En Écosse, le business de la chasse aux cerfs condamne la forêt

Végétation ravagée, propagation de maladies, accidents de la route… Le nombre de cerfs en Écosse est devenu un fléau. Les propriétaires terriens responsables des abattages rechignent à les augmenter comme demandé par les associations écologistes.

Édimbourg (Grande-Bretagne), correspondance

Bouteilles de whisky, coussins, tasses et boites de biscuits… Le cerf, emblème de l’Écosse, est présent sur tous les objets traditionnellement associés au pays. Jusqu’à l’arrivée du Covid-19, des milliers de touristes se pressaient d’ailleurs chaque année pour l’apercevoir gambader dans les plaines des Highlands. Cet animal majestueux est pourtant devenu, en quelques dizaines d’années, une peste écologique pour le pays. Aujourd’hui, près d’un million d’animaux se baladent en liberté dans la campagne écossaise. Un chiffre dix à cent fois plus important que dans n’importe quel pays européen.

Or les cervidés dévorent les jeunes pousses d’arbres et arrachent l’écorce de ceux parvenus à l’âge adulte, les rendant plus vulnérables aux maladies. « Dans le reste de l’Europe, la régénération des forêts se fait naturellement. Chez nous, il faut élever des clôtures de presque deux mètres de haut ou bien protéger les troncs par des tubes en plastique », soupire Mike Daniels, de l’ONG environnementale John Muir Trust.

Outre les régions boisées, les cerfs sont également accusés d’endommager les tourbières, ces zones humides séquestrant le carbone et représentant donc un élément clé dans la lutte contre le changement climatique. Les troupeaux de cerfs sont aussi responsables de propager la maladie de Lyme [1] et d’entraîner de nombreux accidents de la route. Le nombre de collisions provoquées par les cervidés pourrait en effet s’élever à près de 14 000 par an.

Le cerf élaphe, symbole écossais, a pu proliférer en l’absence de prédateurs naturels. CC BYSA 4.0 / Andrewmckie / Wikimedia Commons

Comment en est-on arrivé là ? Il faut remonter au règne de la reine Victoria. Au milieu du XIXᵉ siècle, la monarque britannique instaura la tradition de la chasse au cerf dans les forêts sauvages d’Écosse. Sa cour l’imita, accaparant d’immenses étendues de terres afin de pouvoir y introduire les cervidés, expulsant au passage de nombreux agriculteurs…..

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