Un reptile sur cinq serait menacé d’extinction

L’étude publiée est une évaluation globale du risque d’extinction des reptiles, réalisée sur « plus de 15 ans » et co-signée par une cinquantaine d’auteurs, épaulés dans la collecte d’informations par des centaines de scientifiques répartis sur six continents.

Un reptile sur cinq dans le monde est menacé d’extinction, révèle le 27 avril 2022 une étude publiée dans la revue Nature, portant sur plus de 10.000 espèces existantes de tortues, crocodiles, lézards ou serpents. Cette même étude fait ressortir que les efforts de protection visant d’autres animaux « à poils ou à plumes » bénéficient aussi aux reptiles et ces derniers « méritent la même attention« , souligne Bruce Young, zoologiste en chef pour l’ONG NatureServe et co-auteur de l’article paru dans Nature. « Ce sont des créatures fascinantes qui jouent un rôle indispensable dans les écosystèmes de la planète« , prédateurs d’espèces nuisibles ou proies pour des oiseaux et autres animaux, insiste son collègue Sean O’Brien, président de NatureServe, cité dans un communiqué.

Une étude menée sur six continents

L’étude publiée est une évaluation globale du risque d’extinction des reptiles, réalisée sur « plus de 15 ans » et co-signée par une cinquantaine d’auteurs, épaulés dans la collecte d’informations par des centaines de scientifiques répartis sur six continents, ont expliqué trois des rédacteurs lors d’une conférence de presse. Les espèces « menacées » sont classées dans trois catégories : « vulnérable », « en danger » ou « en danger critique » selon la classification de la liste rouge de l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature, l’une des principales ONG dans ce domaine.

L’étude montre que les reptiles sont proportionnellement moins menacés au niveau mondial que les mammifères ou les amphibiens mais davantage que les oiseaux. Certaines régions sont plus exposées : le sud-est de l’Asie, l’Afrique de l’Ouest, le nord de Madagascar, le nord des Andes, les Caraïbes. Et les reptiles vivant dans les forêts sont les plus menacés : 30% d’entre eux, contre 14% de ceux qui vivent en milieu aride.

« La perte de l’habitat (…) continue d’être la principale menace« , souligne Neil Cox, de l’UICN. Parmi toutes les espèces étudiées, les tortues et les crocodiles sont encore plus particulièrement concernés, victimes de surexploitation et de persécution. Source de nourriture et victimes des croyances liées à leurs vertus médicinales, elles sont aussi capturées pour devenir des animaux domestiques pour les premières. Mais aussi chassés pour leur dangerosité pour les seconds. Autre exemple : le cobra royal, animal iconique, qui était répandu en Inde et dans le sud-est de l’Asie. « On soupçonnait qu’il était en déclin, il est maintenant classé comme vulnérable« , note Neil Cox. Il est pénalisé par la disparition de la forêt dans laquelle il vit, à cause de l’exploitation des forêts ou de leur conversion en terres agricoles.

Des milliards d’années d’évolution

Quant au changement climatique, il pourrait directement menacer « 10 ou 11% des reptiles« , estime Bruce Young, même si le chiffre est probablement sous-estimé par l’étude, notamment parce que l’impact négatif sera observé à plus long terme, alors que les critères de la liste rouge de l’UICN sont liés à des effets plus immédiats, sur une période couvrant les trois prochaines générations de l’espèce, ou une décennie, selon celle de ces périodes qui est la plus longue

De son côté, le Pr Blair Hedges, spécialiste de la biodiversité à Temple University (Etats-Unis), met en garde contre la perte de la mémoire génétique de ces animaux. « Seize milliards d’années d’évolution seront perdues si toutes les espèces menacées s’éteignent« , prévient-il. Parmi elles se trouve l’iguane marin des Galapagos, « le seul lézard au monde à s’être adapté à la vie aquatique« , rappelle-t-il. Des mesures « urgentes et ciblées » sont nécessaires pour protéger les espèces les plus menacées, plaident les auteurs de l’étude, « particulièrement les lézards endémiques à des îles menacés par l’introduction de prédateurs et ceux qui sont plus directement affectés par les humains« .

Source : Science et Avenir