La « grossesse permanente » du wallaby bicolore

Chez ce marsupial, la femelle, qui dispose de deux utérus, est encore enceinte lorsqu’elle conçoit son rejeton suivant.

La science peut bien progresser, la reproduction conserve, pour la plupart d’entre nous, son lot de mystères. Côté humain, et si l’on ferme les yeux sur certains détails, le paysage nous est devenu familier. Mais voyager à travers les espèces promet son lot de surprises.

Prenez les kangourous et leurs petits cousins – au sens de la taille –, les wallabys. Chez ces marsupiaux des antipodes, tout semble exotique. La naissance en est l’épisode le plus spectaculaire : venu au monde à l’état larvaire (moins de 1 gramme), le petit se lance dans une véritable épopée à travers le pelage de sa mère pour gagner la fameuse poche marsupiale. Il y attrape une mamelle qu’il ne lâchera plus pendant de longues semaines. Neuf mois plus tard, il pointe enfin son nez – vous avez tous vu ces photos – et quitte son doux abri, tout en y revenant régulièrement téter.

Si cette étrangeté est connue et décrite depuis des siècles, d’autres particularités des marsupiaux le sont moins. D’abord, celle de mettre leur embryon, une fois conçu, dans un état de dormance, afin de permettre à celui-ci de se développer au moment idéal.

Pour ce faire, et ne pas risquer une quelconque contamination, ces mammifères sauteurs disposent de deux utérus, utilisés alternativement. Un dispositif permettant aux femelles d’enchaîner les conceptions, pensaient les scientifiques.

Dans un article publié, lundi 2 mars, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaines (PNAS), une équipe germano-australienne a découvert que le wallaby bicolore allait encore plus loin, puisque la femelle conçoit le nouveau venu un ou deux jours avant la naissance du précédent. « La grossesse permanente », concluent-ils dans leur article.

Une période de sélection des embryons ?

Pour en apporter la démonstration, les chercheurs de l’université de Melbourne et de l’Institut Leibniz de Berlin ont suivi dix de ces animaux en situation semi-sauvage. Observant que naissances et accouplements se déroulaient à la même période, ils ont voulu affiner la chronologie. « Nous pensions que le nouvel embryon était conçu juste après la naissance du précédent petit, nous avons eu la surprise de constater qu’il l’était en réalité un ou deux jours avant », raconte Brandon Menzies, de l’université de Melbourne…

Voir Le Monde du 3 mars 2020.

photo : Une femelle wallaby bicolore à Victoria (Australie), en janvier. GEOFF SHAW / UNIVERSITY OF MELBOURNE