Deux-Sèvres : feu vert pour l’extension d’un élevage de près de 100.000 faisans et perdrix en zone de grippe aviaire

La préfecture des Deux-Sèvres a autorisé l’extension d’un élevage de faisans et perdrix lâchés pour la chasse, à La Peyratte. La capacité passe ainsi de 37.000 à 95.200 têtes.

Un élevage de perdrix et de faisans a reçu l’autorisation de quasiment tripler sa capacité, en passant de 37.000 à 95.200 emplacements volailles, dans les Deux-Sèvres. L’élevage est situé au lieu-dit « Le Chail », à La Peyratte, propriété de la société Selac de Thouars, qui a déposé le projet, elle-même faisant partie du groupe Gibovendée (1). Ce site de La Peyratte, créé il y a vingt ans, accueille des faisans et des perdrixdestinés à être lâchés pour agrémenter des parties de chasse.
Autorisé à détenir près de 10.000 cages L’arrêté préfectoral en date du 15 février 2022 (soit juste avant le premier cas de grippe aviaire de l’année dans le département et l’explosion de l’épidémie qui a suivi) autorise l’augmentation de capacité à 95.200 emplacements volailles, en même temps qu’il régularise un élevage où les animaux s’étaient multipliés au fil des années sans autorisation. À l’origine, en effet, il n’avait fait l’objet que d’une simple déclaration, en 2006, pour 14.500 « animaux-équivalents volailles » (une unité administrative) accueillant alors 37.000 perdreaux et faisans.

Mais en réalité, il en accueillait déjà jusqu’à 66.056 en présence simultanée au moment de cette demande, appelant donc, a posteriori, à une autorisation officielle de cette capacité, plus une extension. L’autorisation accordée, le site va donc pouvoir augmenter les effectifs dans les deux grands domaines de son activité. La première concerne la reproduction, avec des mâles et des femelles placés dans des cages, destinés à s’accoupler pour récupérer des œufs qui partiront en couvoir.

L’élevage de La Peyratte est désormais autorisé à détenir près de 10.000 cages, 9.900 très exactement (+ 2.000), soit 9.000 pour autant de couples de perdrix et 900 pour 9.000 faisans (un coq avec une dizaine de poules). Lors de ses trois visites sur site en vue de son rapport qui a donné lieu à un avis favorable, le commissaire-enquêteur observe qu’« aucune nouvelle cage ne sera installée » car c’est déjà fait : « Par anticipation, toutes sont déjà en place à l’endroit indiqué dans le projet. Elles sont inoccupées » au moment de l’enquête.

  Dix faisans par cage

Pour les perdrix, la cage d’un couple reproducteur, soit deux animaux, mesure un mètre sur 50 cm avec 50 cm de hauteur. Les faisans, eux, sont réunis par dix (un mâle avec 8 à 9 femelles) dans une cage qui mesure un mètre sur un mètre avec 50 cm de hauteur. Les faisanes y restent un an avant d’être recyclées en proies lâchées pour les chasseurs. En ce qui concerne les perdrix, la moitié restera deux ans dans ces cages avant de partir pour la chasse. Ce sera le sort des « meilleures pondeuses ».

Lors de l’enquête publique, les « huit observations reçues sont défavorables au projet » note le commissaire-enquêteur. Parmi elles, celles de Deux-Sèvres Nature environnement et d’EELV. Le commissaire-enquêteur précise que « le mal-être des animaux en cages y est souligné ». Considérant pour sa part que « toute idée d’élevage intensif est à écarter » et que « l’éleveur se forme régulièrement au bien-être animal et, à ce titre, a recours à l’éthologie ».

L’autre partie du site concerne le développement des animaux qui vont passer par trois lieux différents : en bâtiment leurs six premières semaines de vie, puis dans une « pré-volière » (phase intermédiaire une à deux semaines) et enfin dans une volière avec une hauteur d’1,8 m à 2 m maxi. Là, la densité est de « 3 m2 par faisan au minimum et 1 m2 par perdrix », selon les porteurs de projet.
4.000 m3 d’eau et 46 tonnes de fumier par an C’est dans ce dernier lieu qu’ils sont censés s’adapter au milieu sauvage, où ils partiront souvent à l’âge de cinq mois environ pour la chasse. L’extension comprend une nouvelle volière de 2,12 ha portant la surface totale à plus de 6 ha.

Avec sa nouvelle capacité, l’élevage est prévu pour consommer 4.000 m3 d’eau par an, pris sur le réseau d’eau potable. Et sont attendues 46 tonnes de fumier annuelles, dont une partie sera exportée sur les terres d’un agriculteur à Lhoumois.

(1) Le groupe Gibovendée a été contacté en amont de cet article, sans rappel. Il avait toutefois répondu précédemment à la NR (réaction en fin de l’article de La Nouvelle République).

Commentaire LPO : « Tout va bien l’Etat continue dans la cohérence : la Préfecture des Deux Sèvres autorise l’extension d’un élevage de faisans et perdrix passant de 37.000 à 100.000 oiseaux : 10 faisans maintenus pendant un an dans une cage de 1 x 1 m et 50cm de hauteur, et 2 perdrix par cage de 50cm x 50cm pendant deux ans. En pleine période et secteur de grippe aviaire ! Sans compter la consommation de 4000 m3 d’eau par an avec les perspectives de sécheresse. Ni même les questions de condition animale.  L’enjeu ? Tirer des cocottes le lendemain de leur lâcher. »

photo:©jbdumond2022