Le Parlement européen vote contre les pesticides

Le Parlement européen vote contre les pesticides<br />© Pixabay

Pour la première fois, les eurodéputés ont dit non aux pesticides dans les haies, bosquets et autres refuges de biodiversité. Un signal fort en faveur d’un « verdissement » de la politique agricole commune. 

 

Menace pour la biodiversité et les hommes

Triste record, la France est, à l’heure actuelle, le plus gros utilisateur de pesticides en Europe avec 5,4 kg en moyenne par hectare et par an.

Parallèlement à l’usage agricole, l’entretien des espaces verts, des voiries et des jardins d’agrément constitue également une source de diffusion des pesticides dans l’environnement, bien que de plus en plus de collectivités se convertissent au « zéro pesticide ».

Cette utilisation intensive induit des perturbations, à des degrés divers, sur tous les êtres vivants exposés à ces substances et déstabilise des écosystèmes entiers. 

En France, la moitié des cours d’eau et près d’un tiers des nappes souterraines contrôlées en 2004 présentaient des traces significatives de pesticides. L’année 2016 a encore vu mourir un nombre record de colonies d’abeilles domestiques et a été catastrophique pour la récolte de miel. Les agriculteurs, eux-mêmes, sont victimes des pesticides.

Récemment le lymphome non-hodgkinien, la maladie de Parkinson et les hémopathies ont été officiellement reconnus comme des maladies professionnelles causées par la manipulation des pesticides. De façon plus générale, ces produits chimiques ont des effets toxiques sur la santé de l’ensemble des populations exposées : perturbations hormonales, problèmes de fertilité, perturbations du développement des fœtus…
 

Le WWF riposte

Plaidant en faveur d’une agriculture biologique, en permaculture ou à bas niveau d’intrants, le WWF souhaite refonder un nouveau pacte agricole et alimentaire.

Suite au Grenelle de l’environnement, au sein duquel le WWF a porté haut et fort ses revendications, l’Etat français s’est engagé à réduire de moitié en dix ans la quantité d’insecticides et d’herbicides utilisés en France. Même si cet objectif initialement fixé pour 2018 a malheureusement été repoussé à 2025 et que la consommation de pesticides, au lieu de baisser, a augmenté de 9% entre 2009 et 2012 !

Après une première étude parue en 2011 sur l’incidence des perturbateurs endocriniens sur la biodiversité, le WWF publie en 2012 un rapport accablant intitulé « la biodiversité, victime silencieuse des pesticides », mettant en avant l’absence de volonté politique face au danger encouru par les écosystèmes et l’homme.

La même année le WWF soutenait la création et les actions de l’association « Phyto-victimes » dédiée à la défense des agriculteurs victimes des pesticides.

Plus récemment, aux côtés de l’ONG Birdlife et du Bureau européen de l’environnement, nous avons lancé la campagne Living Land pour appeler les citoyens à répondre à la grande consultation publique européenne sur la PAC, politique agricole commune, qui prenait fin le 2 mai dernier. Au total, 250 000 personnes ont participé, exhortant la Commission européenne à mettre en œuvre une politique agricole européenne juste, écologiquement durable, saine et responsable.
 

Un premier pas vers une PAC «sans pesticide»

Mercredi 14 juin, un long bras de fer s’est achevé avec le vote du parlement européen en séance plénière. Pour la première fois dans l’hémicycle de Strasbourg, la biodiversité s’est imposée face à une agriculture entièrement dépendante des produits phytosanitaires. Les députés ont ainsi voté majoritairement en faveur de la restriction de l’usage des pesticides pour les « surfaces d’intérêt écologique » (SIE).

Ces parcelles ont été créées en 2014 dans le cadre de la politique agricole commune afin de créer des zones refuges pour la biodiversité (mares, murets, bosquets, lisières de bois, cultures de légumineuses). L’application de cette réforme restreignant le recours aux pesticides témoigne d’un engagement de la part de Bruxelles en faveur de l’environnement. Il s’agit d’un bon signal pour la réforme de la PAC à venir. Toutefois, si le WWF se félicite de cette victoire qui vient récompenser un intense travail de plaidoyer, il déplore dans le même temps le faible pourcentage de surface de SIE prévue dans chaque exploitation.

Réaction du WWF de la 12e Assemblée Générale de la RTRS concernant le vote sur l’utilisation du pesticide Paraquat

Réaction du WWF de la 12e Assemblée Générale de la RTRS concernant le vote sur l'utilisation du pesticide Paraquat<br />© Adriano Gambarini / WWF-Brazil

L’assemblée Générale de la Table Ronde pour le Soja Responsable (RTRS) a voté en faveur de nouveaux indicateurs basés sur les principes et critères de la RTRS pour l’utilisation responsable des pesticides.

Ces nouveaux indicateurs demandent aux membres qui produisent du soja de ne plus utiliser le pesticide Paraquat, avec un délai d’abandon progressif de juin 2017 à janvier 2021.

Le WWF plaide depuis 2012 pour l’interdiction totale du Paraquat. En tant que membre de la RTRS, le WWF a participé à plusieurs groupes de travail sur l’utilisation responsable des pesticides et a défendu ardemment ses positions.

Déjà en 2013, l’assemblée générale de la RTRS avait voté en faveur de l’abandon du Paraquat à fin juin 2017, à condition de prouver que des alternatives au Paraquat existent pour les producteurs de soja.

Cette année lors d’une réunion de travail, il a été mis évidence que ces alternatives sont suffisantes pour justifier un arrêt immédiat de l’utilisation du Paraquat..

Pour nourrir le débat, Le WWF a commandé et publié une étude qui démontre qu’il existe bel et bien d’autres solutions moins toxiques à disposition des producteurs de soja.

L’assemblée générale de la RTRS est parvenue à un consensus le 1er juin 2017 pour laisser les producteurs s’adapter à une interdiction du Paraquat d’ici à 2021.

Le WWF et la Fundación Vida Silvestre Argentina n’ont pas réussi à obtenir suffisamment de soutien pour conserver une fin de l’utilisation du Paraquat à juin 2017. La proposition d’un abandon progressif du Paraquat sur une période de 4 ans, ne nous satisfait pas, mais respecte la décision de l’assemblée générale.

Lors du vote de l’assemblée Générale du 1er juin, le WWF a choisi de s’abstenir afin de marquer son désaccord sur la décision d’extension de la période de transition de l’utilisation du Paraquat.

Selon une étude de la RTRS, 52 % des producteurs certifiés RTRS n’utilisent pas de Paraquat.

Le WWF continuera de militer pour que l’ensemble des producteurs cessent d’utiliser ce pesticide dès que possible et incite les acheteurs de soja à une meilleure traçabilité ainsi qu’à la vigilance quant à l’utilisation de ce pesticide.

RENARD : Annulation des tirs de nuit 2015 pour l’Eure

Le Tribunal administratif de Rouen annule, dans son jugement n°1501692 du 20 juin 2017, l’arrêté du préfet de l’Eure autorisant les lieutenants de louveterie à réaliser des tirs de nuit […]

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