Le moratoire sur le soja amazonien est prolongé jusqu'en mai 2016

Vue aérienne de la monoculture de soja et du Cerrado<br />© Adriano Gambarini / WWF-BrazilLe 25 novembre dernier, le Groupe de travail sur le soja (GTS) qui rassemble des ONGs, le gouvernement brésilien ainsi que de nombreuses entreprises internationales, a annoncé que l’accord qui interdit l’achat, la commercialisation et le financement du soja issu du biome amazonien sur des zones déforestées après juillet 2008 sera prolongé jusqu’au 31 mai 2016. Sont ajoutées à cet accord les aires de conservation identifiées par l’institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles (IBAMA) ainsi que celles où du travail forcé est avéré.

On note un élément nouveau dans l’accord signé cette année : toutes les parties s’engagent désormais à appliquer le nouveau code forestier et à adopter de bonnes pratiques agricoles.

Le moratoire sur le soja amazonien est entré en vigueur en 2006. Depuis cette date, il joue en faveur du ralentissement de la déforestation amazonienne car il interdit le commerce du soja issu des zones déboisées. Ainsi, le Brésil est par exemple parvenu à réduire considérablement la déforestation qui dépassait les 27.000 km² par an en 2004 pour atteindre 4.571 km² en 2012, l’année où la déforestation a été la plus faible.

Si les années précédentes, le gouvernement fédéral brésilien s’était contenté de signer l’accord, il en est cette année devenu membre officiel et a pris des engagements en faveur de l’application du code forestier, principalement par le biais du Registre rural de l’environnement (CAR) et du programme de régularisation de l’environnement (PRA).

En plus de sensibiliser les producteurs de soja, le GTS espère que le nouveau code forestier brésilien sera en priorité appliqué aux propriétaires fonciers situés dans les communes qui produisent du soja dans le biome amazonien.

Jean-François Timmers, Directeur de la politique publique du WWF Brésil et membre du GTS, affirme que « le Groupe de travail vient d’entrer dans une nouvelle phase, où l’objectif est de parvenir à la mise en place concrète du code forestier et à la propagation des bonnes pratiques agricoles, sans pour autant renoncer au compromis zéro déforestation liée au soja en Amazonie« . Selon lui, les discussions politiques au sein du GTS ont permis de mettre en évidence des problèmes techniques et ont montré leur potentiel important à générer des résultats sur le terrain.

Diane Simiu, Directrice des programmes de conservation du WWF France, salue tout particulièrement le rôle de catalyseur joué par le groupe Carrefour. « En menant les négociations pour le compte du Consumer Goods Forum (qui rassemble 400 entreprises de la distribution et de fabrication de biens de consommations, totalisant 3000 milliards d’euros de CA), le groupe Carrefour a clairement montré que certains groupes internationaux ont à cœur d’honorer leurs engagements de lutte contre la déforestation en lien avec le climat, pris notamment à New York en Septembre. Ainsi, le renouvellement du moratoire sur le soja amazonien est un excellent signal sur le front de la déforestation ».
 

Accord France-Brésil de lutte contre l'or illégal : Une situation au point mort

Orpaillage illégal en Guyane française<br />© Michel Gunther  WWF-CanonSix ans après sa signature, un an après sa ratification par le Brésil, tel qu’annoncée par le Président François Hollande lors de sa dernière visite présidentielle en Guyane, l’accord de coopération entre la France et le Brésil n’est toujours pas entré en vigueur. L’histoire de cet outil, pourtant indispensable à une lutte efficace, soulève de sérieux doutes quant à la volonté des Etats d’en finir avec le fléau de l’orpaillage illégal en Guyane.

Un contenu bien pensé

L’accord signé par les Ministres des Affaires Etrangères brésilien et français en décembre 2008 repose sur un contrôle coordonné du fleuve frontière Oyapock, véritable échine logistique de l’orpaillage illégal, sur la mise en place d’un dispositif de traçabilité de l’or et des moyens nécessaires à sa production, ainsi que sur la promotion et le soutien à un développement économique alternatif au nord Brésil. Sur le papier, ce vaste et ambitieux programme semblait répondre avec acuité à la complexité du phénomène d’exploitation aurifère illégale en Guyane !

Réticence à la coopération assumée en Amapá

Ce volontarisme des gouvernements respectifs s’est cependant heurté, dans l’Etat de l’Amapá au Brésil, aux résistances de certaines formations politiques œuvrant activement au maintien des trafics d’or illégal. Ainsi, bien que ratifié par le parlement français en 2010, l’accord est resté gelé au Brésil…jusqu’à la faveur d’une visite du Président de la République française, François Hollande, en décembre 2013.

Une ratification par le parlement brésilien annoncée par le Président de la République française

Le sentiment d’inaction des pouvoirs publics face à la lutte contre l’orpaillage illégal et les nombreux impacts que génère cette activité (violences, paludisme, vols, pollutions, destruction de l’environnement, etc.), ont amené à la création d’un collectif citoyen, les « Hurleurs de Guyane », quelques semaines avant la visite présidentielle française au Brésil de décembre 2013 et grâce au travail de fond mené par le WWF depuis de nombreuses années. François Hollande avait annoncé lors de cette visite,  la ratification de l’accord par le parlement brésilien.

Et depuis ?

Alors qu’à la COP 20 au Pérou les délégués ne cessent de rappeler le rôle essentiel pour le climat de la forêt amazonienne, le WWF regrette vivement qu’aucune évolution réelle n’ait eu lieu sur le terrain, douze mois après cette rencontre franco-brésilienne au sommet, pour lutter contre les effets environnementaux, mais également sociaux et sanitaires dévastateurs de l’orpaillage illégal.
Pire, en dépit de l’annonce officielle du Président de la République française, l’accord n’est toujours pas promulgué au Brésil.
Le WWF demande donc aux autorités françaises et brésiliennes de protéger les forêts et de prendre leurs responsabilités pour mettre en œuvre et déployer, sur le terrain, cet accord commun de lutte contre l’or illégal, qui ne cesse de gangréner le dynamisme des relations franco-brésiliennes.
 

COP20 : Dernière répétition avant Paris Climat 2015

Sauver la planète sera moins cher que l'inaction<br />© naturepl.com/WWE/Widstrand/WWF-CanonLa 20e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP20) s’ouvre à Lima, au Pérou, le 1er décembre prochain. Cette rencontre va permettre d’évaluer le degré de volontarisme politique affiché par les Etats  dans les  négociations portant sur un  nouvel accord mondial sur le climat. Les attentes sont fortes : les Etats sont censés jeter les bases d’un accord qui sera scellé en 2015, lors de la COP21 qui se déroulera en France, au Bourget.

Le changement climatique s’opère à un rythme galopant et le consensus est maintenant établi parmi les scientifiques sur ses différents impacts : les preuves scientifiques sont écrasantes. Il est donc impératif que les Etats fassent du changement climatique une priorité et quittent Lima en ayant dessiné les contours d’un accord en vue de 2015.

Les conséquences de l’inaction sont dorénavant connues

« Il ne faut pas se méprendre : c’est lors de cette COP20 qu’on va pouvoir évaluer la volonté politique de chacun en vue d’une action urgente sur le climat, et plus particulièrement en vue d’un accord mondial ambitieux et équitable sur le changement climatique« , a déclaré Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Par ailleurs, ces derniers mois ont été le théâtre d’une mobilisation sans précédent de la société civile mondiale dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce qui ajoute à l’urgence générale. C’est la preuve que les gouvernements doivent accélérer le rythme des négociations sur le climat et l’ampleur de leurs engagements.

« Apres les dernières annonces de l’UE, des Etats-Unis et de la Chine, ainsi que les contributions au Fonds vert, nous attendons des pays à Lima qu’ils puissent arrêter le bon cadre pour capturer ces contributions et les suivre. Nous attendons aussi qu’une revue l’an prochain puisse ouvrir la voie a plus d’ambition vers Paris Climat 2015 pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C » Pierre Cannet, Responsable du Programme Climat, Energie et Infrastructures durables.

Pour Diane Simiu, Directrice des programmes, « l’annonce par le Président de la République,  en ouverture de la conférence environnementale, de l’arrêt des crédits à l’export aux projets charbon est un autre signal encourageant, susceptible d’entraîner d’autres pays sur cette voie« .

Le WWF attend les résultats suivants à Lima :

Un engagement des gouvernements à agir de manière urgente pour parvenir à un pic des émissions avant la fin de la décennie, notamment en accélérant le déploiement  des énergies renouvelables dans le monde avec un objectif de 25% de consommation d’énergie et de doublement de l’efficacité énergétique d’ici à 2020, et via des actions  dans les secteurs de la forêt et de l’agriculture pour viser un objectif de « Zéro déforestation et dégradation des terres net »

Les gouvernements doivent également s’accorder sur les éléments du texte  à finaliser en 2015,  qui devra notamment :

  • revêtir un caractère contraignant en matière de réduction d’émissions avec des  objectifs nationaux clairs
  • définir un objectif mondial pour l’adaptation
  • fixer un objectif de long terme pour plafonner les émissions de GES en ligne  avec les « budgets carbone » identifiés dans le 5e rapport du GIEC
  • définir un processus de revue des efforts de réductions d’émissions et des  moyens de mise en œuvre associés, à la lumière du budget carbone global et  du cadre sur l’équité ;  et un mécanisme pour augmenter l’action et les  engagements en ligne avec ces revues ;
  • établir une feuille de route pour augmenter les financements d’ici à 2020

Les pays qui ne sont toujours pas engagés à contribuer au Fonds Vert doivent profiter de la
COP20 de Lima pour le faire.

« Nous allons nous réunir sur un continent composé de pays en développement qui ont déjà subi les effets dévastateurs du changement climatique, que ce soit par les inondations, la fonte des glaciers et des phénomènes météorologiques extrêmes. C’est aussi un continent où des mesures énergiques ont été prises pour combattre le changement climatique. Cela devrait inciter tous les pays à mettre de côté leurs propres intérêts nationaux et à agir dans l’intérêt de la planète« , a déclaré Tasneem Essop.  

Philippe Germa, Directeur général du WWF France et Pierre Cannet, responsable du Programme Climat, Energie et Infrastructures durables seront présents à Lima et pourront proposer un décryptage des négociations.

#COP20
#ParisClimat2015

Conférence environnementale : Le WWF attend que la France montre l'exemple

Centrale électrique à charbon<br />© Global Warming Images / WWF CanonLe Chef de l’État va ouvrir demain la troisième conférence environnementale de son quinquennat. Alors que Paris va accueillir dans 368 jours la conférence mondiale sur le climat, pour le WWF France, il est nécessaire que la France mette en conformité ses promesses d’excellence environnementale avec des actes politiques concrets. C’est cette exigence de cohérence et d’ambition que le WWF attend de l’exécutif français.

Table ronde 1. Mobilisation nationale vers la COP 21 sur les enjeux du climat et de la biodiversité

L’ambition et les engagements concrets qui seront pris lors de cette table ronde dessineront en grande partie l’exemplarité et donc la légitimité de la France à être un acteur écouté lors de la conférence de Paris sur le climat.
Parce qu’il en va de la crédibilité de notre pays, le WWF attend des actes forts sur les points suivants :

  1. Démontrer l’exemplarité de la politique d’achat publique par la prise d’engagements quantifiables afin de faire de la commande publique  un réel vecteur de développement d’une offre de biens et services responsables. Cette notion d’Etat exemplaire était déjà dans la loi Grenelle 1 (articles 34.2 et 48) mais tarde à se concrétiser dans les faits.
  2. Arrêt des soutiens publics au charbon tant au sein des banques régionales de développement où la France siège qu’au travers de ses garanties aux crédits exports (COFACE).
  3. Soutenir la réorientation des investissements publics vers des projets à forte valeur environnementale, en particulier au niveau européen en faisant la promotion des obligations vertes.
  4. Donner aux Outre-Mer les moyens de réussir leur transition écologique et d’être des modèles de développement dans leur zone régionale (Antilles, Guyane, Nouvelle Calédonie, Réunion). Cela passe en particulier par l’arrêt de la défiscalisation des investissements et projets anti-écologiques en Outre-Mer. Il paraît ainsi inconcevable que l’Etat accorde la défiscalisation au projet de centrales en charbon en Nouvelle Calédonie alors que la France va accueillir en 2015 la conférence sur le climat.
  5. Renforcer la place des enjeux environnementaux dans la formation initiale et continue, en particulier pour les professions amenées à mettre en œuvre la transition écologique et énergétique, les professions agricoles et la fonction publique centrale et territoriale (ENA, IRA, Ecole de la Magistrature, conférence des grandes écoles, etc.)

Table  ronde 2. Santé et Environnement et Table 3. Transport

Alors que tout le monde prend conscience de l’impact sanitaire gravissime de la pollution automobile sur les populations urbaines, le WWF souhaite que les tables rondes santé et Environnement et transport aboutissent à un agenda commun de mesures sur ce sujet.
En ce qui concerne la table ronde 2, le WWF, qui soutient les positions du Réseau Santé Environnement dont il est membre fondateur, souhaite que l’Etat s’engage à décloisonner ses politiques publiques de santé, d’environnement et d’alimentation en intégrant de façon claire la dimension environnementale dans le Programme National pour l’Alimentation (PNA) et le Programme National Nutrition Santé (PNNS).

Twitter : #ConfEnv

Épargnez les derniers bouquetins du Bargy !

Capra pyrenaica<br />© WILD WONDERS OF EUROPE /WIDSTRAND / WWF

-52% de biodiversité dans le monde… mais bientôt -100% de bouquetins dans le Bargy !

Le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) s’apprête à rendre son avis sur la demande d’abattage de la totalité des bouquetins du Bargy. A cette occasion, le WWF tient à rappeler que l’extermination de cette espèce emblématique sur l’ensemble du massif ne permettra pas d’éradiquer le foyer de brucellose mais risque au contraire de l’étendre, favorisant ainsi la contagion de la maladie.

En avril 2012, deux personnes tombent malades après avoir consommé du fromage frais produit dans une ferme laitière. Une enquête met alors en évidence que les bouquetins ont transmis la bactérie aux bovins. Craignant que cette maladie contamine le cheptel bovin et rende le reblochon fabriqué avec le lait des vaches impropre à la consommation,  251 bouquetins de plus de 5 ans sont abattus, sur ordre de l’Etat, à l’automne 2013. Mais alors que cette opération a eu pour effet de disséminer la maladie, le préfet persiste et réclame aujourd’hui l’éradication de la totalité des bouquetins du Bargy.

L’abattage systématique, une fausse bonne idée

S’il prend très au sérieux la brucellose et les conditions de sa propagation, le WWF ne souhaite pas que cela se fasse au prix d’un sacrifice gratuit tel que l’éradication des animaux sains du Bargy. C’est pourquoi, le WWF demande d’attendre les résultats du prochain rapport de l’ANSES (Agence de Sécurité Sanitaire), prenant en compte la nouvelle situation après le premier abattage de l’automne dernier avant de lancer toute opération de mise à mort dans la population de bouquetins.

Préserver l’équilibre naturel de nos montagnes

Le WWF réclame une réévaluation de la gestion de cette maladie et plaide pour un abattage sélectif, préservant les bouquetins sains. Le WWF préconise également le recours à un vaccin – il en existe un pour les moutons et les chèvres, mais ses effets sur le bouquetin sont inconnus. Une solution similaire a été appliquée à d’autres espèces animales, notamment renards et sangliers et a relativement bien fonctionné. Pourquoi ne pas l’expérimenter sur les bouquetins ?

 « Nous nous opposons farouchement à cette extermination aveugle des populations de bouquetins et entendons démontrer qu’il existe d’autres alternatives pour écarter la menace de la brucellose » a déclaré Philippe Germa, Directeur Général du WWF France. Et de rappeler : « Ce n’est pas en éradiquant les chiens et les renards que nous avons vaincu la rage mais grâce à la vaccination ! »

Twitter#SOSBouquetinsBargy

Mettre à l'honneur les parcs naturels, la planète et les hommes

Le stand du WWF au Congrès Mondial de Parcs, 13 novembre 2014, Sydney, Australie.<br />© IUCN / WWF AustraliaLe Congrès mondial des parcs, rencontre qui se tient tous les dix ans pour établir l’état des lieux des aires naturelles protégées dans le monde, s’est achevé hier sur une promesse collective : relancer les efforts, inspirer de nouveaux acteurs, et investir dans les parcs naturels, marins comme terrestres.

Au cours de cette rencontre, les experts en sauvegarde de la faune et de la flore du WWF ont rejoint des gouvernements, d’autres organisations membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et des représentants du secteur privé pour traiter de la protection et de la gestion des habitats et des écosystèmes sensibles ; nombre d’entre eux sont en effet indispensables à la survie de l’espèce humaine.

« Partout dans le monde, des millions de personnes dépendent des services fournis par les écosystèmes sains des aires protégées : ils assurent leur sécurité alimentaire, leurs ressources en eau douce et en air pur, la stabilité de leur climat, et leur offrent même des opportunités d’emploi. Les aires protégées sont de puissants alliés pour garantir l’environnement sain, varié et productif qui est à la base de tout projet de développement durable à long terme », a déclaré Marco Lambertini, directeur général de WWF International.

Depuis 2003, Madagascar, « hotspot » de la biodiversité mondiale, a multiplié par 3 le nombre de ses aires protégées : 95 nouveaux sites ont été créés, et un fonds de conservation de 50 millions de dollars a été établi pour les gérer. Le président s’est engagé à accroître encore la surface des aires marines protégées existantes, et à mettre en place une gestion communautaire des ressources côtières.

Présent sur place, Hubert Géraux, responsable du WWF France en Nouvelle-Calédonie, s’est réjoui de voir que « le travail du WWF, ainsi que celui de Conservation International et de The Nature Conservancy, a été salué par Anthony Lecren, représentant du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, qui souhaite s’inspirer du succès de l’initiative Triangle de Corail pour développer le projet « Mer de Corail ». La Nouvelle-Calédonie a déclaré souhaiter que la gestion de son futur parc marin, qui couvre l’ensemble de la ZEE calédonienne, s’appuie sur le développement de la collaboration avec les pays transfrontaliers, tels que l’Australie, le Vanuatu ou les îles Salomon ».

Au total, ce sont 140 millions d’hectares de nouvelles aires protégées qui seront créés suite aux engagements pris pendant le Congrès mondial des parcs. Les fonds de conservation destinés à la gestion de ces parcs atteignent 500 millions de dollars.

La Malaisie, membre de l’Initiative du Triangle de Corail, s’est engagée à rendre officielle la protection de près d’un million d’hectares d’océan dans le Sabah d’ici à 2015. Plus de 80 000 habitants des côtes et des terres de cet Etat tirent leur subsistance de la pêche. L’état malaisien a également annoncé son projet de création du parc Tun Mustapha Park, une aire marine essentielle qui doit être protégée de la surpêche, des pratiques de pêche destructives et de la pollution.

Les Fidji, qui participent également à l’Initiative du Triangle de Corail, ont révélé leur projet d’augmenter le nombre d’aires marines gérées localement afin que les communautés concernées puissent décider du meilleur moyen de maximiser les bénéfices qu’elles tirent de leurs ressources naturelles. Les Fidji ont également l’intention de protéger près d’un tiers de leurs eaux côtières, et le Gabon presque un quart. Les aires marines protégées empêchent l’effondrement des stocks halieutiques, car les poissons peuvent y grandir ; elles permettent d’éviter les prises trop conséquentes ainsi que la dégradation de leur habitat.

En ce qui concerne les aires terrestres, le gouvernement du Pérou, le WWF et d’autres partenaires ont annoncé la création historique d’une nouvelle alliance dont le but est d’assurer le financement à long terme des 76 aires protégées d’Amazonie et la participation des communautés indigènes qui y vivent à leur gestion.

Toujours pour les aires terrestres, le Bhoutan a annoncé le doublement de la surface de ses zones protégées : elles couvrent aujourd’hui plus de 50 % du territoire national, soit la proportion la plus importante au monde. Il a également décidé de la création d’un fonds de conservation d’un montant de 50 millions de dollars, qui s’inspire du fonds ARPA for life d’Amazonie brésilienne. La Chine, état voisin du Bhoutan, a déclaré qu’elle avait augmenté le rythme de création de nouvelles réserves naturelles, parmi lesquelles on compte les habitats du panda et du tigre, espèces toutes deux menacées.

Twitter : #WorldParkCongress
 

Visite de François Hollande en Nouvelle-Calédonie : 
des paroles aux actes ?

Ilot Maître, Nouvelle-Calédonie, France<br />© Roger Leguen / WWF-CanonLes îles du Pacifique Sud en première ligne face au péril climatique
Les futurs impacts du réchauffement climatique en Nouvelle-Calédonie illustrent déjà le présent de ses voisins océaniens qui sont venus hier à la rencontre du Président de la République : exil des familles papoues de l’atoll de Carteret en 2005, déplacement dans les terres de villages côtiers à Fidji depuis 2012, disparition programmée des îles Kiribati et Tuvalu, etc… Quel sera le prochain pays sur la liste ?

Le discours volontaire de François Hollande face à la Commission du Pacifique Sud (CPS)
A un an de la Conférence Paris Climat 2015 (COP21), François Hollande a tiré la sonnette d’alarme sur cette menace de la Commission Pacifique Sud : « la pire des guerres est celle que nous sommes en train d’organiser : une guerre contre les générations futures ». Le Président de la République a par ailleurs indiqué que la Nouvelle-Calédonie devait servir d’exemple dans la région Pacifique, en proclamant que « nous devons jouer un rôle majeur et d’exemplarité en matière de lutte contre le réchauffement climatique ». Il a par ailleurs affiché sa volonté d’intégrer la Nouvelle-Calédonie dans le Protocole de Kyoto et qu’elle soit partie prenante du prochain accord.

Il est donc regrettable de constater que la Nouvelle-Calédonie a augmenté ses émissions de CO2 de 228% depuis 2004 avec le choix charbon qu’elle a fait pour son industrie minière !

Non à la défiscalisation de la centrale à charbon Eramet/SLN !
Pour le WWF, l’exemplarité, dans cette situation d’urgence, ne peut venir que par des actions concrètes contribuant à la réduction significative de la note carbone de ce territoire, qui pourrait, si les projets de centrales à charbon voient le jour, se hisser au 4e rang mondial en termes d’émissions de gaz à effet de serre par habitant.  Soutenir l’adaptation des petits pays les plus menacés est tout à fait souhaitable et nécessaire. En ce sens, le WWF reconnait les efforts de contribution de la France au « Fonds vert mondial » à hauteur de 1 milliard de dollars et salue la nomination prochaine d’un expert français « réchauffement climatique » basé à la CPS. Mais la vraie solidarité océanienne s’évaluera aux mesures permettant la réduction de la contribution calédonienne au réchauffement climatique.

La mesure la plus attendue et la plus significative est celle d’une défiscalisation vertueuse, maintenue au profit du développement des Outre-mer mais respectueuse de l’environnement et de la lutte contre les émissions de GES. La France doit se détourner des projets fortement contributeurs au réchauffement climatique sur son territoire, tout comme elle s’est engagée à le faire depuis mars 2013 en supprimant les soutiens financiers de l’AFD aux projets de centrales à charbon.  

La France a donc ici l’opportunité de gagner de la crédibilité en passant de la parole aux actes !

Ce que le WWF demande :
Le WWF demande donc à l’Etat français de ne pas attribuer, si elle est demandée, la défiscalisation nationale à la société ERAMET, qui a le projet d’investir dans une nouvelle centrale à charbon pour faire fonctionner l’usine de nickel de Doniambo de la SLN. 184 millions d’Euros (22 milliards de francs pacifique) de ristourne fiscale au profit d’une centrale à charbon ! Si de l’argent public doit être investi en Nouvelle-Calédonie, et ce dans un contexte budgétaire plus que contraint, c’est bien au profit de la production d’énergies renouvelables que cela doit se faire, afin de contribuer à la réduction de la note carbone du territoire et permettre ainsi une plus grande indépendance de l’île face aux aléas d’approvisionnement en combustibles fossiles et de fluctuation de leurs cours.

Thon rouge : des quotas augmentés trop fortement et prématurément

Thons rouge en Méditerranée<br />© Brian J. Skerry / National Geographic Stock / WWFLa 19e réunion extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) vient de s’achever, à Gênes, en Italie. Le WWF reste très préoccupé par l’augmentation trop rapide du quota de pêche pour le thon rouge de Méditerranée, d’autant plus que peu de progrès ont été faits pour renforcer la traçabilité de cette pêcherie.
 
« La réunion a été compliquée. Cela semble paradoxal, mais le cas du thon rouge nous confirme qu’il est parfois plus difficile de gérer un succès qu’une crise« , a déclaré le Dr Sergi Tudela, responsable du Programme Pêche du WWF Méditerranée. « Pour le WWF, considérer 20% d’augmentation annuelle sur les 3 années à venir comme une approche modérée est loin d’être décent. Nous sommes préoccupés à l’idée que les immenses efforts de conservation qui ont été menés ces dernières années puissent disparaître rapidement.« 
 
Les pays pêcheurs se sont finalement mis d’accord sur une augmentation d’environ 20% par an, passant de 13.500 tonnes en 2014 à 19.296 tonnes en 2016. Les quotas pour 2017, établis à 23.155 tonnes, seront revus sur la base des résultats de l’évaluation du stock prévue pour 2016.
 
Les signes récents annonçant la reprise du stock de l’Atlantique Est et de la Méditerranée ont engendré des attentes trop optimistes de la part de l’industrie et certains pays pêcheurs, qui ont demandé une augmentation importante du quota, ignorant les mises en garde des scientifiques qui répètent que cette augmentation devrait être graduelle et modérée.

 « Il est maintenant temps que tous les acteurs de la chaîne du thon rouge – pêcheurs, distributeurs et consommateurs – prennent pleinement leurs responsabilités pour garantir la complète récupération de la population sur le long terme. Le WWF encourage les pêcheries de thon rouge à démontrer qu’elles répondent pleinement aux critères de durabilité et de traçabilité » , a conclu le Dr. Gemma Quílez-Badia, Chargée de Programme Pêche au WWF Méditerranée.
 
Cette année à la CICTA, les quotas pour le thon rouge de l’Atlantique ouest ont également été augmentés, et les parties contractantes ont échoué à prendre de nouvelles mesures pour protéger les requins. 

Twitter: #ThonRouge

Accord Etats-Unis – Chine sur le Climat : un message fort adressé au monde entier

Immeubles de bureaux éclairés la nuit à Hong Kong, Chine<br />© Global Warming ImagesLes Etats-Unis et la Chine viennent de conclure un accord clef sur le climat avec des objectifs chiffrés et datés. Il s’agit là d’un signal important envoyé au monde vers la conclusion d’un accord sur le climat à la conférence Paris Climat 2015 dans un an.
 
Selon Pierre Cannet, Responsable du Programme Climat, Energie et Infrastructures durables du WWF France« Le plus grand pays émetteur historique de gaz à effet de serre et le plus grand pays émetteur actuel du monde viennent ensemble de démontrer que le climat pouvait être au plus haut de l’agenda politique. À près d’un an de la conférence Paris Climat 2015, cette annonce commune peut apporter une dynamique positive vers la conclusion d’un accord mondial sur le climat. Il faudra veiller à ce que ces objectifs soient bien précisés dans les contributions mises sur la table des discussions onusiennes par les Etats-Unis et la Chine début 2015. Avec le cadre fixé pour 2030 par l’Union européenne fin octobre et les contributions des autres pays, ces objectifs devront aussi pouvoir être revus en amont de Paris Climat 2015 au regard de l’objectif de limiter la hausse de la température moyenne mondiale bien en-dessous des 2°C et des nouvelles conclusions du GIEC. Ces objectifs doivent ainsi ouvrir la voie à plus d’ambition dans les négociations ces prochains mois, plutôt que de représenter une offre finale
 
Sze Ping LO, directeur-général du WWF-Chine a applaudi l’annonce de la Chine d’atteindre un pic de ses émissions : « Les leaders des économies majeures répondent aux voix des peuples du Sommet de l’ONU sur le climat et aux dernières conclusions sur le climat du GIEC
 
D’après Lou LEONARD, vice-président en charge des changements climatiques au WWF-US, « le Président Obama a compris que l’histoire nous jugera tous sur les actions que nous prenons aujourd’hui pour affronter la crise climatique montante. Dans le cas des Etats-Unis, la promesse précédente d’atteindre 30% de réduction d’ici 2025 doit servir de point de repère pour tout accord final à Paris »

Thon rouge, une reprise des stocks éphémère ?

Un thon rouge en captivité (Thunnus thynnus), Malte, Méditerannée<br />© Wild Wonders of Europe /Zankl / WWFLa 19e réunion extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) s’ouvre lundi 10 novembre, à Gênes, en Italie. A cette occasion, le WWF appelle les pays membres à faire preuve de prudence par rapport à la gestion du thon rouge en Méditerranée. Malgré des signes récents annonçant la reprise du stock, d’importants manquements empêchent encore la mise en œuvre de systèmes de traçabilité efficaces. Ces manquements favorisent par ailleurs l’accès aux marchés mondiaux de thons rouges issus de  la pêche illicite,  non déclarée et non réglementée (INN).

« C’est grâce aux efforts remarquables qui ont été accomplis ces dernières années par l’ICCAT et ses parties prenantes que la reprise des stocks de thons rouges d’Atlantique Est et de Méditerranée est en cours. Mais nous devons rester vigilants, car sans traçabilité claire et durable, les efforts entrepris depuis des années pour récupérer une des espèces les plus emblématiques des océans de la planète, risquent d’être anéantis « , a déclaré le Dr Sergi Tudela, responsable du Programme Pêche du WWF Méditerranée.

  • Le WWF demande une réforme urgente du système du BCD

Une étude récente du WWF conclut que le document de capture de thon rouge de l’ICCAT (BCD), qui est censé soutenir la traçabilité intégrale de la pêche, présente des lacunes qui peuvent directement compromettre sa capacité à maintenir le thon rouge issu de la pêche illégale en dehors des marchés. L’étude démontre également que le système actuel ne répond pas aux normes minimales requises dans le cadre de la réglementation INN de l’Union européenne.
« Les mesures efficaces mises en place par l’ICCAT au cours des dernières années, ajoutées aux premiers signes de reconstitution des stocks de thons de l’Atlantique Est et de la Méditerranée ont amené certaines demandes d’assouplissement des mesures de gestion. Ces mêmes parties prenantes, guidées par une lecture biaisée de l’information, ont même réclamé une augmentation spectaculaire des possibilités de pêche. De tels manques de prudence peuvent gravement perturber la reprise en cours « , a déclaré Sergi Tudela. Le WWF appelle tous les pays membres de l’ICCAT et les acteurs de l’industrie du thon rouge à faire preuve de vigilance dans la gestion du thon rouge cette année​.
 
 

Ce que le WWF attend de la 19e réunion de l’ICCAT 2014:

– Une réforme urgente du système de BCD (Bluefin Tuna Catch Document) et l’établissement d’autres mesures de contrôle afin d’assurer une traçabilité complète au niveau de chaque poisson.
– Maintenir le total admissible des captures (TAC) à peu près au niveau actuel (13.500 t). En cas d’augmentation (toujours conditionnée à la garantie d’une traçabilité complète), les augmentations annuelles devraient rester en dessous de 10% et le TAC devrait être inférieur à l’estimation la plus basse de rendement maximal durable (par exemple ci-dessous 20 000 t). Une telle augmentation doit être examinée en tenant compte de l’évaluation complète du stock prévue en 2016.

Twitter: #ThonRouge