En Alaska, la faune marine au régime forcé

Dans les régions arctiques et subarctiques, le recul de la banquise pourrait fragiliser l’ensemble de la faune marine, en diminuant la teneur en acides gras du plancton et des poissons, révèlent des travaux dévoilés mardi 5 mai par l’administration américaine en charge de l’atmosphère et des océans (Noaa).
Entre 2004 et 2008, les pêcheries de l’Alaska ont observé une baisse de 40% des captures de lieu noir. Par la suite, l’espèce s’est ressaisie, retrouvant ses effectifs habituels. Que s’était-il passé pendant ces 5 années? La Noaa vient d’en trouver l’explication: la banquise a connu sur cette période un recul inhabituel, avec un retrait beaucoup plus précoce des glaces dans le détroit de Béring, et une température de surface de 2°C à 4°C au-dessus de la normale.

Le phénomène aurait profondément modifié la composition du zooplancton, de plus petite taille et bien moins riche en graisses que d’habitude. Dès lors, les jeunes lieus se sont retrouvés en état de malnutrition, avec bien moins de chances de parvenir à l’âge adulte. Ils «ne pouvaient plus stocker autant de graisses, et leur capacité à survivre à l’hiver s’est trouvée fortement amoindrie au cours de ces années chaudes», explique la Noaa.

Ce qui est vrai pour le plancton pourrait bien l’être aussi pour la morue. Selon les chercheurs, le réchauffement favoriserait en effet la morue boréale par rapport à la morue arctique, espèces dont les températures optimales de croissance se situent respectivement à 14,8°C et 7,3°C.
Or la morue boréale est 2,7 fois moins riche en graisses que sa cousine arctique. Ce qui pourrait poser de graves problèmes pour les phoques et les ours polaires: se nourrissant de morues, ces mammifères ont eux-mêmes besoin d’une alimentation très riche en graisses.
Pour les chercheurs, le recul de la banquise en Alaska «pourrait limiter la disponibilité de proies riches en graisses, qui conditionnent la santé et la survie aussi bien des poissons que des mammifères. Ce phénomène pourrait affecter les pêcheries de l’Alaska et fragiliser des espèces dont les habitants de l’Alaska ont eux-mêmes besoin pour se nourrir».

Source : Journal de l’Environnement