Namibie : les conservancies, des réserves modèles

A peine son indépendance acquise, en 1990, la Namibie s’est lancée dans une révolution écologique.

Après des décennies de braconnage massif et incontrôlé, réduisant à une poignée de survivants le casting des big five (lion, léopard, rhinocéros noir, buffle et éléphant), les autorités ont procédé à une reprise en main radicale de la faune et de la flore. D’abord en incluant au sein même de la Constitution (art. 95) la nécessité de préserver l’environnement. Puis en imaginant, en 1996, un mode de gestion des écosystèmes unique au monde, faisant des villageois les garants de la sauvegarde des espèces vivant autour d’eux : les conservancies, ou conservatoires communautaires.

Les habitants d’une zone particulière s’engagent ainsi, selon un strict protocole, à y protéger la nature en échange de retombées économiques. Des bénéfices surtout liés au tourisme, avec les nuitées dans les lodges, la gestion des campements, les animations folkloriques, la rémunération des guides de brousse… Mais aussi les «permis de tuer» vendus aux chasseurs de trophées, selon des quotas fixés par l’Etat. Aujourd’hui, le réseau de protection namibien compte, outre les parcs nationaux, réserves privées et autres aires protégées, quatre-vingt-trois conservancies, couvrant 20 % de la surface du pays et impliquant un habitant sur dix. «Les conservancies sont devenus un modèle en Afrique, souligne Maxi Louis, directrice de la Nacso, l’association en charge de la coordination des conservatoires. En Namibie, le nombre d’animaux sauvages est reparti à la hausse et les emplois dans l’écotourisme ont fait sortir des milliers de familles de la pauvreté.» Mais la cohabitation entre l’homme et l’animal dans ces espaces sans clôtures n’est pas toujours facile : les prédateurs attaquent régulièrement les troupeaux, et les éléphants et les hippopotames piétinent souvent les cultures…

Un système de dédommagement financier géré par le gouvernement permet alors de limiter le manque à gagner pour des fermiers déjà victimes de la sécheresse. «L’agriculture en Namibie est de moins en moins rentable en raison du réchauffement climatique, et les jeunes des régions les plus arides fuient vers les grandes villes, s’inquiète Maxi Louis. Plus que jamais, nous devons prendre soin de notre nature sauvage.» Bonne nouvelle, le pionnier namibien fait des émules, et pas seulement en Afrique : le Kenya et l’Afrique du Sud, mais aussi la Mongolie ou le Népal, ont déjà adopté le système des conservancies.

Source : GEO