COP15 : de sombres jours pour la biodiversité marine

C’était écrit : la France a réussi à torpiller l’accord mondial pour la biodiversité, trouvé lundi 19 décembre au matin, en bloquant tous les éléments de langage qui auraient permis une réelle protection de l’océan.

Pendant la semaine de négociation qui a précédé, BLOOM a reçu de nombreux appels au secours venant de Montréal puisque nous avons manifestement été identifiés par les diplomates et même les ONG comme l’une des rares structures suffisamment libres pour dénoncer le sabotage de la France.

La France avait une responsabilité supérieure à Montréal

Rappelons que les États-Unis (1er territoire maritime au monde avant la France) n’ayant pas ratifié la Convention sur la Diversité Biologique de 1992, ils n’avaient qu’un statut d’observateur à la COP15. La France était de ce fait la plus grande puissance maritime à la table des négociations de la COP15. Elle a utilisé cette position de force, au sein de l’UE comme à l’extérieur, pour défendre bec et ongles les lobbies de la pêche industrielle au détriment de la biodiversité.

Sa mission immensément honteuse a été couronnée d’un succès funeste.

Une page sombre pour ce qu’il reste de biodiversité marine 

L’accord de la COP15 reflète ainsi toutes les « lignes rouges » de l’Élysée quant à la non-protection de l’océan :

  1. L’accord ne porte AUCUNE mention de la nécessité de protéger « strictement », c’est-à-dire intégralement, 10% des océans mondiaux alors que c’est la façon la plus sûre et la plus rapide de régénérer les écosystèmes et les animaux marins, ravagés par des décennies de pêche industrielle.
  2. L’accord mentionne un objectif de 30% de protection globale d’ici 2030, mais sans aucune précision sur la qualité de la protection. Le chiffre de 30% devait être le point de départ de la négociation, non pas son point d’arrivée. Tout l’enjeu de la négociation était de savoir si on allait définir ce qu’on entend par « protection », si on allait préciser que « protéger » signifie interdire les activités industrielles dans les aires marines protégées.
  3. La France a réussi son tour de force :  que le monde entier se mette au diapason de sa propre imposture écologique consistant à appeler « protégées » des aires marines qui sont aussi intensément exploitées que les eaux sans aucun statut de protection.

Les conséquences du lobbying anti-écologique de la France sont potentiellement dramatiques pour la biodiversité marine. Par notre puissance maritime sur la scène internationale, notre pays a donné le « la » d’un requiem mondial pour les animaux marins.

C’est une page sombre qui s’ouvre pour ce qu’il reste de biodiversité marine dans l’océan.

Nous devrons être bien plus mobilisés, plus nombreux, plus intransigeants encore pour pourfendre ces simulacres d’écologie et obtenir, le plus rapidement possible la protection des eaux françaises.

Aidez-nous à construire la solution

 

Une contre-narration indispensable au discours dominant 

A défaut d’avoir pu empêcher le saccage de l’accord sur son volet maritime, la mobilisation de l’équipe de BLOOM a permis de clarifier le rôle néfaste de la France et de dénoncer la sidérante opération de communication qui s’en est suivie.

Car sans aucune retenue éthique, le gouvernement, Emmanuel Macron le premier, a osé décrire comme « historique » l’accord que la France s’est employée à anéantir pour en faire une coquille vide. Que le saboteur se fasse passer pour le sauveur est la ligne d’indécence qu’a franchie la France et qui a suscité une grande indignation de l’intérieur même des salles de négociation.