En Israël, la grippe aviaire décime les grues sauvages

Le virus H5N1 touche de manière dramatique ces oiseaux qui font halte chaque hiver dans la réserve naturelle du lac Hula, lors de leur périple migratoire.

Au bord du lac Hula, dans le nord d’Israël, les grues sauvages battent de l’aile. Sur des images récentes, on peut voir les volatiles tituber avant de s’écrouler par terre. Chaque année, des cas de grippe aviaire y sont recensés. Mais en 2021, la situation est particulièrement alarmante, avec un nombre de décès rapportés exceptionnel. Plus de 5 200 grues sont mortes après avoir contracté le virus H5N1 depuis le mois d’octobre, selon l’Autorité israélienne de la nature et des parcs. Et ce chiffre ne devrait qu’augmenter. Spécialiste aviaire au sein de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, Ohad Hatsofe estime que «10 000 grues seraient infectées».

Entre les montagnes libanaises et celles de Naftali, ce lac représente une étape capitale dans le voyage migratoire annuel de 100 000 grues. La faible profondeur du lac permet aux oiseaux de s’y reposer avant de repartir pour rejoindre les coins chauds d’Afrique. Mais cette année, l’épidémie les cloue au sol : «On estime, à ce jour, qu’un cinquième de la population des grues en Israël a été touchée par le virus», précise Uri Naveh, directeur adjoint du même département scientifique.

Risques faibles

Dans le paysage somptueux, formé par une éruption volcanique il y a des milliers d’années, des scientifiques en combinaison blanche ramassent les derniers cadavres flottant à la surface. Un porte-parole du parc a déclaré que les travailleurs retiraient ces carcasses «le plus rapidement possible», pour «qu’elles n’infectent pas d’autres animaux sauvages, comme les vautours qui se délectent de ces animaux morts». Près de 400 espèces sont recensées dans cette zone sauvage de trois hectares. La ministre israélienne de la Protection de l’environnement, Tamar Zandberg, s’est alarmée sur Twitter de la situation : «Ce sont les dommages les plus graves causés à la faune sauvage de l’histoire du pays. L’étendue des dégâts est encore à déterminer.»

Les premiers signes d’une épidémie H5N1 en Israël ont été décelés à l’automne, après que des cas ont été signalés le 18 octobre à Moshav Nahalal, dans la vallée de Jezreel, à 60 km au sud-ouest de Hula à vol d’oiseau, selon The Times of Israël.

Un risque de contamination très faible pour l’homme

D’autres foyers épidémiques ont ensuite été détectés dans plusieurs poulaillers au nord du pays. Les médias locaux ont affirmé que plus d’un demi-million de poules pondeuses de la ferme Moshav Margaliot, située à 12 km du lac, ont été abattues pour contenir la crise sanitaire. Cette ferme fournit 7 % des œufs consommés en Israël. Le ministère de l’Agriculture a annoncé dimanche la suspension du commerce des œufs provenant des élevages voisins pour éviter que les Israéliens ne soient contaminés.

Pour le moment, aucun cas de transmission de grippe aviaire à l’homme n’a été détecté, les risques de contamination restant très faibles. Mais l’Autorité israélienne de la nature et des parcs a déclaré que la souche virale H5N1 «peut s’avérer dangereuse si elle est contractée par des humains». Alors, indique Ohad Hatsofe, la maladie «est fatale pour 36 à 50 % des personnes infectées». Selon l’OMS, cette souche H5N1 a tué plus de 450 personnes, majoritairement en Indonésie, en Egypte et au Vietnam depuis 2003.

Geoffrey Desvaux / Libération 29 décembre

 

photo : A dead crane lies on the ground at the Hula Lake conservation area in northern Israel, Saturday, Dec. 25, 2021. Bird flu has killed thousands of migratory cranes and threatens other animals in northern Israel amid what authorities say is the deadliest wildlife disaster in the nation’s history. (Ayal Margolin/JINIPIX via AP) (Ayal Margolin/AP)