« Protéger l’Allier, un projet d’envergure » Par Gilbert Cochet, Association Parc National zone humide en Bourbonnais

L’Allier reste l’une des dernières rivières sauvages d’Europe. Libre, la rivière sinue en méandres ou s’étale largement en zones humides, forme des bras morts, des gravières, bref permet le développement naturel de la faune et de la flore. A l’heure où l’on parle de protéger la biodiversité, des naturalistes appellent à sanctuariser ce milieu remarquable.

Tout récemment, notre pays a vu la création de deux parcs nationaux : le parc de forêts de Champagne et Bourgogne et le parc des Calanques. Cependant, il n’existe toujours pas de parc fluvial en France. Nous, l’Association Parc National zone humide en Bourbonnais, proposons un projet de grande envergure, un parc national dans le Val d’Allier-Val de Loire.

Un parc national fluvial, pour quoi faire ?

Ce parc national fluvial doit offrir de manière exemplaire une continuité longitudinale assurant le libre déplacement de la faune, et notamment des poissons migrateurs, mais aussi un transit sédimentaire sans entrave. Or, il se trouve que, plus largement, dans le grand bassin de la Loire, des expériences audacieuses d’effacement d’obstacles ont été réalisées avec un grand succès. Ainsi, la suppression du barrage de Saint-Etienne du Vigan sur le haut Allier a permis aux saumons de retrouver leurs frayères les plus en amont. Toujours sur l’Allier, l’effacement, malheureusement partiel, du barrage de Poutès a déjà entraîné la reprise du transit sédimentaire. La destruction du barrage de Maisons Rouges sur la Vienne a permis les retours inespérés d’aloses et de lamproies marines tandis que le milieu naturel s’est reconstitué avec la formation de dix radiers et de nombreux bancs de graviers.

La faune et ses surprises

Des ambassadeurs de la vie sauvage font un retour remarqué sur le cours de l’Allier et de la Loire. C’est le cas du castor, réintroduit grâce au lâcher de 13 individus sur la Loire, en amont de Blois, dans les années 1970, et présent aujourd’hui sur l’ensemble du val de Loire et d’Allier. De même, la loutre, à partir de ses refuges dans le haut Allier et la Haute-Loire, a recolonisé ses anciens territoires plus en aval. Plus surprenant, des observations de phoque veau-marin (à La Charité-sur-Loire, Giens, Nevers, Chinon, Tours – voir Notteghem, 2012) démontrent que la protection bouscule parfois nos certitudes en matière de niche écologique.

En forêt riveraine (ripisylve), des colonies de cigognes blanches côtoient souvent des hérons cendrés. Trois cent couples de cigognes blanches nichent ainsi sur le seul val d’Allier en région Centre. Le balbuzard pêcheur est en pleine expansion dans un milieu fait pour lui, associant étangs et cours d’eau pour la nourriture et forêts pour la construction de l’aire. Il se reproduit sur une bonne partie du cours de la Loire et, depuis peu, sur le val d’Allier. Les effectifs, évalués à une cinquantaine de couples, sont appelés à augmenter. Le pygargue à queue blanche, présent depuis peu en France avec trois couples dans le Grand Est, est à la veille d’une installation dans le val d’Allier et dans le val de Loire (LOANA, 2018). Ce retour est un évènement majeur dans l’histoire de la faune sauvage française.

Pour les libellules, la famille des Gomphidés est représentée en quasi-totalité, preuve d’un fonctionnement naturel peu altéré.

Des données anciennes évoquent la présence de la grande mulette (moule géante d’eau douce) sur l’Allier et la Loire. Cette espèce rarissime a été retrouvée dans la Vienne et la Creuse (Cochet G., 2001)…..

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