Le plastique, un danger mortel pour les tortues marines

Deux tortues pensionnaires à l’observatoire Kélonia ont retrouvé, ces 29 et 30 décembre 2015, leur liberté après des mois de convalescence. Les tortues, recueillies par le centre de soins de Saint-Leu, ont subi des analyses qui ont révélé la présence de plastique dans leur tube digestif. Stéphane Ciccione, directeur de Kélonia, espère que la loi interdisant les sachets à usage unique à partir du mois de mars 2016 limitera la présence de plastique dans les océans… et dans l’estomac des tortues marines.
C’est avec beaucoup d’émotion et en présence de nombreux spectateurs que le personnel de Kélonia les tortues Moana-Mathys et Tamy ont été relâchées dans l’océan, afin qu’elles retrouvent une vie en miieu naturel.

Tamy a été amenée à Kélonia blessée et afflaiblie. Moana-Mathys, a été récupérée par des pêcheurs au large de Sainte-Suzanne en février 2015. Celle-ci était emmêlée dans des cordages et ne parvenait plus à nager, ni à replonger, bien que les pêchers l’aient libérée. Après avoir été emmenée au centre Kélonia pour des radios et autres examens, la petite tortue, qui ne pesait qu’un peu plus de trois kilos, avait dans ses intestins des cordages en nylon ainsi que des matières plastiques.

C’est donc un triste constat que dresse Stéphane Ciccione, le directeur de l’observatoire, puisque qu’aujourd’hui, 95 % des tortues qui arrivent à Kélonia ont du plastique dans l’estomac. « Il y a 4 ans, une tortue sur trois avait du plastique dans les intestins. Certaines espèces le supportent mieux parce qu’elles mangent des coquillages. Mais les espèces côtières de La Réunion ( tortues vertes et imbriquées) ont des occlusions intestinales et meurent de faim.  » explique t-il.

Le large de l’océan Indien n’est pas épargné par la pollution plastique. La matière a été retrouvée dans l’estomac de tortues vivant au plus loin de nos côtes. Phénomène qui inquiète le directeur, qui se dit « pessimiste » quant à l’amélioration de l’état des océans. Serge Leplège, avec l’équipe de Terra Oceana, avaient d’ailleurs observé les dégats provoqués par le plastique au large des côtes Réunionnaises lors de l’expédition Défi Plastik. Le cas des tortues n’est donc pas isolé, bien que le contenu de leur estomac soit semblable à une poubelle. « on y a retrouvé des bouchons de bouteilles, des jouets, ou encore des briquets » souffle le directeur de Kélonia.

Cela fait maintenant 8 ans que les soigneurs du centre Kélonia constatent la présence du plastique en plus ou moins grande quantité dans les contenus stomacaux des reptiles. Au mois de mars 2016, l’usage des sacs platiques à usage unique – qui mettent des siècles à se dégrader dans la nature – seront interdits à la distribution dans tous les commerces de France. « C’est une bonne mesure. Les gens sont responsabilisés, mais ce n’est que la partie immergée de l’ice-berg. C’est aussi vrai avec le nylon (à base de pétrole) avec quoi les vêtements sont fabriqués. On aura beaucoup de mal à se passer du plastique » énonce Stéphane Ciccione.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle que Kélonia insiste sur le recyclage auprès des plus jeunes lors de visites dans les établissements scolaires de l’île. « Nous ramassons les déchets sur la plage et nous les comparons avec les contenus stomacaux des tortues. De ces déchets nous fabriquons des objets avec les enfants pour sensibiliser au recyclage » souligne t-il. De plus, le centre Kélonia ne donne jamais de sachets plastiques aux clients.

Avec une vingtaine de tortues accueillies chaque année au centre de soin, une recredscende des tortues malades a été constatée auprès des soigneurs. Selon Stéphane Ciccione, « la quantité de plastique produite est trop importante. On a tendance à montrer du doigt les pêcheurs et leurs filets, mais il faut que tout le monde ait conscience que l’on est tous concernés » termine t-il.

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