Naissances porteuses d’espoir chez les baleines noires (ou franches) de l’Atlantique nord

La saison de reproduction bat son plein chez les baleines noires de l’Atlantique Nord. Au 20 janvier 2021, 13 veaux en bonne santé ont été comptabilisés par les chercheurs. Mais la liste s’allonge chaque jour. Avec un tel nombre, il s’agit de la meilleure saison des naissances depuis 2016. Une vraie note d’espoir pour cette espèce qui ne compterait plus que 356 individus et dont la population est en chute libre.

Un chiffre enthousiasmant, mais pas un baby-boom

À l’heure actuelle, 13 veaux ont été recensés pour la saison de reproduction 2021. Quatorze, si l’on compte la toute première observation de la saison: un nouveau-né malheureusement retrouvé décédé sur les plages de Caroline du Nord en novembre. Quinze, si on inclut le veau observé aux iles Canaries (voir ci-dessous).

Cela semble peu pour une espèce entière, mais pour l’équipe du New England Aquarium, qui suit assidument la population de baleines noires de l’Atlantique Nord tout au long de l’année, c’est un chiffre encourageant. «Il y a eu seulement 5 naissances en 2017 et aucune en 2018», souligne Philip Hamilton, chercheur au New England Aquarium. Depuis, les chiffres remontent un peu: 7 veaux en 2019 et 10 en 2020.

Pour autant, le biologiste refuse de parler de «baby-boom» : «Avant ces grosses années de déclin, on dénombrait en moyenne 18 naissances par année. Et lors de l’année la plus productive jamais documentée [en 2009, NDLR], 39 veaux sont nés. C’est une très bonne chose que les naissances soient en augmentation, mais pour parler de véritable explosion démographique et se réjouir, il faudrait peut-être 40 ou 50 veaux.» Ne boudons pas notre plaisir: plusieurs femelles repérées au large de la Floride semblent gestantes, il se pourrait bien que de nouvelles naissances soient signalées rapidement. Chez les baleines noires de l’Atlantique Nord, les naissances se déroulent habituellement entre janvier et mars.

Carnet rose

Qui sont les nouvelles mamans à féliciter? Les premières à avoir été aperçues au large de la Floride début décembre sont Chiminea (#4040) et Millipede (#3520). Pour Chiminea, qui a 13 ans cette année, c’est son premier veau.

Mi-décembre, c’est dans les eaux de la Caroline du Sud que le troisième veau de l’année a été repéré. La mère (#3942) est également une nouvelle reproductrice: née en 2009, elle est la première de sa génération à mettre bas. Enfin, c’est près des côtes de la Géorgie que Nauset (#2413) et son nouveau-né sont observés pendant les fêtes de fin d’année.

Début 2021, les bonnes nouvelles s’enchainent. Magic (#1243), une baleine noire de 39 ans, met au monde son septième veau. Minus One (#2430), elle, donne naissance à son troisième veau à l’âge de 27 ans. Félicitons également Binary (#3010) pour son troisième petit à l’âge de 21 ans et #2420pour son cinquième veau à 27 ans. La doyenne des mamans, Grand Teton (#1145) est âgée de plus de 40 ans. Au large d’Amelia Island, en Floride, ce sont enfin Bocce (#3860, 12 ans, deuxième veau), Infinity (19 ans et premier veau), une nouvelle reproductrice de 14 ans (#3720) et une baleine de 20 ans déjà maman deux fois (#3130) qui sont observées accompagnées de leur veau.

Naissances sous haute surveillance

Si le nombre de naissances de baleines noires de l’Atlantique Nord est scruté de si près, c’est parce que cette espèce est l’une des plus menacées au monde. Victimes de nombreuses collisions avec des navires et empêtrements dans des cordages de pêche, les baleines noires de l’Atlantique Nord comptent chaque année plus de décès que de naissances. «Au cours des vingt dernières années, on a noté que les femelles commencent leur reproduction plus tard et attendent plus longtemps entre chaque veau — aujourd’hui presque 10 ans, contre 3 à 4 ans avant», précise Philip Hamilton.

Les paires mère-veau sont particulièrement vulnérables dans les premières semaines de vie du baleineau. Aussi, à chaque observation, des avis sont-ils publiés à destination de la navigation commerciale et de loisir pour limiter la vitesse et rappeler que la distance à respecter avec les baleines noires est de 500m minimum aux États-Unis.

Source : GREMM