tient à cœur ? Je suis depuis un peu plus de 25 ans administrateur de l’ANCGG, Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier (8 000 membres) qui publie une revue trimestrielle, « Grande Faune » que je coordonne. Cette association œuvre pour la formation et l’éthique des chasseurs afin de garantir l’avenir de la grande faune et de ses habitats. En 2012, son action lui a valu le label, à la fois prisé et exigeant, de reconnaissance d’utilité publique, très rarement accordé à des organismes cynégétiques.

Une urgence pour la faune sauvage, pour la vie sauvage ? La faune sauvage est en sursis. Dans les documents d’urbanisme, les orientations forestières ou agricoles, elle est subie comme une contrainte, un coût à éviter ou à minimiser le plus possible. Le sauvage « extraordinaire » dans des parcs ou des réserves, c’est bien. Mais le sauvage ordinaire de la nature ordinaire et habitée, c’est aussi important. Il ne peut être maintenu que par une certaine ruralité que l’agriculture industrielle, la sylviculture intensive et l’urbanisation détruisent un peu plus chaque année. Une véritable volonté politique n’existe pas sauf dans le discours convenu des périodes électorales…

L’urgence, c’est l’alliance de ceux qui ont vraiment un besoin à la fois viscéral et spirituel de la nature et du sauvage. Naturalistes, chasseurs, photographes, amateurs passionnés… au-delà de leurs querelles idéologiques. Ils devraient être des alliés naturels et s’unir pour faire pression sur les pouvoirs publics,  les grandes entreprises et les lobbies (au-delà de la communication intéressée à la Hulot et Arthus Bertrand) afin d’arrêter le massacre qui s’accélère.

 Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme dernier message ?Amen !

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