Les cétacés les plus en danger

Si les baleines grises et les baleines à bosse conservent des effectifs importants, d’autres espèces apparaissent en grand danger.

Quatre espèces sont menacées d’extinction, selon les données des scientifiques et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Le vaquita

Le vaquita, dans le golfe de Californie, en 2019.

Les spécialistes de la protection de la nature en sont convaincus : le vaquita, ou marsouin du Pacifique, devrait être la prochaine espèce à disparaître de la surface du globe. Sa population ne compte en effet plus que 10 à 20 individus, réfugiés dans les lagunes de la mer de Cortés, en Basse-Californie. S’il souffre depuis de longues années de la pollution des moteurs des bateaux et de la prospection pétrolière dans cette région du Mexique, il s’apprête à mourir d’un autre mal : des filets dérivants qui ne lui sont pourtant pas destinés. Posés par des braconniers, ils visent en réalité le totoaba, un poisson prisé par la médecine chinoise et vendu au marché noir à des prix astronomiques. Les scientifiques prévoient une disparition des derniers vaquitas en 2022. Victime collatérale de l’appât du gain.

La baleine franche de l’Atlantique Nord

La baleine franche de l’Atlantique Nord.

Longtemps les baleines franches ont été les proies privilégiées des pêcheurs de cétacés. Massives, lentes, vivant à proximité des côtes, elles avaient tout pour plaire aux chasseurs d’huile et de nourriture pour animaux. Depuis des décennies, elles sont protégées. Sauf qu’elles ont la mauvaise idée de vivre dans une des zones marines les plus fréquentées du monde : la côte est des Etats-Unis. Dans les migrations qui les mènent du golfe du Maine à la Floride, elles heurtent régulièrement les navires, quand elles ne se prennent pas dans les mouillages des casiers à crabes. La vitesse des bateaux a été réduite, des systèmes sans amarres ont été inventés. Mais rien ne semble y faire. La population compterait entre 300 et 400 individus et leur nombre ne cesse de baisser.

Le dauphin du Yangzi

Le dauphin du Yangzi.

Placer le Baïji – son nom chinois – sur cette liste relève presque de la pensée incantatoire. Car si l’UICN classe encore le mammifère dans la catégorie des animaux en « danger critique d’extinction », tout porte à croire qu’il est purement et simplement éteint, vaincu par l’industrialisation et les barrages hydroélectriques. En 1997, les naturalistes chinois avaient encore trouvé 13 de ces dauphins d’eau douce dans le fleuve Bleu. Mais le dernier d’entre eux semble bien avoir disparu en 2002. Depuis, le Baïji a bien fait l’objet de quelques signalements, mais jamais ils n’ont été confirmés. Quant à la campagne scientifique conduite en 2006, elle est revenue bredouille. Les autorités chinoises ont promis à l’UICN de lancer un programme de recherche pour confirmer définitivement son extinction, ou l’infirmer. Aucune date n’a été précisée.

Le rorqual d’Omura

Le  rorqual d’Omura, sur les côtes de Nosy Be, à Madagascar.

Est-il en danger critique ou juste d’une grande discrétion ? Difficile à dire tant le rorqual d’Omura échappe à notre connaissance. Jusqu’en 2003, on ignorait même jusqu’à son existence. Les scientifiques, qui en avaient croisé quelques spécimens, voyaient en cette créature de quelque 11 mètres une forme pygmée du rorqual de Bryde, cétacé lui-même assez mal étudié. Mais les analyses génomiques conduites sur un individu mort après une collision dans la mer du Japon ont convaincu la communauté qu’une nouvelle espèce était bien née. Depuis lors, quelques observations ont été réalisées dans l’océan Indien, notamment au large de Madagascar. Pourtant, hormis sa pigmentation asymétrique (pâle sur la mâchoire et le ventre du côté droit et foncée du côté gauche) et son mode de vie solitaire, on sait peu de choses de cet animal de haute mer. L’Union internationale pour la conservation de la nature l’a donc classé dans la catégorie « données insuffisantes ». Elle aurait pu le qualifier de cétacé le plus mal connu du monde.

 

 

 

Photo : Le dauphin du Yangzi. Institute of Hydrobiology, Chinese Academy of Sciences