Hulot s’en va

Le ministre d’Etat a annoncé, ce mardi matin, sa démission du gouvernement.

Coup de tonnerre dans le ciel de France. Ce mardi matin, sur les ondes de France Inter, le ministre de la transition écologique et solidaire a annoncé sa démission du gouvernement d’Edouard Philippe.

Prise sans avoir prévenu les membres du gouvernement, ni même sa famille, « cette décision est la plus intime et la plus cruelle que j’ai prise », a confié Nicolas Hulot aux journalistes de la radio publique. Prise durant l’interview, semble-t-il, elle est le fruit d’une longue réflexion estivale. « Elle n’a pas été prise sous le coup de la colère », a-t-il précisé. Le créateur de la fondation pour la nature et l’homme avait d’ailleurs annoncé, au printemps, son intention d’évaluer son action au gouvernement. C’est chose faite.

URGENCES CLIMATIQUES

Pour expliquer son geste surprise, le désormais ex-ministre d’Etat rappelle l’urgence environnementale : les incendies géants en Californie, les inondations en Inde. « Je ne comprends pas que nous assistions à la gestation d’une tragédie bien annoncée dans une forme d’indifférence. Ce n’est pas appréhendé comme un enjeu. » « Les phénomènes sont en train de nous échapper. »

Fustigeant l’inconsistence des politiques nationaux, Nicolas Hulot a mis en cause la vision sociétale du gouvernement. « L’enjeu écologique c’est un enjeu civilisationnel. On ne s’est pas mis en ordre de marche. Je suis tout seul à la manœuvre au gouvernement. »

LE COURT TERME PRÉEMPTE TOUT

Bien sûr, a-t-il concédé, nombreuses et légitimes demandes sociales qui s’amoncèlent sur le bureau du Premier ministre et du président de la république : « le court terme préempte tout. »

L’ancien animateur a aussi critiqué la vision du chef de l’Etat et du chef du gouvernement : ils n’ont pas compris que le libéralisme est la cause de tous les maux environnementaux, explique-t-il. « On applaudit le lancement, à Saint-Nazaire, d’un porte-conteneurs de 50.000 conteneurs, alors que ce n’est pas bon pour la planète. »

L’ÉCUEIL TRAVERT

Après avoir rappelé quelques-uns de ses succès (Glyphosate, hydrocarbures), Nicolas Hulot a listé les dossiers qui n’ont pas abouti : « le nucléaire, cette folie inutile dans laquelle on s’entête » ; la division par deux des crédits affectés à la rénovation thermiques des bâtiments. A plusieurs reprises, l’écologiste est revenu sur ses affrontements avec Stéphane Travert, estimant que, malgré « l’alignement de toutes les planètes », le gouvernement passait à côté d’une réforme de l’agriculture. Sans oublier le changement climatique : « une partie des migrants qui frappent à nos portes sont des migrants climatiques. »

S’exprimant avec émotion, Nicolas Hulot a aussi regretté le manque de soutien de la société civile. « Notre société est-elle prête à remettre en cause ses modes de consommation, de production. C’est l’avenir de nos gamins qui est en jeu », s’est-il presque emporté.

Quittant la vie politique, Nicolas Hulot n’a pas souhaité indiqué quelle suite il entendait donner à son engagement en faveur de l’environnement.

UN GOUVERNEMENT QUI NE FAIT PAS GRAND-CHOSE

Interrogé sur les ondes d’une radio concurrente, Jean Jouzel a dit regretter mais comprendre la démission du ministre : « Il n’y a pas grand-chose qui se fait dans ce gouvernement sur le climat ou la biodiversité. Il faudrait que les émissions de CO2 baisse de 3 % par an, or elles augmentent de 3 % » a commenté le climatologue.

Rebondissant sur la formule des « petits pas », maintes fois employée par Nicolas Hulot, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivault a estimé qu’ils étaient la condition sine qua non à la réalisation de plus grands pas.

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