Bénin : ils veulent créer un sanctuaire pour les éléphants

L’ONG internationale African Parks ambitionne de doubler en 10 ans la population animale sur place et de réintroduire des éléphants dans d’autres parcs ouest-africains.

Assis à l’arrière d’un pick-up du parc national de la Pendjari, dans le nord du Bénin, Matthieu Yoa sourit avec la satisfaction du travail accompli : avec ses collègues rangers, il vient de poser un collier satellite sur un éléphant pour assurer sa protection.

Ce jeune homme de 23 ans qui n’avait jamais vu d’animaux sauvages il y a encore deux mois.

a lu dans le journal local qu’African Parks, une ONG dédiée à la protection de la nature et qui gère depuis peu le parc de la Pendjari, recrutait une soixantaine de gardes. Sur 1.700 candidats, il fait partie des 35 élèves sélectionnés pour la première promotion.

Après six semaines de formation, il sait comment mettre un éléphant à terre pendant un quart d’heure pour lui poser un collier et donner ainsi une chance à l’espèce de survivre en Afrique de l’Ouest.

Connaître les déplacements pour les protéger

Cette opération extrêmement délicate est supervisée par pour équiper de colliers une douzaine d’éléphants et de lions.

« Nous avons besoin de connaître leurs déplacements pour leur apporter une meilleure sécurité », explique Pete Morkel, un vétérinaire sud-africain, venu spécialement au Bénin. Spécificité de l’éléphant ouest-africain : ses défenses sont très petites. « Tous les individus avec de grandes défenses ont été massacrés, et avec le temps, cela a modifié leur génétique », poursuit le vétérinaire.

Après une courte accalmie dans les années 1990, due à l’émotion internationale et la baisse d’intérêt des clients européens, le trafic a repris il y a une dizaine d’années avec l’expansion du marché asiatique. La Chine a totalement interdit le commerce de l’ivoire au 1er janvier, mais cela n’empêche pas encore les trafics de se poursuivre.

Doubler la population en 10 ans

« La population -de pachydermes- est petite en Afrique de l’Ouest, et essentiellement concentrée au niveau de la Pendjari et du WAP -parc transfrontalier qui recouvre la Pendjari ainsi que des zones protégées au Burkina Faso et au Niger- où elle ne dépasse pas les 6.000 individus », raconte Jean-Marc Froment, chargé de la conservation au sein d’African Parks.

L’ONG internationale, choisie par l’Etat béninois en 2017 pour gérer cet espace, ambitionne de doubler en 10 ans la population animale sur place et de réintroduire des éléphants dans d’autres parcs ouest-africains.