COP15 de Montréal : ce que contient l’accord «historique» sur la biodiversité

Après quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique, plus de 190 Etats sont parvenus à un accord sous l’égide de la Chine, présidente de la COP15, malgré une opposition de la République démocratique du Congo.

L’humanité vient-elle de signer un «pacte de paix avec la nature» ? Va-t-elle enfin cesser de saccager son environnement vital grâce au nouveau «cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal» ? Les parties signataires de la Convention sur la diversité biologique de l’ONU (CDB, adoptée en 1992), soit 195 pays et l’Union européenne mais pas les Etats-Unis, sont en tout cas parvenues ce lundi à conclure un accord à l’issue de la COP15 sur la biodiversité. Le tout après quatre ans de négociations ralenties par la pandémie de Covid-19, près de deux semaines de sommet tendu, des heures d’attente et un ultime coup de théâtre avant le «coup de marteau» final, contesté par plusieurs pays.

La Chine, qui présidait ce sommet onusien prévu à l’origine pour 2020 dans la ville de Kunming mais qui a finalement eu lieu avec deux ans de retard à Montréal, au Canada, avait présenté dimanche un texte «de compromis». Lors de la séance plénière d’adoption, Huang Runqiu, président de la COP15 et ministre chinois de l’Ecologie et de l’Environnement, a qualifié l’accord d’«ambitieux et équilibré» et estimé qu’il pourra être «mis en œuvre». La République démocratique du Congo a alors pris la parole pour s’opposer au texte, dénonçant la faiblesse des financements alloués en contrepartie des efforts demandés aux pays «riches en biodiversité» – comme c’est son cas – pour préserver celle-ci. Le Mexique a ensuite appelé au «bon sens et à la souplesse» avant d’être longuement ovationné. Après d’ultimes tractations, la Chine a déclaré l’accord «adopté», sous les hourras de la salle. Mais plusieurs pays, dont le Cameroun, ont dénoncé un «passage en force».

«L’humanité est devenue une arme d’extinction massive»

L’accord, scellé dans une relative indifférence mondiale au lendemain d’une finale de Coupe du monde de football, sans la présence de chefs d’Etat ou de gouvernement, sera-t-il aussi «historique» pour la biodiversité, en crise aiguë, que celui de Paris pour le climat de 2015 ? Est-il assez ambitieux et permettra-t-il d’enrayer enfin l’effondrement du vivant sur Terre, qui menace l’avenir de l’humanité ? Seule son application effective – ou non – le dira. Mais vu les très fortes dissensions entre les pays, l’ambition du texte aurait pu être bien moindre….

Suite dans Libération / Coralie Schaub, Envoyée spéciale à Montréal , 19 décembre

 

Photo : Marco Lambertini (2e en partant de la droite), le directeur général du WWF International, s’exprime lors d’une conférence de presse suivant la publication du nouveau texte de la COP15 pendant la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) au Palais des congrès de Montréal à Montréal, Québec, Canada, le 18 décembre 2022. (Andrej Ivanov/AFP)