« Informer sur l’environnement et sa préservation devient de plus en plus périlleux »

Les intimidations contre militants et journalistes se multiplient, et les soutiens politiques sont très faibles, raconte Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

ercredi 3 juin au matin, Pierre Rigaux a retrouvé un jeune renard mort sur le capot de sa voiture. La carrosserie était, à dessein, barbouillée du sang de l’animal. Tout porte à penser qu’il s’agit là d’un nouvel épisode dans l’accumulation de menaces verbales, d’intimidations et d’agressions physiques dont il est l’objet depuis plusieurs mois, et dont il tient la minutieuse chronique. Naturaliste et militant anti-chasse, l’intéressé a pour seuls torts d’user des armes pacifiques qui sont aussi celles des journalistes : la liberté d’aller et venir, d’observer et de publier ses témoignages. Mais la publicité qu’il donne à certaines pratiques de chasse est, semble-t-il, vécue comme un affront par des porteurs de fusil — ils le lui rendent à leur façon.

Cette fois, la brutalité des images qu’il a postées sur les réseaux sociaux, montrant le cadavre du petit animal, a suscité un tel émoi que la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et sa secrétaire d’Etat, Brune Poirson, ont chacune manifesté, par une brève déclaration sur Twitter, leur soutien au naturaliste. Du soutien, Pierre Rigaux n’en a jusqu’à présent pas eu beaucoup. Les mains courantes et les plaintes qu’il a déposées auprès de la gendarmerie n’ont jamais eu d’effets ; il dit cette fois vouloir saisir le procureur de la République.

« Quelques coups de poings dans la gueule »

Dans les campagnes, la chasse est une source de tensions considérables et les forces de l’ordre seraient fondées à être plus réactives face à de telles intimidations. D’autant plus que celles-ci sont assumées par des représentants du milieu cynégétique. Interrogé le 4 mai par Chassons.com, sur la difficulté à faire condamner les auteurs d’invectives en ligne et de dégradation des miradors, le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a déclaré : « J’aimerais bien qu’on en chope quelques-uns, quand même (…) il y en a quelques-uns, y a quelques coups de poings dans la gueule qui se perdent, quand même. (…) Je comprends le chasseur qui dit : “Si j’en prends un, il va prendre une bonne branlée.” »…

Voir Le Monde/7- 8 juin