Le WWF appelle l'Union européenne à jouer le jeu du climat à domicile

UN Climate Change Conference<br />© Paris Climat 2015

Aujourd’hui, les Etats membres de l’Union européenne se sont accordés sur une position commune pour la Conférence Paris Climat 2015, étape décisive dans les négociations sur le climat. Même si les ministres européens de l’Environnement envoient à la communauté internationale un signal positif sur le besoin de faire face à la crise climatique mondiale, le WWF regrette que cette position ne précise pas clairement la manière dont l’Union compte s’y attaquer concrètement à domicile.

 

En tant que 3ème émetteur mondial de GES, et à travers la France, future hôte de la COP21, l’Union européenne est très attendue sur son niveau d’ambition. Son intention de réduire d’au moins 40% ses émissions d’ici 2030 reste insuffisante au regard de la science et de l’équité. Malheureusement, la position européenne présentée ce jour ne précise pas comment l’UE compte revoir à la hausse cet objectif.

 

« Alors que le dérèglement climatique s’accélère et s’accentue, nous regrettons que les ministres de l’environnement échouent à préciser comment l’UE entend relever ses propres objectifs pour le climat et l’énergie d’ici la COP21. L’UE est aussi attendue sur sa contribution en termes de financement contre le dérèglement climatique. Paris sera jugé sur les actes et pas sur les mots. » déclare Geneviève Pons-Deladrière, directrice du bureau des politiques européennes du WWF.

 

Une partie des conclusions porte sur l’urgence d’agir avant 2020 pour rattraper le retard pris dans l’action climatique. « Alors que des options ont été avancées dans les négociations vers la COP21 pour traiter l’urgence climatique, il semble que l’UE avance ses pions en mettant l’accent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, sur la réforme des subventions aux énergies fossiles et crédits d’export, sur la coopération avec les acteurs non étatiques et enfin sur la tenue de rendez-vous de haut niveau. L’UE doit jouer le jeu à domicile sur tous ces fronts. » indique Pierre Cannet, responsable du programme climat au WWF France.

 

Le Conseil environnement s’est aussi consacré aux moyens à trouver pour atteindre les objectifs climatiques ; il a ainsi adopté la mise en place d’une réserve de stabilité de marché du système d’échange de quotas européen (ETS – Emission Trading Scheme) malgré l’opposition d’un groupe de six Etats membres de l’UE qui n’appuyaient pas le compromis final du texte.

 

Selon Geneviève Pons-Deladrière, directrice du bureau des politiques européennes du WWF, « L’accord sur la réserve de stabilité de marché ETS montre que les Etats membres européens peuvent progresser pour adopter les politiques climatiques sans avoir besoin d’un consensus total entre tous les pays. Cela doit donner de la confiance et inspirer plus de réformes au niveau européen dans le contexte d’une revue après 2020 de la directive ETS afin de prouver que mettre un prix sur le carbone peut fonctionner dans la lutte contre le dérèglement climatique. »
 

#ParisClimat2015  #EnergyUnion  #UE2030

Rapport Planète Vivante Océans 2015 : le déclin des océans met en péril la sécurité alimentaire de l'humanité

Pêcheurs en mer dans les Îles Kai, Indonésie<br />© Juergen Freund / WWF

Il est urgent d’agir ! Publié ce jour, le Rapport Planète Vivante Océans du WWF tire la sonnette d’alarme. Tenant un rôle critique en matière de sécurité alimentaire, les populations de poissons connaissent un tel déclin à l’échelle mondiale que certaines risquent de s’effondrer. Le rapport du WWF estime cependant qu’il est encore temps d’agir contre les menaces pesant sur les océans pour inverser la tendance : des solutions existent et nous les connaissons !
 

Des stocks de poissons en déclin

Les populations d’animaux marins (mammifères, oiseaux, reptiles et poissons) se sont contractées en moyenne de moitié sur la planète au cours des quatre dernières décennies. Certaines ont même vu leur effectif fondre de près de 75 % et les espèces les plus prisées comme le thon, le maquereau et la bonite subissent le déclin le plus marqué. Si ces conclusions constituent une mauvaise nouvelle pour toutes les nations, elles le sont plus encore pour les plus exposées, notamment les populations côtières dépendant entièrement des produits de la mer.

 

« Face à nos constats et à la mesure de l’urgence d’un changement de trajectoire, nous avons avancé la date de publication de notre rapport dressant le portait le plus fidèle possible de la santé de nos océans », explique Marco Lambertini, Directeur général du WWF International. « En l’espace d’une seule génération, les activités humaines ont gravement dégradé les océans en capturant les poissons à un rythme supérieur à celui de leur reproduction et en en détruisant les nourriceries. De profonds changements sont indispensables si l’on veut rétablir l’abondance de la vie océanique pour les générations futures », ajoute Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.

 

« Ce à quoi nous assistons, est une course au poisson qui pourrait bien se terminer par l’épuisement d’une source alimentaire vitale pour les individus et par la disparition d’un moteur économique majeur. L’effondrement des écosystèmes océaniques est en mesure de déclencher une grave crise économique et de compromettre les résultats de la lutte que nous menons pour éradiquer la pauvreté et la malnutrition », prévient Marco Lambertini.

 

Le rapport révèle un déclin de 49 % des populations marines entre 1970 et 2012. Effectuée sur une base d’observation de 5 829 populations appartenant à 1 234 espèces, l’analyse s’appuie sur une série de données près de deux fois plus riche que celle des analyses passées et dresse ainsi un tableau plus clair, mais aussi plus inquiétant de l’état des océans.

 

Outre la chute libre des stocks de poissons, le rapport met aussi en évidence le déclin prononcé des récifs coralliens, des mangroves et des herbiers marins qui accueillent nombre d’espèces de poissons et rendent de précieux services aux populations. Les récifs coralliens et prairies sous-marines pourraient ainsi disparaître du globe d’ici 2050 sous l’effet du changement climatique. Sachant que plus de 25 % de toutes les espèces marines en sont les hôtes et que près de 850 millions de personnes bénéficient directement de leurs services économiques, sociaux et culturels, la perte des récifs coralliens représenterait une extinction catastrophique, aux conséquences dramatiques sur les communautés.

 

Si la surexploitation apparaît comme la première menace pour la biodiversité océanique, l’étude estime que le changement climatique est également à l’origine de mutations océaniques plus rapides qu’à n’importe quelle autre époque depuis des millions d’années. L’élévation des températures et de l’acidité des océans, attribuable au dioxyde de carbone, aggrave les impacts négatifs de la surpêche et des autres grandes menaces, telles la dégradation des habitats et la pollution.

 

« Bonne nouvelle tout de même : des solutions existent et nous les connaissons. L’océan est une ressource renouvelable capable de répondre aux besoins de toutes les générations futures si les pressions auxquelles il est exposé sont efficacement atténuées », précise Isabelle Autissier. « Si nous respectons des limites, l’océan contribuera pleinement à la sécurité alimentaire, aux moyens d’existence, aux économies et à nos systèmes naturels».

 

Que pouvons-nous faire ?

Les principales mesures visant à préserver les ressources océaniques consistent à sauvegarder et à reconstituer le capital naturel marin, à consommer plus raisonnablement et à donner la priorité au développement durable.

 

Pour inverser cette triste tendance, les dirigeants du monde entier doivent se mobiliser et faire en sorte que la santé des océans et la préservation des habitats côtiers tiennent une place de premier plan dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable de l’ONU, officiellement approuvés à la fin du mois (Agenda 2030 pour le développement durable) et dont l’objectif réside dans la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la sécurité alimentaire. Il est essentiel que l’application politique et financière de l’agenda remédie à la destruction des habitats, à la surpêche, à la pêche illégale et à la pollution marine.

 

En début d’année, le rapport du WWF: Aires marines protégées, un bon investissement pour la santé des océans, montrait ainsi tout l’intérêt environnemental mais également économique d’un accroissement des AMP à l’échelle internationale pour protéger les actifs océaniques. L’étude démontrait  ainsi que  chaque dollar investi dans la création d’aires marines protégées peut tripler les bénéfices qui en sont retirés, notamment en matière d’emploi, de protection côtière et de pêches. L’analyse révélait enfin que la protection accrue des habitats critiques, si elle devenait effective, se traduirait par des bénéfices nets compris entre 490 et 920 milli
ards d’US$ au cours de la période 2015-2050.

 

Les décisions prises lors de la conférence mondiale pour le climat se tenant à Paris dans quelques semaines auront un impact décisif sur l’avenir des océans. Or les engagements internationaux existants sont très loin de suffire à éviter des niveaux de réchauffement et d’acidification jugés désastreux pour les systèmes océaniques dont, en fin de compte, nous dépendons tous.

 

Le WWF appelle à une meilleure gestion du Sanctuaire Pelagos pour davantage de ressources et d'actions partagées

Le Colombus en mer dans le Sanctuaire Pelagos<br />© Frédéric Bassemayousse / WWF France

16 ans après l’instauration du Sanctuaire Pelagos, le WWF, à travers son rapport « Sanctuaire Pelagos : évaluation et propositions », souligne le besoin crucial d’une meilleure gestion de cet espace marin abritant de nombreux cétacés en Méditerranée.
 

Afin de permettre une meilleure protection des baleines, cachalots et dauphins du Sanctuaire, et assurer la durabilité des activités de la zone, le WWF démontre la nécessité : 

  • d’une gouvernance renforcée,
  • d’un plan de gestion révisé et plus opérationnel,
  • d’investissement de ressources économiques plus importantes,
  • d’une définition des objectifs plus précise,
  • et enfin, d’une  meilleure gestion du trafic maritime afin d’endiguer les risques de collisions entre navires et baleines dans le Sanctuaire Pelagos et les zones limitrophes.  

 

Seul 1% de la mer Méditerranée est actuellement sous protection. Grâce au renforcement du fonctionnement du Sanctuaire Pelagos, ce niveau de protection pourrait atteindre 4,5%.

 

Le Sanctuaire manque d’un véritable organisme de gestion et de ressources économiques suffisantes : seuls 6 centimes d’euros par an et par hectare lui sont alloués alors que, selon l’UICN, une aire protégée de cette grandeur devrait avoir un budget entre 32 et 110 euros par an et par hectare.  

 

Au cœur du Sanctuaire Pelagos, à Monaco sur le voilier historique Palinuro, Donatella Bianchi, présidente de WWF Italie, Isabelle Autissier, présidente de WWF France et Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Marine Méditerranéenne du WWF, ont ainsi présenté son évaluation et plusieurs propositions. Sabina Airoldi de l’Institut Thetys a également présenté les résultats de recherches menées sur les baleines.  

 

« Nous souhaitons que Pelagos devienne un exemple international de conservation de la biodiversité marine » a déclaré  Isabelle Autissier, présidente du WWF France, « et pour cela nous demandons de renforcer  la collaboration entre les Etats signataires : l’Italie, la France et la Principauté de Monaco ; en respectant l’engagement international et en procédant à une gouvernance élargie du Sanctuaire au travers d’une pleine implication des Aires Marines Protégées françaises et italiennes et des associations environnementales. C’est un défi que nous souhaitons lancer car nous pensons qu’après 16 ans d’existence il est enfin arrivé le moment d’une véritable avancée ». 

 

Le Sanctuaire Pelagos connaît un trafic maritime intense et les collisions avec les navires représentent la première cause de mortalité non naturelle pour les grands cétacés : 16 à 20 % des Rorquals communs retrouvés morts ont été tués suite à une collision, et les scientifiques estiment que 8 à 40 Rorquals communs sont tués chaque année dans la seule Méditerranée Nord-Occidentale, ce qui est considérable pour cette population classée comme vulnérable par l’UICN. 

 

A moyen terme, l’inscription de la zone du Sanctuaire Pelagos sur la liste des Zones Maritimes Particulièrement Vulnérables permettrait de fournir les bases réglementaires pour une meilleure protection des cétacés vis-à-vis des collisions. Une étude socio-économique est en cours qui permettra de quantifier les impacts économiques d’éventuelles mesures de réduction de la vitesse des navires à proximité des cétacés dans le sanctuaire Pelagos. Elle permettra de fournir des bases scientifiques, objectives et partagées à la mise en place des mesures accompagnant la création d’une ZMPV.

 

« Cette année nous avons salué la première rencontre internationale des communes adhérentes à la Charte de Partenariat du Sanctuaire Pelagos, à Livourne, en juin » a déclaré Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Marine du Programme Méditerranée du WWF. « En cette occasion, tous les acteurs nationaux et le gouvernement italien ont fait part de leur volonté de renouvellement de leur engagement dans la zone ». 

 

Le WWF espère que ses propositions seront prises en considération et acceptées lors de la prochaine Conférence des Parties du Sanctuaire Pelagos, qui se tiendra en France, fin 2015.

 

En parallèle, le WWF poursuit ses actions sur le terrain, et lance actuellement un projet visant à équiper une trentaine de navires du système collaboratif REPCET, qui permet de mutualiser les observations de cétacés entre les navires équipés du système qui pourront ainsi prendre les meilleures mesures d’évitement. Ce projet permettra de mobiliser l’ensemble des compagnies maritimes dont les navires transitent par le Sanctuaire Pelagos sur la question de la protection des cétacés. 

 

Lancement de la COP21 : le WWF appelle François Hollande à un « choc de mesures en faveur du climat »

Paris Climat 2015<br />© Shutterstock

A la veille du lancement officiel de la Conférence Paris Climat 2015 par la France, qui en assurera la présidence en décembre prochain, le WWF appelle le président de la République à impulser des mesures fortes pour faire face au péril climatique au niveau mondial.

Alors que 58 pays sur 195 ont à ce jour remis leurs copies en matière de lutte contre le changement climatique, les études démontrent que nous ne sommes pas dans les clous d’une limitation à 2°C de hausse de la température moyenne mondiale. A ce constat s’ajoute une zone d’ombre sur l’ambition des pays pour la mobilisation de contributions financières. Tout l’enjeu est donc de savoir comment la COP21 saura répondre à ce retard de l’action face à l’urgence climatique.

 

L’accord que les pays adopteront à Paris sera-t-il suffisamment robuste pour maintenir le thermomètre mondial bien en-dessous de la barre des 2°C tout en protégeant les plus vulnérables ? C’est bien cette question qui doit être au cœur des prochaines semaines de discussions, où la France a un vrai rôle à jouer.

 

Au titre de future présidente de la COP21, c’est une lourde responsabilité qui incombe à la France qui doit à la fois contribuer activement à la construction d’un agenda climatique mondial et démontrer son exemplarité en termes de transition énergétique et d’appuis financiers. Cela passe notamment par l’arrêt total de ses soutiens publics au charbon à l’étranger.

La France peut impulser au niveau mondial un choc de mesures articulé autour de trois priorités pour l’accord de Paris :

 

1.    Mettre à profit les cinq ans à venir pour répondre à l’urgence climatique sans attendre l’entrée en vigueur de l’accord à travers des mesures concrètes et un espace mondial de collaboration. Le WWF a identifié des leviers d’actions : l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, le renforcement des mesures d’efficacité énergétique, la lutte contre la déforestation et la dégradation des terres.

 

2.    Construire un mécanisme régulier et équitable pour revoir à la hausse les efforts des pays dans la lutte contre le changement climatique. Articulé autour de périodes de cinq ans, celui-ci devra à la fois agréger et apprécier individuellement les contributions des pays, estimer le retard pris dans l’action au regard de la science, identifier les leviers et moyens supplémentaires.

 

3.    Fixer une trajectoire claire et précise pour atteindre 100 milliards de dollars de soutiens financiers sur le climat d’ici 2020. Au vu de l’ampleur des impacts du dérèglement climatique, c’est un montant plus important que les pays devront mettre sur la table au-delà de 2020 qu’il s’agira aussi de préciser à Paris.

La France doit mettre à profit ses réseaux et son leadership pour tirer le jeu diplomatique vers le haut plutôt que d’aller vers un consensus mou à la COP21.

Accord mondial sur le climat : les négociateurs doivent se retrousser les manches !

Accord mondial sur le climat : les négociateurs doivent se retrousser les manches !<br />© Global Warming Images / WWFLes négociations onusiennes qui ont eu lieu cette semaine à Bonn ont avancé lentement en laissant de côté des sujets clefs à résoudre. Les gouvernements sont donc sous pression pour parvenir, d’ici la Conférence Paris Climat 2015 en décembre, à un nouvel accord climatique permettant de contenir la hausse du thermomètre mondial à 1,5°C.

Il ne reste plus que cinq jours officiels de négociations avant l’arrivée des chefs d’Etats et de gouvernements à Paris. Peu de temps donc, alors que le chemin reste encore long pour parvenir à un accord juste, ambitieux et permettant une transition dont le monde a besoin.

Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF sur les négociations, « L’idée qu’il est vraiment, vraiment, temps de se mettre au travail fait consensus. Pour la prochaine session, les négociateurs devront être prêts à se retrousser les manches et à s’attaquer aux vraies questions. Lors de cette session de Bonn, nous avons vu quelques progrès en ce qui concerne la simplification des options qui doit faciliter les prochaines négociations vers un compromis. »

Plusieurs sujets restent encore sur la table :

  • L’action avant-2020 – De nouvelles propositions reprenant les attentes des pays sur ce sujet ont été présentées ; de même, plus de flexibilité semble possible dans la discussion pour parvenir à un compromis sur les sujets tels que l’adaptation ou la manière de relever l’ambition ;
  • Mécanisme de l’ambition – Alors que plusieurs pays ont échangé sur les façons de relever leurs engagements et les périodes pour le faire, il reste encore des points de désaccord et beaucoup de travail à fournir ;
  • Finance climat – Des points durs demeurent mais les positions sont présentées de façon plus claire et ciblée, ce qui devrait permettre aux ministres et décideurs de mieux avancer vers un accord à Paris ;
  •  Forêts (mécanisme REDD+) – Les pays ne sont pas encore parvenus à un consensus sur la possibilité d’intégrer ce sujet dans le nouvel accord ;
  •  Pertes et dommages – Les pays se sont entendus sur deux ou trois options qui constitueront la base d’une négociation plus ciblée lors de la prochaine session ;  
  •  Différenciation – Les options qui différencient les engagements entre les pays ont été clairement définies et ont donné lieu à des discussions assez franches ; cela a permis d’avancer un peu la négociation sur ce sujet clef.

Pierre Cannet, responsable du programme climat au WWF France, « Au-delà du rythme des négociations, ce sont les questions de fond qui doivent être au cœur des prochaines semaines. Comment accélérer l’action à court et moyen terme pour tenir la barre des 2*C et protéger les plus vulnérables ? On note bien quelques avancées sur des options phares. Au tour des co-présidents de les capter dans leur nouveau texte, tout en donnant plus de hauteur au débat. Pertes et dommages, adaptation, financement, urgence climatique : comment mettre en relation ces sujets dans le futur texte autour de la science et de l’équité ? Le texte doit aussi intégrer un mécanisme régulier et équitable pour relever l’ambition de réduction des émissions. D’autant plus que les intentions de contributions (iNDCs) sont loin d’être au niveau. Le futur texte réussira-t-il à relever ces défis ? »

 

Avant-dernier round de négociations avant la conférence Paris Climat 2015

UN Climate Change Conference<br />© Paris Climat 2015Alors que l’avant-dernière session de négociations avant la Conférence Paris Climat 2015 s’ouvre aujourd’hui à Bonn, le WWF appelle les négociateurs à poser les jalons vers l’accord qui permettra de maintenir le thermomètre mondial bien en-dessous de la barre de 2°C.

Pendant les cinq prochains jours, la proposition remise par les co-présidents cet été, du texte bien structuré et clarifié de l’accord de Paris, devrait être au cœur des discussions et pouvoir enfin guider les négociateurs vers des sujets de fond et non plus seulement de forme.

« La table est dressée : il faut maintenant que les pays se mettent rapidement d’accord sur le menu, c’est-à-dire sur les options à retenir vers l’accord de Paris, et avec comme plat d’entrée des décisions sur l’action immédiate et la période intermédiaire. » souligne Pierre Cannet, responsable du programme Climat, Energie et Infrastructures durables au WWF France.

Il est indispensable que ce travail sur le texte de l’accord consolide d’ores-et-déjà les engagements qui devront être pris à la conférence Paris Climat 2015 pour construire un cadre mondial capable de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C, vers 1,5°C, tout en protégeant les plus vulnérables.

« Maintenant que plus de 50 pays ont remis leurs copies sur l’action climatique envisagée (« iNDC »), couvrant 60% des émissions mondiales, nous voyons bien que l’ambition n’est pas au niveau de ce que la science préconise. Les discussions doivent ainsi se concentrer sur l’élaboration d’un mécanisme équitable et régulier permettant de suivre et de revoir à la hausse les contributions des pays pour rattraper le retard pris dans l’action climatique mondiale. Le texte des coprésidents et les informelles ministérielles de juillet à Paris laissent encore la porte ouverte à l’adoption d’un tel mécanisme de relèvement à la COP21. » indique Pierre Cannet.

Overshoot day 2015 : A partir d'aujourd'hui, nous vivons à crédit sur notre planète…

Earth Overshoot Day 2015<br />© Global Footprint Network

Aujourd’hui, jeudi 13 août, nous avons malheureusement atteint l’Overshoot Day ou « jour de dépassement ». Cela signifie qu’en moins de huit mois, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut produire en un an. 

 

Tous les ans, le Global Footprint Network évalue le jour à partir duquel l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la capacité écologique de notre planète. Chaque année, cette date butoir avance inexorablement. Il y a 15 ans, en 2000, ce jour à partir duquel les hommes vivaient à crédit était en octobre…

 

Le coût de cette surconsommation est chaque jour plus évidente : pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole, surexploitation halieutique, déforestation, disparition des espèces, et enfin augmentation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère. Or cette augmentation de la concentration en CO2 dans l’atmosphère amplifie chacun de ces autres constats. Nos sociétés doivent avancer vers de nouveaux modèles à plus faible empreinte, qui présentent d’ailleurs de nombreux co-bénéfices environnementaux, sociaux et économiques.

« A elle seule, l’empreinte carbone a plus que doublé de 1963 à 1970, période à laquelle nous sommes entrés dans une surexploitation des ressources de la planète. Elle demeure l’élément connaissant la plus grande progression dans le calcul de l’écart entre notre empreinte écologique et les capacités de notre planète », explique Mathis Wackernagel, président du Global Footprint Network et co-créateur de la méthode de calcul. « Un accord global vers la sortie des énergies fossiles qui doit être trouvé au cours de la prochaine conférence pour le climat se tenant à Paris pourrait significativement contribuer à infléchir la courbe de notre empreinte écologique, et la réduire à terme. » 

L’empreinte écologique prend en compte l’empreinte carbone, c’est-à-dire la surface de terres nécessaire pour capturer les émissions de CO2 issues des énergies fossiles. Le dépassement de la capacité de stockage des émissions de CO2 entraîne l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, principale cause du changement climatique.

Au rythme actuel, l’absorption de gaz à effet de serre nécessiterait à elle seule 85 % de la biocapacité de la planète. « Il nous faudrait deux fois la biocapacité globale des forêts pour absorber les émissions mondiales de carbone » ajoute Mathis Wackernagel. 

 

Une dernière chance

 « A quatre mois de la fin de la Conférence Paris Climat 2015, le WWF appelle les gouvernements à se mobiliser pour arrêter les modalités et les engagements d’un plan d’urgence pour la période 2015-2020. C’est la seule voie possible s’il on veut contenir le réchauffement en dessous de 2°C et ainsi limiter les impacts du changement climatique sur la planète et l’humanité. » explique Diane Simiu, Directrice des programmes du WWF France.

Pour cela, le pic des émissions de gaz à effet de serre doit être atteint avant 2020 grâce à quatre leviers :

  1. L’accélération du déploiement des énergies renouvelables avec un objectif de 25% de la consommation énergétique mondiale ;
  2. Le renforcement des mesures d’efficacité énergétique avec un doublement du taux d’efficacité énergétique pour atteindre 2,4% par an ;
  3. La protection des forêts et de l’usage des terres ;
  4. Le financement de la lutte contre le changement climatique : une feuille de route claire vers les 100 milliards de dollars et un retrait des soutiens à l’industrie du charbon estimés à 73 milliards de dollars.

 

Business As Usual 

Si nous ne changeons rien et continuons à puiser autant de ressources qu’à ce jour, nous aurons besoin de l’équivalent de 2 planètes en 2030 et notre jour de dépassement sera avancé à la fin du mois de juin… Cette projection suppose que la biocapacité, la croissance démographique et les tendances de consommation restent sur leurs trajectoires. Il n’est cependant pas certain que le maintien d’un tel niveau de consommation de ressources soit possible sans significativement endommager la biocapacité à long terme avec des impacts conséquents sur la consommation et la croissance démographique.

 

Pour en savoir plus :  

Le WWF France pleure Philippe Germa, son Directeur général, et confirme la disparition en mer d'un militant engagé pour l'écologie

Philippe Germa<br />© WWF France

Isabelle Autissier, Présidente du WWF France, les membres du Conseil d’administration, les équipes du WWF et les membres du Cercle des Amis du WWF expriment leur tristesse et leur profond désarroi à l’annonce de la disparition en mer de Philippe Germa, engagé depuis toujours dans la protection de la planète. 
 

En ce jour de deuil, chacun des membres de l’équipe tient à partager ses pensées et à apporter un grand soutien à sa famille, notamment à sa femme et à sa fille.

 

Passionné des océans, Philippe était bien plus qu’un militant de l’écologie. Il était un homme profondément humain, attaché à ses convictions et à sa volonté de léguer aux générations futures une planète vivante.

 

Directeur général du WWF France depuis février 2013, avec énergie et passion, Philippe Germa s’est attelé à donner au WWF France un nouvel élan positif. Il aimait profondément cette structure qu’il avait rejoint en 2008 en tant qu’administrateur, avant de devenir son trésorier en 2012 et de représenter la Fondation dans le cadre du débat sur la transition énergétique. 

 

Dès ses débuts, dans les années 70, il est convaincu que l’écologie sera au 21eme siècle ce que l’économie a été au siècle précédent. Il rejoint l’association « Les Amis de la Terre ». En 1981, il prend activement part à la campagne présidentielle des écologistes. Il est à l’origine du slogan « En vert et contre tous » et participe aux campagnes contre l’implantation des centrales nucléaires en France.

 

En mai 1988, sous le gouvernement Rocard, Philippe Germa est appelé  auprès du Ministre de l’environnement en tant que conseiller technique. Il restera 5 ans à ce poste où il sera en charge de la communication mais aussi de la conduite de dossiers aussi importants que la législation sur l’élimination des CFC, la suppression des phosphates dans les lessives, le décret sur la création des éco-organismes dont Eco-emballages, la mise en place des législations relatives à la qualité de l’eau, des déchets…
 

Trois ans plus tard, Philippe Germa devient l’un des pionniers de l’économie verte en tant que directeur général de Natixis Environnement & Infrastructures, société qu’il a fondée et développée dans le domaine des fonds d’investissement dédiés aux projets d’énergies renouvelables, à la lutte contre l’effet de serre et au développement d’infrastructures orientées vers le développement durable.
 

En 1990, il participe à la création du mouvement Génération Ecologie. Il est ensuite promu Chevalier de la Légion d’Honneur en 2004.

 

Ami de la planète, Philippe nous manque déjà cruellement.

Publication du premier rapport de suivi des tortues marines de la Roche Percée

Tortue Grosse Tête<br />© Isaac VEGA / WWF

La Nouvelle-Calédonie abrite deux sites de ponte majeurs du pacifique Sud pour les tortues marines: les îles éloignées (atolls d’Entrecasteaux et Chesterfield, sous juridiction gouvernementale) pour les tortues vertes, et le site de la Roche Percée pour les tortues grosses têtes, le plus important site de ponte du territoire connu ce jour pour cette espèce.

 

La nature ne sélectionnera qu’un bébé sur 1000 qui atteindra l’âge adulte, d’où l’importance de protéger les tortues qui viennent pondre !

Aujourd’hui, les 7 espèces de tortues marines existantes dans le monde sont considérées comme menacées d’extinction.

 

L’association locale Bwärä Tortues Marines, avec notamment le soutien de la province Sud, assure depuis 2006 le suivi exhaustif de la zone de la Roche Percée durant la saison de ponte, participe activement à la protection de ce site et à la sensibilisation du public lors de la saison de ponte (octobre – avril). Ce suivi est d’autant plus important que contrairement aux îles éloignés, le site de la Roche Percée est soumis à différentes pressions pouvant impacter à court ou moyen terme les tortues grosse têtes (fréquentation, aménagement du littoral, chiens errants, braconnage…).

 

C’est pourquoi depuis 2012, le WWF apporte son soutien financier et technique à cette association. Afin de valoriser les données récoltées durant les 8 années de suivi, Bwärä Tortues Marines (Kevin Fournière / Dominique Lafage) et le WWF (Théa Jacob) ont publié en juillet 2015 le 1er rapport d’analyse du site de la Roche Percée. Ce document apporte notamment des éclairages sur l’évolution de la population nidifiant, propose des recommandations protocolaires et souligne des points de vigilance quant à la conservation de ce site d’importance. A ce jour, ce type d’analyse n’a été réalisé pour aucun autre site de ponte (suivi de façon exhaustif) en Nouvelle-Calédonie.

 

Quelques chiffres clés du rapport sur les tortues grosses têtes de la Roche Percée :

  • une tortue pond environ 112 œufs par nid,
  • en moyenne elle reviendra pondre 4 fois au cours d’une même saison.
  • la tortue grosse tête migre ensuite vers son aire d’alimentation, en Australie notamment, puis elle ne reviendra pondre que tous les 3 ans en moyenne.
  • 182 pontes en moyenne sont comptabilisées à la Roche Percée par saison de ponte (de novembre à mars).
  • 280 tortues ont été baguées par l’association depuis 2006.

 

La maturité sexuelle (l’âge pour se reproduire) de la tortue grosse tête étant tardive (entre 15 et 20 ans), 8 ans de suivi ne sont pas suffisants pour dresser un bilan de santé de la population. Les analyses présentées dans ce rapport offrent cependant un état des lieux des données récoltées depuis 2006, et présentent les premières caractéristiques de la population étudiée. Un suivi sur vingt ans minimum est recommandé afin de pouvoir tirer des conclusions. Il est donc indispensable de continuer la collecte des données effectuée tous les ans par les bénévoles et éco-gardes de l’association.

 

Pour l’anecdote, une lettre d’un soldat néo-zélandais adressée à son épouse a été retrouvée dans les archives de la seconde guerre mondiale. Celle-ci témoigne de la venue d’une importante population de tortues marines sur la plage de la Roche Percée. A cette époque, il semble que l’on pouvait observer près d’une cinquantaine de tortues grosses têtes et vertes chaque nuit pendant la saison de ponte. A l’heure actuelle, ce ne sont plus qu’une cinquantaine de tortues grosses têtes qui sont comptabilisées lors d’une saison entière. Depuis 2006, aucune tortue verte n’a été observée sur ce site.

Réaction du WWF suite à la présentation par Barack Obama et l'Agence de Protection de l'Environnement du Plan américain pour une énergie propre

Logo WWF<br />© WWFA quatre mois de la Conférence Paris Climat 2015 (COP21), le Président américain Barack Obama présente aujourd’hui, avec l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), la version finale du Plan américain pour une énergie propre – America’s Clean Power Plan – visant à lutter contre le dérèglement climatique par la réduction du charbon et le déploiement des renouvelables.

Ce plan comprend une série de mesures ayant pour objectifs de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique, de 32% en 2030 par rapport à 2005 – notamment par la mise en place de normes plus strictes sur les centrales à charbon – et d’augmenter de 30% la production d’électricité issue des renouvelables.

Selon Lou Leonard, vice-président en charge du Changement climatique au WWF US, « Le Clean Power Plan peut potentiellement changer la donne en s’attaquant au secteur de l’électricité, premier émetteur de gaz à effet de serre aux Etats-Unis. Les mesures présentées aujourd’hui aideront à l’accélération de la transition énergétique déjà en marche à travers le pays grâce aux énergies renouvelables. Il permet également d’assoir l’influence des Etats-Unis sur la scène des négociations climatiques vers la Conférence Paris Climat 2015, où les pays auront l’opportunité de fournir un véritable effort collectif nécessaire à la lutte contre le changement climatique. »

Selon Pierre Cannet, responsable du Programme Climat, Energie et Infrastructures durables au WWF France, « Aujourd’hui, les États-Unis démontrent qu’ils peuvent passer à l’action chez eux, avec un plan clair et crédible. Ils donnent ainsi des gages à la communauté internationale sur la poursuite de leur transition énergétique à moyen-terme. Création d’emplois, lutte contre les pollutions locales, amélioration de la santé publique : cet engagement marque aussi les bénéfices potentiels à tirer d’un avenir vers plus d’énergies renouvelables. C’est politiquement et techniquement fort. Mais il reste encore bien du chemin avant de contenir le dérèglement climatique et d’aller vers plus d’équité, notamment sur la base des préconisations de la science et du retard pris dans l’action climatique mondiale. La conférence de Paris devra répondre à ce défi. »

« Notre ambition ne peut s’arrêter là. Les pays doivent encore rattraper le retard entre le niveau d’ambition de leurs contributions en vue de la COP21 et celui que les scientifiques préconisent pour éviter un dérèglement climatique hors de contrôle », selon Lou Leonard, vice-président en charge du Changement climatique au WWF US.