En Inde, le projet de ligne à grande vitesse va détruire de précieuses mangroves

Les infrastructures de transport mettent à mal les forêts de bord de mer, qui protègent les côtes et servent de frayère à de nombreuses espèces aquatiques.

L’information avait fait l’effet d’une bombe au mois d’avril. En informant la Haute Cour de Bombay qu’il donnait son feu vert ultime à la construction du train à grande vitesse entre la capitale économique de l’Inde, située au Maharashtra, et la principale ville de l’Etat voisin du Gujarat, Ahmedabad – dont est originaire le premier ministre Narendra Modi –, le ministère de l’environnement, des forêts et du changement climatique de l’Inde avait annoncé que « treize hectares de mangroves » allaient bientôt disparaître.

L’implantation d’une ligne ferroviaire de 508 kilomètres le long du rivage de la mer d’Arabie, en vue de réduire le temps de parcours entre les deux villes à deux heures, contre huit actuellement, allait obliger à déraciner 54 000 palétuviers, ces arbres qui poussent dans l’eau salée et protègent les côtes des aléas météorologiques.

Depuis, les autorités ont tenté de calmer le jeu. Interpellé fin juin par un élu du Shiv Sena, parti d’extrême droite local très puissant, le ministre des transports du Maharashtra, Diwakar Raote, a précisé que « cinq arbres ser[aient] plantés pour chaque arbre déraciné ».

Autre élément supposé rassurer les défenseurs de l’environnement : la ligne épargnera la nature car elle sera réalisée en hauteur, presque exclusivement sur les piliers d’un viaduc, et sous terre à l’approche de Bombay, ce qui devrait limiter les dégâts sur la flore.

« Crime contre la biodiversité »

Les écologistes n’ont pas lâché l’affaire pour autant, si bien que, début juillet, la société constituée pour mettre en œuvre le projet, la National High Speed Rail Corporation Ltd (NHSRCL), a décidé de revoir la conception de la grande gare de Thane, à l’entrée nord de Bombay, afin de ménager les arbres….

Suite dans Le Monde du 12 août

 

 

photo : Le Bandra-kurla Complex, une zone d’affaires au nord du bidonville de Dharavi, est parcouru par une mangrove, à Bombay. GAEL KERBAOL / DIVERGENCES