La Chine suspend l'importation de trophées en ivoire africains pendant un an

L’IFAW communique :

(Pékin, Chine, 16 octobre 2015) La Chine a annoncé hier l’interdiction des importations de trophées de chasse en ivoire d’éléphants d’Afrique pour un an. L’embargo prend effet immédiatement et durera donc jusqu’au 15 octobre 2016.

Cette décision s’inscrit dans une série de mesures prises par la Chine pour mettre un terme au trafic d’ivoire. Il y a trois semaines à peine, la Chine et les États-Unis ont annoncé un accord historique visant à mettre en place « l’interdiction quasi totale des importations et exportations d’ivoire, ainsi que des restrictions importantes et opportunes sur l’importation de trophées de chasse en ivoire » dans leur pays respectif. Les présidents chinois et américain, MM. Xi Jinping et Barack Obama, ont promis de « prendre des mesures fortes en temps utile pour faire cesser le commerce intérieur de l’ivoire ».  « Voici un autre pas concret qui va dans le sens de l’interdiction du commerce de l’ivoire en Chine promise par le président Xi », déclare Grace Ge Gabriel, Directrice régionale Asie pour IFAW (Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org). En février 2015, la Chine avait déjà interdit pour une année l’importation de sculptures en ivoire d’Afrique obtenues après la création de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) en 1975. La CITES a été créée pour garantir que le commerce international de spécimens d’animaux ou de plantes sauvages ne compromette pas la survie des espèces dans leur habitat naturel.

On estime qu’environ 35 000 éléphants sont tués chaque année, soit un éléphant toutes les 15 minutes, pour alimenter le commerce de l’ivoire.

Brassant plus de 17 milliards d’euros par an et figurant parmi les activités criminelles les plus lucratives au monde, le trafic d’espèces sauvages est un crime dangereux et nuisible au même titre que le trafic de stupéfiants, la traite d’êtres humains, le trafic de pétrole et la contrefaçon.

Dans un entretien accordé au site d’informations chinois YICAI.com, un fonctionnaire de l’Administration d’État des forêts de Chine a déclaré que la nouvelle interdiction démontre une fois de plus l’importance que le gouvernement chinois accorde à la conservation des animaux sauvages et qu’elle constitue une action proactive et déterminée pour mettre fin au braconnage de l’éléphant d’Afrique et au trafic de ses parties.

Il ajoute : « La série d’actions entreprises par la Chine, notamment la destruction d’ivoire et l’embargo sur l’importation d’ivoire, va participer à réduire la demande en stigmatisant la consommation d’ivoire. »

Une récente étude conduite par l’institut de recherche Rapid Asia montre que la principale raison qui pousserait les consommateurs chinois à ne plus acheter d’ivoire serait de « rendre le commerce de l’ivoire illégal en toutes circonstances » (60 pour cent), suivie par « une recommandation forte émanant d’un dirigeant du gouvernement » (39 pour cent).

« Si nous voulons vraiment stigmatiser le commerce de l’ivoire, la dimension temporelle de ces interdictions d’importation de trophées et de sculptures en ivoire doit être supprimée. En n’interdisant l’ivoire que pendant une année, on donne aux criminels le sentiment que l’interdiction sera levée. Ce n’est qu’en ayant des lois claires et univoques interdisant le commerce de l’ivoire et en les faisant appliquer scrupuleusement avec de fortes sanctions à la clé que nous pouvons stigmatiser le commerce de l’ivoire, et donc réduire la demande » conclut Grace Ge Gabriel.

 

Illustration : Une sculpture en ivoire dans un magasin à Hangzhou dans l’est de la Chine le 27 février 2015 Photo AFP