Le ré-ensauvagement, la solution pour éviter la sixième extinction de masse ?

Le président de la République a annoncé mercredi une augmentation des aires protégées à 30% du territoire, contre un peu plus de 20% actuellement. L’idée est de rendre à la nature son caractère sauvage. Une mesure qui a déjà fait ses preuves dans certains écosystèmes.

Le président de la République a annoncé hier une augmentation des aires protégées à 30% du territoire, contre un peu plus de 20% actuellement. Pour rendre demain à la nature son caractère sauvage !

Un tiers de la France transformée en parc naturel, il faudrait  que d’autres pays fassent pareil pour rendre à nouveau sauvage plus de 3 millions de kilomètres carrés de territoires colonisés par l’homme entre 1993 et 2009, selon la revue « Nature », soit une surface équivalente à celle de l’Inde. Les espaces sauvages aujourd’hui représentent à peine un quart de la surface de la planète contre 85 % il y a 100 ans. Près d’un million d’espèces animales et végétales seraient ainsi en voie de disparition ! Pour les sauver, il faut ré-ensauvager ! Autrement dit rendre à nouveau sauvage ces terres colonisées par l’homme ! Tâche colossale !

Alors, d’où vient cette idée de ré-ensauvager ?

De certains écolos radicaux américains qui veulent « laissez faire la nature »  sans aucune intervention de l’homme. À elle donc de s’autoréguler et de reprendre le pouvoir. L’acte fondateur remonte aux années 1990 dans le parc de Yellowstone qui accueillent ses premiers loups gris, un retour gagnant. L’écosystème est bouleversé : en se nourrissant d’espèces herbivores qui pillaient la flore il  fait renaître des plantes, et rend l’écosystème plus résilient. Dans la foulée du loup, des lamas et des jaguars ont été réintroduits dans les grandes plaines Argentines, des élans et des bisons dans le grand  Nord.

Et en Europe, en France on ré-ensauvage aussi.

Dans la Drôme, dans une parcelle protégée, on a constaté le retour du chamois, de l’aigle royal et du blaireau. D’ici 2025, 500 bisons devraient batifoler dans les Carpates en Roumanie, disparus il y a deux siècles avant que quelques spécimen de zoo soient relâchés dès 2014.  Au Portugal, des garranos, des chevaux sauvages galopent à nouveau dans un sanctuaire de 1.000 hectares dans la vallée de Côa.

Mais certaines réintroductions passent mal, l’ours dans les Pyrénées et le loup dans le Mercantour par exemple provoquent hostilité des bergers qui voient leurs troupeaux décimés. Le ré-ensauvagement ne se fera pas sans casse, ni sacrifices. Une sixième extinction massive des espèces animales et végétales est en marche selon certains scientifiques, il fallait bien s’attendre à une revanche de la nature.

Par Jean-Pierre Montanay, source Europe 1