FNE / One Ocean Summit : la réalité derrière les annonces

Le One Ocean Summit à Brest a été l’occasion d’annonces – certaines spectaculaires – dont il faut bien mesurer la portée. Décryptages sur les aires marines protégées, haute mer et fonds marins, la limitation des émissions de soufre en Méditerranées et les captures de cétacés.

Aires Marines Protégées : de nouvelles aires de papier

Le Président de la République a annoncé porter à 33% le taux d’aires marines protégées dans les eaux territoriales françaises. Mais… Seules 4% bénéficient d’une protection forte, contre un objectif de 10% prévu pour 2022. Les 29 autres % sont très peu protégées, victimes de surpêche depuis 30 ans, avec des projets de parc éoliens dans ces zones. De plus, sont protégées des zones certes fragiles, mais peu menacées, dans les océans indiens et pacifiques.

L’annonce d’une aire marine protégée dans l’Antarctique est une très bonne initiative. Mais Quid des moyens de mise en œuvre ? Surtout, ce qui est vraiment nécessaire, c’est la protection forte de notre littoral et les moyens de mettre en œuvre cette politique.

Haute-Mer et Fonds Marins : annonces et contradictions

On n’y comprend pas grand-chose ! La France demande en même temps un traité contraignant protégeant la haute mer – très bien – et refuse de signer le moratoire sur l’extraction minière des fonds marins – très inquiétant.

Financer la connaissance des fonds marins – oui. Très bien. Mais à une condition : que ces connaissances servent les décisions politiques et la protection de ces zones à la fois fragiles et essentielles à la vie sur Terre. Le manque de prise en compte des données scientifiques dans tant d’autres domaines laisse mal présager des choses.

La création d’une zone sans soufre en Méditerranée, avec les pays riverains, projet déjà en cours, est une excellente initiative… qui peut rapidement être ruinée par les droits à polluer et les exemptions qui sont déjà distribués par la France

Protection des Cétacés : les dauphins vont continuer à mourir par milliers

Hier, France Nature Environnement et Seas at Risks ont remis à des représentants de la Commission Européenne et des gouvernements français et espagnols une pétition rassemblant plus d’un demi-million de signatures exigeant la protection immédiate des dauphins, dont des dizaines de milliers meurent chaque année dans le golfe de Gascogne,   tués dans des filets de pêche. Le représentant du gouvernement français a promis des actions. Les annonces de la généralisation des pingers, dispositifs d’effarouchement sur les bateaux, est déjà jugée insuffisante par la Commission européenne et les scientifiques. Il faut instaurer des fermetures limitées dans le temps et l’espace de la pêche pour permettre aux dauphins de migrer en toute sécurité. Cela fait des années que scientifiques et ONG le demandent. Sera-t-on un jour entendu ?

Des annonces – comme souvent – à ce One Ocean Summit. Peu d’actes concrets. Nous n’avons pourtant plus le temps d’attendre. La France aurait pu, en mettant en cohérence ses actes avec ses discours, prendre le leadership de la protection des océans. Elle aurait pu.