Le climat est inscrit dans les stalagmites

L’étude de concrétions prélevées en Chine a permis de préciser l’influence sur la mousson indienne de la fonte de la calotte groenlandaise il y a 140 000 ans.

Il y a 140 000 ans, la Terre est sortie d’une ère glaciaire. La fonte de la calotte du Groenland a alors injecté des masses d’eau douce dans l’Atlantique Nord, ralentissant la circulation du Gulf Stream. Une équipe internationale dirigée par Jasper Wassenburg, de l’Institut Max-Planck de chimie (Mayence, Allemagne), vient d’en préciser les conséquences sur la mousson indienne, en s’appuyant notamment sur l’évolution de la composition chimique de stalagmites prélevées dans une grotte du sud-ouest de la Chine (photo). Les stalagmites, qui se forment par l’accumulation de gouttes d’eau chargées en minéraux, portent en effet en elles la mémoire des climats passés. L’analyse, publiée le 18 novembre dans Nature Geoscience, confirme un lien entre l’intensité du Gulf Stream et celle des moussons indiennes, en comparant un épisode de fonte modérée il y a 139 000 ans et un autre, plus marqué, il y a 133 000 ans, ayant presque interrompu le courant chaud traversant l’Atlantique et conduit à une diminution plus drastique de la mousson. Des enseignements précieux, alors qu’une nouvelle fonte accélérée des glaces groenlandaises est en cours.

photo : Coupe d’une stalagmite prélevée dans une grotte du sud-ouest de la Chine, et qui apporte des informations précises sur l’évolution du climat à travers les millénaires.