La surpêche s’aggrave partout dans le monde et rend urgent le traité sur la haute mer, selon Greenpeace

La surpêche dans les eaux internationales s’est accrue ces cinq dernières années, selon un rapport publié ce mercredi par Greenpeace. L’ONG estime urgent de ratifier le récent traité international de protection de la haute mer pour créer des sanctuaires marins.

Selon le rapport qui compile les données d’un organisme capable de suivre les mouvements des bateaux, les heures de pêche en haute mer ont augmenté de 8,5 % entre 2018 et 2022. Cette intensification est particulièrement prononcée dans les zones écologiquement sensibles identifiées par l’ONU comme de potentiels futurs sanctuaires marins : la hausse y est de 22,5 %.

Des dégâts sur de nombreuses espèces

« La surpêche est un énorme problème », a déclaré à l’AFP Chris Thorne, chargé des questions océaniques chez Greenpeace. « [Elle] pousse nos océans au bord du gouffre. » En trente ans, les stocks de thons rouges du Pacifique se sont ainsi effondrés de plus de 90 %, rappelle le rapport.

Greenpeace souligne aussi les dégâts causés au grand large par la pêche à la palangre, qui utilise des lignes munies de milliers d’hameçons appâtés sur des dizaines de kilomètres de long. Cette méthode destructrice capture de nombreux requins par erreur et certains n’y survivent pas.

Laisser l’océan tranquille

Dans son rapport, Greenpeace appelle un maximum de pays à signer le traité lors de l’assemblée générale de l’ONU à New York la semaine prochaine. Adopté en juin, cet accord « historique » a pour but de mieux protéger l’ensemble des océans. Il prévoit une mesure phare : la création d’aires marines protégées en haute mer, dans des zones situées au-delà de 370 km des côtes.

« La biomasse est jusqu’à 670 % plus importante à l’intérieur des réserves marines hautement protégées », a appuyé Samantha Murray, spécialiste américaine de la biodiversité marine. « Lorsque nous laissons l’océan tranquille et que nous le laissons se débrouiller, nous obtenons des écosystèmes plus complexes qui peuvent être plus résistants. »

« Il n’y a pas de temps à perdre »

Pour entrer en vigueur avant la prochaine conférence de l’ONU sur les océans en juin 2025, le traité doit être signé puis ratifié par au moins 60 pays. Cela permettrait de réunir rapidement une Conférence des parties, habilitée à créer des sanctuaires marins. Scientifiques et ONG ont déjà identifié une dizaine de zones à protéger en haute mer.

En 2022, la COP15 sur la biodiversité a adopté un objectif : protéger 30 % des terres et océans de la planète d’ici à 2030. Pour l’atteindre, « il n’y a pas de temps à perdre », a insisté auprès de l’AFP Chris Thorne. « Les menaces qui pèsent sur les océans s’aggravent, les gouvernements doivent agir maintenant. »

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