Mission Arche de Noé : Dernières images des refuges des profondeurs

Un constat alarmant

Au cours de l’été passé, les gorgones du bassin méditerranéen occidental ont connu un épisode de mortalité massif lié à des températures anormalement élevées. Sur certains sites, le constat est alarmant : entre 0 et 30 mètres de profondeur, la quasi-totalité des gorgones sont mortes en seulement quelques jours. Si l’on en croit les projections climatiques, ces perturbations thermiques devraient devenir de plus en plus fréquentes. À court terme, les populations de gorgones de Méditerranée pourraient être gravement menacées et avec elles, tout l’écosystème associé.

Face à l’urgence écologique, un programme d’exploration scientifique 

Face à l’urgence écologique, l’UNESCO et la Fondation 1 OCEAN ont lancé un programme d’exploration scientifique en partenariat avec le CNRS et l’unité de recherche LECOB de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer : “L’arche de Noé des profondeurs, un avenir pour la biodiversité ?” En effet, au-delà d’une certaine profondeur, les gorgones semblent préservées, comme si elles avaient été protégées dans une capsule thermique. Pour les scientifiques, ce constat est un véritable motif d’espoir : moins impactées par les anomalies de températures, les profondeurs pourraient devenir de véritables refuges climatiques pour les forêts animales.

AVRIL 2023 : UNE SECONDE MISSION POUR LE PROGRAMME SCIENTIFIQUE DE LA FONDATION 1 OCEAN

L’équipe de la Fondation 1 OCEAN accompagnée de Lorenzo Bramanti, chargé de recherche et spécialiste des forêts sous-marines au laboratoire LECOB-CNRS, ont effectué la deuxième mission du programme d’exploration scientifique “L’arche de Noé des profondeurs”. Cette mission s’est déroulée récemment dans la région de Saint-Raphaël, dans le Var. Elle avait notamment pour objectif de récolter davantage d’échantillons dans des forêts intactes afin d’approfondir les recherches. Près de 8 mois après l’épisode de mortalité, l’équipe de la Fondation 1 OCEAN souhaitait également effectuer de nouvelles observations afin de pouvoir constater une éventuelle évolution des populations de gorgones.

Nous avons pu observer qu’en dessous de 50 mètres, il n’y a pratiquement aucun signe de mortalité causé par le réchauffement de la colonne d’eau. Contrairement à de nombreuses populations de surface que nous avons pu suivre précédemment, nous avons trouvé à 60 mètres de profondeur une population en excellent état de santé, constituée de grandes colonies et s’étendant sur une large surface. La collecte de ces données nous permet de poser les bases du projet “l’Arche de Noé” et de comprendre si, comment et pour combien de temps, ces refuges pourront protéger les forêts de gorgones contre la hausse des températures.” a déclaré Lorenzo BRAMANTI

« À mesure que nous descendons dans les profondeurs, le décor féérique du vivant s’offre de nouveau à nous. Une fois passés les cinquante premiers mètres, je redécouvre une immense forêt pleine de vie, comme si j’ouvrais la porte d’un nouveau monde. Ce nouveau constat est un véritable espoir pour la suite de ce programme scientifique et, plus largement, pour tout un pan de la biodiversité marine. Il s’agit là de plongées dans les refuges profonds, là où le vivant défit une nouvelle fois les frasques de l’Homme.” a déclaré Alexis ROSENFELD